Le secrétaire général-adjoint du Front populaire ivoirien (FPI), Daniel Billaud, a été placé en détention ainsi que cinq autres partisans de l’ex président Laurent Gbagbo. Ce qui augure mal d’un possible compromis historique entre Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo de retour en Côte d’Ivoire
Le pouvoir ivoirien est anormalement fébrile depuis le retour de l’ex président Laurent Gbagbo. La publication par Mondafrique d’un sondage réalisé voici deux ans par une filiale de Mediamétrie sur la popularité respective d’Alassanne Ouattara et de Laurent Gbagbo avait déja suscité une flambée de commentaires indignés de la part des médias favorables au pouvoir qui mettaient en cause RFI pour avoir repris ces informations. Plus grave, six militants du FPI, le mouvement de l’ex Président, ont été interpellés ces derniers jours, puis placés en détention pour « trouble à l’ordre public ».
Nous voici à mille lieux des éléments de langage distillés ces dernières semaines par la Présidence ivoirienne qui affirmait militer pour une réconciliation nationale dont le président Ouattara serait l’artisan. Ce qui donnerait à son troisième mandat, remporté à l’arrachée après un scrutin contesté et contre la règle constitutionnelle, une dimension historique.
Le pavillon d’honneur, sujet de discorde
À peine Laurent Gbagbo a-t-il mil le pied sur le sol ivoirien que les hostilités ont démarré. Tout a débuté avec la mise à disposition par le pouvoir ivoirien du salon d’honneur de l’aéroport d’Abidjan pour accueillir Laurent Gbagbo et ses partisans. Le calcul était simple. Les photographes officiels auraient immortalisé le retour de Laurent Gbagbo en prenant des clichés de l’ex Président avec son épouse présente sur place , Simone Gbagbo, dont il a pourtant divorcé dès le lendemain de son arr!vée à Abidjan. La photo aurait fait le tour des réseaux sociaux, l’actuelle compagne de Laurent Gabagbo aurait fatalement réagi et le retour triomphal de Gbagbo aurait été entaché par ces querelles familiales. Seulement l’entourage de l’ex Président, qui sentait la manipulation, a décliné l’offre d’utiliser le salon d’Honneur.
Deuxième affront, l’entourage de l’ex président refusa d’emprunter sur le chemin du retour de l’aéroport le superbe pont qu’Alassane Ouattara a fait construire de depuis son arrivée au pouvoir, véritable emblème des performances du régime. Laurent Gbagbo emprunta un des deux ponts qui existaient sous son règne. Le message était clair. La hache de guerre n’est pas tout à fait enterrée. « Je suis votre soldat », déclarait-il à ses troupes.
La riposte n’a pas été longue à venir. C’est Daniel Billaud, un des secrétaires nationaux du FPI et très proche collaborateur de Laurent Gbagbo, qui négocia le chemin du retour avec les autorités ivoiriennes. Mal lui en a pris. Le bras droit de Laurent Gbagbo est détenu depuis deux jours à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA), inculpé de « trouble à l’ordre public ».
Depuis son arrestation, cinq autres cadres du FPI ont été arrêtés par les forces de sécurité du régime ivoirien. Rien qui présage d’un compromis historique entre les ennemis d’hier.
La réconciliation est mal partie