Après la journée de grève lancée le 29 mars par l’opposition pour contester la réélection du président Sassou, ce dernier lance les représailles contre les fonctionnaires.
Contestant la victoire très controversée de Denis Sassou NGuesso avec 60% des voix dès le premier tour de la présidentielle congolaise, l’opposition a appelé à une journée « ville morte » le 29 mars dernier. Cinq candidats malheureux au scrutin ont appuyé ce mouvement de grève générale lancé dans les principales villes du pays.
Malgré une participation inégale selon les zones, cette initiative a provoqué la colère du président reconduit, Denis Sassou Nguesso, qui s’est empressé de lancer des représailles contre les fonctionnaires ayant pris part aux protestations.
L’administration dans le viseur
Dans la matinée, le président a sillonné les administrations publiques afin d’identifier les personnes absentes de leur poste. Après la présidence de la République, le ministère de la justice et des droits humains et le ministère de la santé, il s’est rendu au ministère de la Fonction publique et de la réforme de l’Etat où il a menacé de retirer leur statut de fonctionnaire aux grévistes. « Je voudrais rayer ceux qui ne sont pas là parce qu’ils ne méritent pas d’être là. Il me faut cette liste au plus vite, je les raye… », a t-il déclaré dans les locaux du ministère. Petit détail, ce dernier a été occupé de 2007 à 2015 par une grande figure de l’opposition congolaise, Guy Brice Parfait Kolélas qui a obtenu 15,05% des voix à la présidentielle. Sassou prend sa revanche…
Brutal, le traitement infligé par Sassou aux fonctionnaires frondeurs suscite de virulents commentaires. « Mon pays est tombé trop bas et on frôle la catastrophe. De grâce arrêtez- la le ridicule. », s’emporte Suturnin Okabé, ancien ministre congolais des finances en exil en France.
La méthode n’est pourtant pas nouvelle. Au Congo-Brazzaville, les manifestations y compris pacifiques sont réprimées brutalement dans le sang par le régime en place depuis plus de trente ans. Outre l’utilisation souvent abusive des gaz lacrymogènes, les forces de sécurité n’hésitent pas à tirer à balle réelle sur des manifestants. Aux lendemains de la présidentielle anticipée du 20 mars, des rafles policières ont été menées contre des membres de l’opposition, pour « atteinte à la sûreté de l’Etat ». Ces arrestations interviennent après celles d’Anatole Libongo-Ngoka et de Jean Ngouabi, respectivement coordinateur et directeur de campagne pour le général Jean Marie Michel Mokoko, principal rival de Sassou lors de la présidentielle.
Russel Morley Moussala