Mohamed M’Kheitir a été condamné à la peine de mort par un tribunal mauritanien pour apostasie. Une première! Le mouvement contre l’esclavage est le seul à s’insurger contre cette sentence.
Nous avons appris avec stupeur et grande tristesse la condamnation à mort de Monsieur Mohamed Cheikh Ould M’Kheitir par le tribunal de Nouadhibou ce mercredi 24 décembre 2014 pour apostasie. Cette condamnation à la peine capitale intervient après plus d’un an de détention provisoire et au bout d’un procès expéditif mené sous la pression d’une opinion publique chauffée à blanc par des groupuscules d’obscurantistes (les « amis du prophète ») alliés à des réseaux de féodalités religieuses qui ont juré de faire de ce « forgerons » un exemple à méditer par tous les « castés » et autres esclaves de la Mauritanie avant d’essayer de s’attaquer, d’une façon ou d’une autre, aux fondements prétendument religieux de l’oppression dont ils sont victimes depuis des millénaires.
Pourtant, l’une des plus grandes sommités de l’Umma, dépositaire incontestables des savoirs les plus étendus en matière de la Charia et de l’exégèse du Saint Coran et de la Sunna, le penseur musulman Mohamed El Moktar Echeinguity, s’était clairement prononcée sur le cas de Ould M’Kheitir en affirmant la nullité de tous les arguments à la base de son arrestation et donc, à plus forte raison, ceux justifiant sa condamnation à la peine capitale.
Hystérie collective
Monsieur Ould M’Kheitir s’était repenti de toute offense au Prophète (« Paix soit sur lui ») que pourrait représenter l’article qu’il avait publié sur les réseaux sociaux et qui lui valut d’être arrêté. Ce repentir aurait dû faire tomber toute condamnation pour apostasie ou blasphème selon la loi mauritanienne. Mais le Tribunal de Nouadhibou ne semble pas avoir tenu compte de cette disposition pas plus que des regrets exprimés en pleine séance par le condamné, préférant suivre les pulsions d’une foule d’illuminés qui accueillit avec des youyous et des explosions de joies la décision de couper la tête à un malheureux « forgeron ».
Devant cette hystérie collective qui démontre la « daichisation » progressive des esprits en Mauritanie, le mouvement anti-esclavagiste IRA condamne avec vigueur, et ce quels qu’en soient les motifs, le recours à la peine de mort et exhorte ceux qui pourraient avoir de l’influence sur le Président de la République à lui demander d’user de son pouvoir pour gracier Ould M’Kheitir.
Se lève contre l’instrumentalisation de la religion pour asseoir et consolider l’hégémonie de groupes autoproclamés supérieurs au détriment de groupes d’origines serviles ou « castés » comme les Hratine, forgerons, grillots, Aznaga…
Rappelle que ce sont les mêmes groupes d’obscurantistes fanatisés qui se sont attaqués aux défenseurs des droits de l’homme en Mauritanie proférant des fatwa contre telle militante, s’en prenant physiquement à tels autres et obtenant du Président de la République l’engagement solennel, réitéré en Conseil des Ministres, d’obtenir la tête du Président d’IRA après l’incinération symbolique des manuels de jurisprudences esclavagistes.
Met en garde les autorités judiciaires contre toutes tentatives de s’appuyer sur l’hystérie collective attisée par la sentence du Tribunal de Nouadhibou pour orienter ou influencer les débats lors du procès de ses dirigeants en cours à Rosso ;
Rappelle que le procès de Rosso, qui a débuté hier, est celui de l’esclavage foncier subi par les paysans de la vallée mais aussi ceux qui peuplent les oueds et oasis en prise avec des féodalités séculaires et des lobbies d’hommes d’affaires qui les font trimer sans contre partie à cultiver une terre dont la propriété aurait dû leur revenir de droit.