L’ancien ministre de la défense congolais Charles Zacharie Bowao a été interpelé le 8 avril après avoir accusé le président Sassou Nguesso sur RFI d’avoir organisé des attaques dans le sud de la capitale Brazzaville.
Ancien ministre de la défense désormais opposé au président Sassou, Charles Bowao a été interpelé à la suite d’une intervention remarquée sur Rfi, le 6 avril dernier. Au cours de l’interview, il a accusé le pouvoir en place d’avoir planifié l’attaque armée du lundi 4 avril dans les quartiers sud de Brazzaville.
Pour rappel, 17 personnes avaient trouvé la mort au cours de violents échanges de tirs qui ont forcé plusieurs centaines d’habitants a quitter la zone sud de la capitale. Les autorités ont rapidement attribué ces troubles aux miliciens « Ninjas ». Opposés à Sassou, ces derniers ont longtemps été contrôlés par l’ex-chef rebelle Frédéric Bintsamou, connu sous le nom de « pasteur Ntumi » dont le fief Mayama et d’autres localités du Pool, sont actuellement la cible de bombardements.
Charles Bowao a démenti les accusations portées par la pouvoir, qualifiant de « diversion » les attaques perpétrées dans le sud de la capitale. Il a enfin affirmé que le pouvoir avait organisé « cet état de trouble pour permettre à la Cour constitutionnelle de valider les résultats du scrutin du 20 mars en faveur de Denis Sassou Nguesso, dans une atmosphère d’état de siège. »
Entretien
Mondafrique. Le procureur de la République a lancé une interpellation à votre encontre.
Charles Zacharie Bowao. J’attends d’être effectivement interpellé et si c’est fait selon les règles, je ne changerai rien de ce que j’ai dit. Pour l’heure, je reste confiant.
Mondafrique. Regrettez-vous les propos que vous avez tenus sur Rfi ?
Charles Zacharie Bowao. Absolument pas. Je ne regrette rien parce que je suis dans le vrai.
Mondafrique. Jusqu’où ira l’opposition dans la contestation des résultats du scrutin du 20 mars qui ont mené à la victoire de Sassou Nguesso ?
Charles Zacharie Bowao. L’opposition doit se réunir en début de semaine prochaine pour définir des actions à mener dans le cadre de la désobéissance civile et citoyenne.
Mondafrique. Pourtant l’opposition semble affaiblie et dispersée. Le 29 mars dernier, vous aviez appelé à la grève, malheureusement elle n’avait pas connu l’audience escomptée…
Charles Zacharie Bowao. C’est faux. A Pointe-Noire comme à Brazzaville jusque dans le nord, notre appel à la grève a été un grand succès. La preuve, Denis Sassou Nguesso a organisé une descente dans les administrations publiques et réprimés des agents de l’état qui ont participé à la grève. Par ailleurs, dans le département de la Likouala, le préfet a procédé au renvoi de près de soixante fonctionnaires qui avaient suivi le mot d’ordre de l’opposition. Maintenant nous allons évaluer la situation avec les bombardements dans le Pool. Encore ce matin, j’ai appris que de nouveaux bombardements avaient eu lieu. La logique du recours aux armes déshonore notre pays.
Revoir notre interview avec Charles Bowao fin octobre 2015, quelques jours avant ll référendum constitutionnel controversé qui a permis à Sassou Nguesso de briguer un nouveau mandat