En visite à l’Elysée cet après midi, le nouveau président centrafricain Faustin-Archange Touadéra, qui n’était pas le candidat favori de Paris, fait le ménage dans les structures mises en place par sa prédécesseure, Catherine Samba-Panza.
Elu à la tête de la Centrafrique le 20 février 2016, le nouveau président Faustin-Archange Touadéra tente d’imposer la transparence et la lutte contre la corruption comme la marque de fabrique de son début de mandat.
Devenues régulières, les visites surprises d’émissaires de la présidence dans les bureaux des ministères et de l’administration à Bangui sonnent comme un avertissement adressé aux fonctionnaires tentés par des pratiques frauduleuses.
Par ailleurs, la nomination début avril, de Simplice Sarandji, un ami de longue date du chef de l’Etat, au poste de premier ministre, a donné le coup d’envoi d’une série de remplacements aux postes stratégiques attribués par l’ex présidente de la transition Catherine Samba-Panza (CSP).
Grand ménage
Plusieurs personnalités de la transition sont désormais sur la sellette. C’est le cas notamment de Hyacinthe Wodobode, actuelle maire de Bangui portée à cette fonction grâce au soutien de l’ex présidente et aujourd’hui accusée de mauvaise gestion des recettes financières de la mairie. Même chose pour le procureur général de la République Ghislain Gresenguet dont de nombreux représentants politiques et de la société civile critiquent aujourd’hui le bilan. Gresenguet est notamment accusé d’avoir fait preuve de laxisme face à la fuite de certains criminels dont le dossier aurait du être soumis à la justice.
Rachel Ngakola, la puissante directrice générale des douanes risque également de se voir remplacée à la tête de cette administration dont la gestion demeure extrêmement opaque. L’opposition et plusieurs ONG ont pointé à plusieurs reprises des contrôles défaillants de marchandises et les risques de détournements qu’entraine la non traçabilité des recettes douanières à laquelle le gouvernement de Transition n’a pas apporté de solution efficace.
Enfin, Touadera entend revenir sur les récentes nominations de Catherine Samba Panza dont il fut pourtant le candidat désigné lors des dernières présidentielles.
Avant de quitter ses fonctions, l’ex présidente de la transition a en effet pris soin de recaser ses proches, nommant sa fille Christelle Sappot ambassadrice à Malabo, l’ancien ministre Eloi Anguimate, ambassadeur au Gabon, sa conseillère diplomatique Leoni Bangha-Bothy ambassadeur à Washington. Son conseiller spécial Jean-Jacques Demafouh a, pour sa part, été proposé comme ambassadeur à Paris, poste qu’il n’occupera finalement pas après le refus de Paris de lui accorder son agrément. Autant de nominations que le nouveau président a décidé d’annuler confie une source proche du pouvoir.
Vitrine du nouveau pouvoir centrafricain, l’image d’homme intègre cultivée par Touadéra lui permet de donner des gages de bonne volonté à son homologue français. Paris n’avait pourtant pas misé sur sa candidature lors des présidentielles, lui préférant celles de Martin Ziguélé, membre de l’Internationale socialiste, ou celle de Karim Meckassoua, proche du président congolais Denis Sassou Nguesso.