La mise en détention de Jean-Francis Bozizé, le fils de l’ex président centrafricain, à son retour à Bangui jette une ombre sur la réconciliation nationale
Ancien ministre délégué chargé de la défense sous le gouvernement Touadéra (2008-2013), le fils de l’ex chef de l’Etat centrafricain Bozizé, Jean-Francis Bozizé, a été interpelé au siège de la force onusienne MINUSCA, le 5 août, après être rentré à Bangui deux jours auparavant.
Ex adjudant français du 21ème RIMA, Jean-Francis Bozizé avait été limogé de l’ancien gouvernement par son père, le 3 janvier 2013, devant l’avancée irrésistible de l’ex Seleka. La déroute des (Forces Armées centrafricaines) FACA, le surarmement au profit des proches du président Bozizé, les scandales de détournements de fonds et le tragique soulèvement du 5 décembre 2013 dans la capitale centrafricaine lui sont généralement imputés.
Rompre avec le passé
Dès sa prise de fonction le 21 janvier 2014, l’ex présidente de la Transition Catherine Samba-Panza avait ordonné au procureur de la République, Ghislain Gresenguet, de lancer des mandats d’arrêts, repris ensuite par les Nations Unies, contre François et Jean-Francis Bozizé. Le retour de plusieurs parents et amis de l’ex famille présidentielle, revenus au pouvoir depuis mars 2016 ont cependant incité l’aîné des Bozizé à tenter un retour au pays. Il n’a toutefois pas échappé à l’arrestation mise à exécution par la MINUSCA.
Cette mise en détention confirme que le gouvernement de Simplice Sarandji, sous l’influence de l’homme fort du régime, Firmin Ngrebada, le directeur de cabinet du président Faustin-Archange Touadéra, souhaite à tout prix se démarquer de la période Bozizé et donner des gages de bonne volonté à la communauté internationale. Rien ne dit toutefois que le chef de l’État Touadéra ait donné son aval à une opération qui touche au coeur son parti, le KNK, et son ancien mentor. Déjà, en mai dernier, le gouvernement centrafricain, par une note diplomatique, avait dit vouloir stopper les voyages de Jean-Francis Bozize en annulant son passeport diplomatique, le privant ainsi de toute immunité. Il n’échappa à une arrestation, à l’aéroport de Dakar, qu’en présentant son passeport français.
Reste que les commanditaires de l’arrestation du fils Bozizé compliquent, par cette action, le processus de réconciliation nationale. Si le prévenu est finalement relâché, la MINUSCA et le procédé des mandats d’arrêt risquent d’être sérieusement discrédités. S’il est mis en détention provisoire, avec une assistance consulaire française des troubles à l’ordre public sont à prévoir et les ressentiments entre milices anti balaka et seleka risquent d’être ravivés. Pour rappel, Jean-Francis Bozizé a conservé de nombreux soutiens dans ce qui reste des Forces Armées centrafricaines (FACA), chez les principaux responsables des anti balaka, dans l’administration et évidemment au sein de son ethnie Gbaya. De quoi mettre du monde dans les rues.