Depuis des années, le régime de Faustin-Archange Touadéra vend à la population et à la communauté internationale le mirage d’une « révolution numérique » censée sortir la République centrafricaine du sous-développement. En fait, le régime, une fois de plus, s’est lancé dans une vaste entreprise de dissimulaiton des ressources du pays.
La rédaction de Mondafrique
Le récent rapport Behind the Blockchain de la Global Initiative Against Transnational Organized Crime démasque cette opération de communication : loin d’incarner la modernité, les projets de cryptomonnaie du pouvoir ne sont que des instruments de corruption et de spoliation orchestrés par un régime aux abois.
Plongé dans la guerre, miné par la pauvreté et l’effondrement de l’État, le pays s’est vu embarqué, depuis 2022, dans une aventure numérique sans fondement ni transparence. Légalisation du bitcoin, Sango Coin, puis $CAR en 2025 : derrière les grands mots de « souveraineté » et d’« innovation », Touadéra et son cercle rapproché ont en réalité ouvert la porte à une capture mafieuse de l’économie nationale. Le rapport est sans ambiguïté : ces cryptomonnaies « favorisent les élites et exposent le pays aux réseaux criminels transnationaux ».
Le Sango Coin, vitrine clinquante lancée en 2022, promettait une ère nouvelle : passeports vendus en ligne, terres offertes contre jetons, résidences virtuelles pour investisseurs étrangers. Un bric-à-brac numérique que la Cour constitutionnelle a déclaré illégal — sans effet, puisque le pouvoir a persisté avec arrogance, jusqu’à tokeniser les ressources du pays. Résultat : fiasco complet. À peine 10% des jetons vendus, site fantôme pendant des mois, puis réapparition suspecte en 2025 annonçant une obscure « transformation complète ».
Mais Touadéra ne recule devant rien. En février 2025, il relance le cirque avec le $CAR, une nouvelle cryptomonnaie inspirée de la culture des meme coins, symbole du populisme numérique mondial. Le rapport décrit un lancement truffé de manipulations : une bulle spéculative de 900 millions de dollars explosant en quelques jours, puis un effondrement de 75%. Les ventes de terres tokenisées dans la Lobaye, offertes à des acheteurs anonymes payant en crypto depuis n’importe quel coin du monde, représentent selon les auteurs une véritable invitation au blanchiment d’argent et à la prédation des ressources nationales.
Comment un pays où 85% de la population vit sans électricité, où le PIB par habitant plafonne à 467 dollars, pourrait-il bénéficier de la cryptomonnaie ? Le rapport le souligne avec force : cette technologie, dans le contexte centrafricain, n’est pas un levier d’inclusion, mais un outil de pillage. Le peuple, privé d’accès à l’internet et à la sécurité, ne participe pas à cette économie virtuelle — il la subit.
Derrière le vernis de modernité, Touadéra orchestre une véritable capture numérique de l’État. Sango Coin et $CAR n’ont rien apporté aux déplacés, aux affamés, ni aux victimes des violences. Ils ont simplement offert aux élites complices et à leurs partenaires occultes un nouveau moyen d’enrichissement rapide, en bradant les ressources du pays au plus offrant.
Le rapport conclut sèchement : en Centrafrique, les cryptomonnaies ne sont pas un symbole de progrès — mais un outil au service de la corruption et de l’enracinement du pouvoir autoritaire.

























