Mali : les violences contre les Peuls se poursuivent

June 2009, Mopti, Mali. Peuls crossing their cattle. The Peuls are a nomad ethnic group, mainly zebus stockbreeders. The Niger river is the third river by its length after the Nile and Congo (in Africa).
Créé le 18 juin 2016, soit un an après la signature des accords de paix signés par le autorités de Bamako et les rebelles armés du nord Mali, le mouvement armé de l’Alliance Nationale pour la Sauvegarde de l’Identité Peule et la Restauration de la Justice (ANSIPRJ), entend défendre la cause des populations peules victimes d’exactions dans le pays. Depuis le lancement de l’opération Serval en janvier 2013 jusqu’à aujourd’hui, de nombreux villages peuls de la boucle du Niger au centre du pays ont subi les attaques de l’armée malienne, provoquant la mort de plusieurs centaines de personnes et forçant des familles à fuir vers la Mauritanie. L’ANSIPRJ qui attire l’attention de la communauté internationale sur les abus commis par les forces maliennes souhaite jouer le rôle d’alternative au Front de libération du Macina (FLM), un mouvement terroriste composé majoritairement de peuls qui a récemment fait son apparition dans la même région. Son jeune leader, Bakaye Cissé, 30 ans, expert en finance et natif de Niafunké près de Tombouctou, un territoire peuplé majoritairement de peuls, répond aux questions de Mondafrique.
Mondafrique. Pourquoi créer ce mouvement maintenant alors que les autorités maliennes ont signé un accord de paix avec les différents groupes armés il y a un an ? 
Bakaye Cissé. Il n’y a qu’à regarder ce qui s’est passé depuis 4 ans entre nos populations et l’armée malienne pour comprendre. La gestion de la crise sécuritaire est catastrophique, et les exactions contre les peuls sont incessantes. L’Etat nous a toujours négligé et notre existence est menacée. D’où la décision de créer ce mouvement qui est actif militairement sur le terrain depuis début janvier 2016.
 
M. Certains analystes et militaires reprochent aux peuls d’être des jouets entre les mains des groupes extrémistes ? Qu’en pensez-vous ?
B. C. Nous sommes loin d’être des extrémistes, encore moins des marionnettes des mouvements armés. La marginalisation systématique et les  immenses pertes humaines que nos communautés ont subit face à l’armée malienne et ses milices de 2012 à nos jours est à l’origine de notre rassemblement. Nous réclamons seulement nos droits.
M. Comment est structuré votre mouvement ?
B. C. : Nous avons une aile politique et une aile militaire. Notre aile politique est composée de plusieurs association peules au Mali, en Afrique de l’ouest, en Europe et aux Etat Unis. C’est donc une alliance des peuls du Mali et de la diaspora. Nos activistes militent en Mauritanie, au Burkina Faso, en Guinée Equatoriale, en Angola, au Gabon, en Centre Afrique, Germany, en Espagne, en Belgique, en Italie, e, Norvège, au Canada et aux Etats-Unis. Notre aile militaire s’étend quant à elle sur tout le delta central du Mali de la frontière mauritanienne jusqu’aux frontières avec le Burkina et le Niger. Elle est composée de 2 500 hommes bien armés et équipés.
M. Quelles sont vos sources de financements ? Avez-vous des soutiens extérieurs ?
B.C. Non, nous n’avons d’autres soutiens que nos propres ressources qui viennent d’hommes d’affaires peuls du Mali et de l’extérieur.
M. Qu’elles sont vos revendications ?
B. C. Nous revendiquons la paix sur notre territoire c’est-à-dire sur tout l’espace des peuls du centre du Mali et sur toute l’étendue de la boucle du Niger, de la frontière avec la Mauritanie jusqu’au Burkina et au Niger.
M. Quel message souhaitez vous transmettre aux autorités maliennes et à la communauté internationale ?
B.C. Nous voulons que justice soit faite. Que les coupables d’exactions génocidaires et de tortures perpétrées entre avril 2012 et mai 2016 sur les populations peules du centre du Mali soient jugés. Nous souhaitons attirer l’attention de la communauté internationale sur les emprisonnements arbitraires, les disparitions et les assassinats dont sont victimes les peuls au Mali. Des sanctions doivent êtres prises contre la milice bambara qui, pendant cette même période s’en est prise aux populations des villages peuls de Careiri, Tougou, Milimana dans le cercle de Teninkou où nous déplorons la mort de 105 citoyens. Selon nos estimations, 388 personnes ont péri lors d’attaques de l’armée malienne et des milliers familles qui ont été contraintes de fuir vers la Mauritanie voisine.