Au Gabon, la banalisation de la torture

Vantant urbi et orbi sa volonté de défendre les droits de l’homme, le président Ali Bongo utilise la torture comme moyen de gouvernement. En toute impunité.

La torture est largement pratiquée au Gabon. Elle est pratiquée aussi bien par les services conventionnels que par les services spéciaux. 

Il n’est pas rare qu’avant même d’être interrogé par un « enquêteur », le « prévenu » soit passé à tabac ou reçoive plusieurs gifles de divers agents alors qu’il est menotté, vêtu d’un sous-vêtement et assis à même le sol. Si le « prévenu » ne se montre pas assez coopératif, il est passé à tabac, il peut également être suspendu pied et poings menottés à une barre de fer elle-même suspendue. Cette pratique s’appelle « le Pont ».

 Plusieurs citoyens gabonais ont déclaré avoir été torturés de cette façon. C’est le cas de Sylvana Oyeasseko, unique gabonaise à diriger un journal d’opposition dénommé « Echo du Nord » Arrêtée à son domicile, braquée avec un pistolet, Sylvana Oyeasseko a été torturée alors qu’elle était enceinte pendant de longues heures à la Direction Générale de la Documentation et de l’Emi-Immigration (DGDI-Police) afin qu’elle révèle la source d’un article qui avait « fortement déplu en haut lieu ».

Bertrand Zibi, ancien député qui avait démissionné de son poste devant Ali Bongo en personne et aujourd’hui incarcéré « pour atteinte à la Sureté de l’Etat » raconte que pendant qu’il se trouvait qu’il se trouvait à la Direction Générale des Contres Ingérences et de la Sécurité Militaire (DGCISM-B2), il a été jeté dans une fosse septique. « J’ai été frappé, battu, torturé, passé à tabac, mis sur pont par les éléments du B2 » a déclaré l’ancien député.

L’enregistrement des séances de tortures est habituel et le viol dans les locaux des Renseignements militaires une pratique courante…

Selon Boris Ebang, ces tortures sont filmées et enregistrées. Il a été lui-même torturé en 2018 au siège (Camp Roux) de la Direction Générale des Recherches (DGR-Gendarmerie) situé à quelques encablures du Palais Rénovation (la Présidence du Gabon). Boris Ebang a déclaré que les films et les audios des tortures se trouvent à la Direction du service de Renseignement et d’investigations de la Gendarmerie placée sous l’autorité directe d’Ali Bongo. Boris Ebang révèle également l’extrême cruauté des agents de la DGR (notamment de l’agent Hugues Lepebe) et affirme que les tortures qu’il a subies ont été filmées et que celles-ci lui ont laissé des séquelles physiques.


Le viol est également une des méthodes employées. Si de nombreuses victimes ont préféré garder l’anonymat par peur, mais aussi convaincus de l’impunité dont bénéficie les responsables, le cas de Lionel Ella Egonga mérite d’être évoqué. Syndicaliste étudiant, Lionel Ella Engonga est arrêté en 2013 pour avoir revendiqué un mieux-être éducatif par des agents de la Direction Générale des Contres Ingérences et de la Sécurité Militaire (DGCISM- Armée). Interrogé, battu, il finit par être violé sous la menace d’une arme par deux agents du B2 sous les ordres du Capitaine Omer Eligui

Morts sous la torture.

Des cas de personnes mortes sous la torture sont rapportés. Parmi les cas connus il y a été celui rapporté par un témoin auriculaire d’un sujet Nigérian mort sous la torture à la Direction Générale des Contres Ingérences et de la Sécurité Militaire. Deux autres cas connus ont tous deux eu lieu à Franceville capitale du Haut Ogooué. Le premier Bonssa Issufu accusé à tort de vol été torturé à mort par le Capitaine de Police Térence Afounouna en 2017 et le deuxième Jean Claude Mbayi a été torturé à mort dans l’antenne de la Direction Générale des Recherches en Juin 2019.

Toutes ces personnes – bien entendu – n’ont jamais obtenu Justice…