En annonçant sa candidature à l’élection présidentielle du 26 août, Ali Bongo le chef de l’exécutif du Gabon, a la volonté de rester au pouvoir … jusqu’à la fin de sa vie.
Jocksy Andrew Ondo-Louemba
C’était sans doute le secret le moins bien gardé du Gabon. Dimanche dernier, il a cessé d’en être un : Ali Bongo est candidat à sa propre succession à la tête du Gabon. L’annonce a été faite par le chef de l’exécutif gabonais dimanche 9 juillet 2023 au beau milieu de personnes travaillant à la Zone Economique Spéciale de Nkok dans la grande périphérie de Libreville la capitale du Gabon.
Dans ce qu’il a présenté comme son joyau et le symbole de sa « réussite économique », Ali Bongo a annoncé aux Gabonais sa volonté de briguer un troisième mandat à la tête du Gabon pour selon lui « poursuivre le travail. (…) amener le Gabon plus loin, beaucoup plus loin ». Un Gabon pour lequel il nourrit de grandes ambitions et qu’il veut faire devenir « Un grand pays ».
« Candidat naturel »
Le lendemain, le 10 juillet 2023, c’est au stade de Nzeng Ayong à Libreville qu’Ali Bongo a reçu le soutien de son parti le Parti Démocratique Gabonais (P.D.G.) l’ancien parti unique créé en 1968 mais toujours dans les faits parti Etat, véritable instrument de pouvoir dont Ali Bongo est le seul maître et bien entendu candidat de fait en tant que président de la République Gabonaise selon les statuts dudit parti. Au Parti Démocratique Gabonais Ali Bongo est comme son père Omar Bongo le « candidat naturel ».
A ses partisans et aux très nombreux figurants payés 5.000 francs CFA (un peu plus de 7 euros), Ali Bongo tout de blanc vêtu comme le veut le codes vestimentaire de son parti a lancé : « j’ai besoin de vous du P.D.G., (…) pour transformer le Gabon ».
Ali Bongo richissime dirige des gabonais pauvres
Si selon un récent rapport pour le moins aseptisé, Ali Bongo n’aurait réalisé qu’une infime partie de ses promesses de campagne, en réalité son règne a été marqué par une prédation sans limites doublée d’une gabegie financière vertigineuse (dont les nombreux scandales financiers ne sont que les parties immergées) et par un accroissement de la pauvreté. Sur le plan de la santé et de l’éducation, le bilan est médiocre lui aussi.
Seuls des happy fews, membres de la nomenklatura gabonaise ont vu leurs fortunes prospérer en même temps qu’un Ali Bongo lui-même qui était selon Forbes Afrique le deuxième chef d’Etat africain le plus riche en 2022 avec une fortune estimée à plus d’un milliard de dollars. Pas mal pour un homme dont le père et lui-même n’ont jamais occupé que des postes administratifs ou politiques au Gabon.
Président à vie
Arrivé au pouvoir après son père Omar Bongo qui avait régné pendant 42 ans sur le Gabon jusqu’à sa mort à la clinique Quiron à Barcelone en 2009, Ali Bongo totalise déjà 14 ans de pouvoir sans partage et entend bien continuer à régner.
Les deux élections présidentielles auxquelles il a pris part (2009 et 2016) n’ont été ni justes, ni transparentes et ont été marquées par une répression sanglante dans la ville de Port Gentil en 2009 et à Libreville principalement en 2016.
Pour cette élection à venir le 26 août prochain, Ali Bongo a souhaité « une élection aux lendemains apaisés » et promis une victoire « nette, franche, par KO ». Si on peut émettre des réserves sur la victoire nette et franche d’un Ali Bongo aux élections, une victoire par K.O lui est garantie par son armée – notamment les 2500 hommes de sa garde prétorienne, la G.R. – qui lui est totalement acquise et qui a déjà fait le coup de feu pour l’imposer et le maintenir au pouvoir.
Fort de tout ceci, Ali Bongo va – sauf événement très improbable – rester au pouvoir jusqu’à ce que mort s’ensuive.
Cela s’appelle un président à vie…
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