Les trois candidats de la Présidentielle algérienne, dont le Président Tebboune réélu avec 94,65% des suffrages samedi dernier, accusent l’autorité nationale indépendante des élections (ANIE) d’ « irrégularités » et « de contradictions ». Et ils le font dans un communiqué commun, ce qui est totalement inédit!
Le président de l’ANIE, Mohamed Charfi, a fait manifestement du zèle. Contre toute vraisemblance, ce garant de la régularité de la Présidentielle a annncé une participation de 48,03%des voix alors que la réalité est plus proche de 25%, un taux d’abstention record et très supérieur à celui de la Présidentielle de décembre 2019 qui s’élevait à 40%. Les calculs qu’il a avancés pour justifier ce résultat étaient manifestement grossiers au point que le Président Tebboune lui même, malgré sa réélection, a tenu à dénoncer « les irrégularités » de certains des résultats, tout comme l’ont fait les deux autres candidats venus de la mouvance islamiste et du camp kabyle.
Une certitude, les proches d’Abdelmadjid Tebboune ne s’attendaient pas à une telle ampleur de l’abstention qui fragilise le Président algérien pour un deuxième mandat qui s’annonce difficile. Sa marge de manoeuvre face à une institution militaire omniprésente est menacée.
Il reste que le mérite de la Présidence aura été malgré tout de ne pas cautionner les manipulations grossières de l’ANIE. Le seul effet de ces dernières n’a pu en effet que discréditer le pouvoir aux yeux de la jeunesse algérienne, mobilisée hier par les mobilisations populaires du Hirak et privée désormais de toute capacité d’expression.
Une plainte du candidat islamiste
Les deux candidats défaits n’ont pas hésité à parler de « fraude manifeste » Après s’être insurgé contre les résultats proclamés par l’Autorité nationale indépendante des élections, Abdellali Hassani Chrefi le candidat du Mouvement de la société pour la paix (MSP), un mouvement islamiste légal, a déposé mardi un recours formel auprès de la Cour constitutionnelle.
Recevant un accueil officiel, Hassani Cherif a été reçu par le président de la Cour, Omar Belhadj. Les deux hommes ont eu un échange. Sur place, Hassani a exprimé fermement sa détermination à « récupérer chaque voix non comptabilisée« . Cette phrase résonne comme un écho au mécontentement qui parcourt une grande partie de l’opinion publique algérienne.
Crédité de 3,17 % des suffrages exprimés selon l’ANIE, Hassani-Chérif a dénoncé des pratiques de « bourrage des urnes« . Il a également critiqué le taux de participation annoncé, estimé à une moyenne de 48 %, qu’il qualifie de « totalement fictif« . Il avait réitéré son intention de déposer un recours auprès de la Cour constitutionnelle pour défendre ses droits. Selon lui, « ces résultats portent préjudice non seulement au pays, mais aussi à sa réputation« .
Par ailleurs, le Mouvement de la société pour la paix (MSP) n’est pas le seul à élever la voix, constat le site « Algérie 360 ». D’autres partis, ont également exprimé leurs doutes et leurs désaccords concernant le déroulement des élections. Les prochaines étapes de cette contestation promettent d’être scrutées de près, à la fois par les acteurs politiques et par l’opinion publique.
Cette présidentielle algérienne qui ne mobilise guère la population