Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a signé, le mardi 26 juin, le décret mettant fin aux fonctions d’Abdelghani Hamel, Directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), éclaboussé par le scandale de l’importation illégale de 700 kilos de cocaïne au port d’Oran.
La décision d »écarter le tout puissant patron de la police algérienne, Abdelghani Hamel, est totalement inattendue. Plus que tout autre, ce dernier incarne la garde rapprochée de l actuel locataire du Palais d’El Mouradia. A dix mois de l’élection présidentielles, ce haut gradé qui appartient au clan de l’Ouest comme la plupart des proches du chef de l’Etat est présenté comme un des possibles successeurs du président Bouteflika.
L’affaire de la tentative d’introduction de sept quintaux de cocaïne en Algérie a probablement précipité sa chute. En effet selon le quotidien El Watan, le chauffeur personnel du chef de la DGSN) a été entendu par les enquêteurs. Le moins qu’on puisse dire est qu’Abdelghani Hamel n’a pas réagi avec beaucoup de doigté à cette mise en cause. Ce qui lui vaut aujourd’hui de perdre son poste malgré le soutien dont il bénéficiait au plus haut niveau de l’Etat
Règlements de compte violents
« Mondafrique « peut révéler que récemment le propre fils du général Hamel s’en serait pris violemment à des proches du vice ministre de la Défense et chef d’état-major, Gaïd Salah, dont les services ont été chargés d’enquêter sur le scandale de la cocaïne. Des tirs de mitraillette ont été échangés sur le port d’Oran comme dans un mauvais feuilleton sur la maffia.
La dernière sortie médiatique du général Hamel sur cette affaire de drogue n’a pas contribué à apaiser le climat. Le général Hamel a en effet critiqué l’enquête, par ailleurs fort efficace, que l’institution militaire a mené jusqu’à présent. Il a dénoncé « les dépassements », qui auraient eu lieu. Et d’ajouter: «même si notre institution policière n’est pas concernée par cette enquête, nous allons transmettre tous les dossiers en notre possession concernant cette affaire à la justice». Cette pique était évidemment destinée au vice ministre de la Défense Gaid Salah.
Ce dernier qui a supervisé, mardi 26 juin, un exercice militaire a balles réelles a Oran, n’a pas raté l occasion pour riposter: La grande quantité de cocaïne interceptée est « la meilleure preuve, a-t-il estimé, de l’efficience des efforts déployés ».
Secret de polichinelle
Les relations entre les deux puissants personnages clés du pouvoir, Hamel et Gaïd Salah, n’ont jamais été cordiales. Chacun se méfait de l’autre. La procédure conduite dans cette affaire de cocaïne a mis en lumière ces antagonismes au sommet de l’Etat. La saisie de la drogue a été opérée par les éléments des forces navales de la Marine nationale. La police a été tenue a l écart de l enquête qui était confiée a la gendarmerie sous le contrôle de l’armée.
Pour rappel, des proches et fils de hautes personnalités du pouvoir ont été arrêtés dans l’affaire du réseau d’importation de drogue à partir du Brésil via le port d’Oran. deux procureurs de la République (l’un en exercice au tribunal de Boumerdès et l’autre dans celui de Boudouaou), le fils de l’ancien Premier ministre Abdelmadjid Tebboune, le fils d’un ancien wali de Relizane et l’ex-président de l’APC de Ben Aknoun ont été présentés devant le procureur de la République près le tribunal de Sidi M’hamed (Alger).
Cette affaire gravissime qui touche de plein fouet les élites algériennes aujourd’hui aux commandes et divise les forces sécuritaires rend pus nécessaire que jamais la nécessité d’en finir avec la fin de rêgne interminable du président Bouteflika