« Celui qui veut tromper les hommes doit avant tout rendre l’absurde plausible ».
Johann Wolfgang von Goethe ; Les maximes et réflexions (1749-1832)
Le pouvoir algérien baigne dans l’absurde. La crise sanitaire a montré à grand jour ses limites dans la maîtrise de la propagation du Covid19 dont une seconde vague s’abat sur le pays alors que la Tunisie et le Maroc s’en sortent bien que mal. Il n’a pas trouvé de parade pour combattre la pandémie, dont beaucoup de régions sont atteintes, que d’offrir au corps médical le Coran. « Les médecins n’ont pas perdu leur foi mais ont la conviction qu’avec des moyens matériels, et une gestion ferme de la société, le fléau peut être endigué » note un médecin de Constantine.
Seuls à l’avant-garde dans la lutte contre la pandémie, nombreux médecins ont laissé leur vie ces dernières semaines, sans rappeler les agressions physiques dont ils sont victimes en permanence. Le SNML (syndicat national des médecins libéraux) dévoile le nombre de 42 martyrs du devoir depuis seulement le 20 juillet. Face à l’hécatombe, le pouvoir peine à trouver des solutions préfère incriminer une population désemparée taxée d’incivisme et d’indiscipline.
« Au lieu de nous attribuer des moyens matériels dont nous manquons cruellement, on nous offre le Coran dont chaque algérien possède un exemplaire chez lui » relate un médecin d’Alger. « Comment des médecins et infirmiers acceptent de telles inepties, on marchande la foi comme remède de résistance en dissimulant un échec patent d’une politique sanitaire défaillante ».
« Au lieu de nous attribuer des moyens matériels dont nous manquons cruellement, on nous offre le Coran dont chaque algérien possède un exemplaire chez lui » relate un médecin d’Alger
Le corps médical remet en cause la politique gouvernementale de lutte contre le Covid19. Les procédures du déconfinement sont contestées. Les règles du port du masque et de distanciations sanitaires ne sont pas respectées. Les photos des retraités en file indienne, collés les uns derrières les autres, attendant l’ouverture du bureau de poste afin qu’ils retirent leurs maigres revenus circulent sur la toile. Certains rapportent même que dans une ville à l’Est du pays, les pauvres retraités font la queue depuis la veille au soir, passent la nuit dehors jusqu’au lendemain à l’ouverture des bureaux de poste. La question du manque de liquidités au sein des bureaux de poste et des banques s’ajoutent aux risques de contamination.
Des officiers de police distribuent le Coran au corps médical
La scène est diffusée par la télévision Echourrouk. Elle se déroule dans un établissement hospitalier de Sidi Bel Abbès où un corps constitué, en l’occurrence la Police nationale sous l’autorité du Wali et du ministère de l’intérieur, distribue le Coran aux médecins et infirmiers. Des représentants de l’Etat offrant un livre religieux faute d’offrir du matériel médical répondant à l’ampleur de la crise. Une scène surréaliste qui dévoile une réalité de l’absence d’offre de moyens médicaux à un corps meurtri et exposé à une mort programmée. Ce corps médical qui s’était fait tabasser par cette même police, le 03 Janvier 2018, lorsqu’il est descendu dans la rue pour réclamer des moyens, peut-être une manière de demander pardon aux soldats en blouse blanche.
Le matériels (testeurs, appareils de respiration) importés de Chine au début de la crise, est introuvable dans les établissements publics. Les corps constitués comme les hauts fonctionnaires de l’Etat atteints du Corona sont soignés dans des hôpitaux militaires comme le cas de certains Walis. Une Algérie bicéphale prend corps, l’une bien servie et l’autre meurtrie. Un système qui se protège et une population qui s’expose.
Les algériens se rappellent encore l’image du premier ministre Abdelaziz Djerrad rendant visite à Bilda, accoutré en combinaison d’astronome, face à des médecins en masque et blouse médicale. Les interventions rassurantes de Tebboune ne convainquent pas une population qui a perdu toute confiance en un gouvernement qui refuse de reconnaître son échec. Ce scénario ne laisse pas les partenaires européens sans réaction. Le pays est intégré dans une liste dont les citoyens ne peuvent entrer sur le sol Européen qu’avec des conditions de prévention.
Si le système pensait trouver dans la crise sanitaire une opportunité pour se reconfigurer et reprendre les positions perdues sous la pression populaire due au Hirak, il se retrouve très fragilisé. Ses calculs s’avèrent inexacts et risquent de s’ajouter à d’autres crises, sociale et économique, qui avancent à grand pas.
Voici la liste des 46 médecins décédés en Algérie du coronavirus depuis le début de la pandémie jusqu’au 20 Juillet 2020 :
Par ordre alphabétique :
01- Dr. AKROUR Mohamed
Médecin généraliste libéral
Batna
02- Dr. ALLICHE
Médecin généraliste libéral
Blida
03- Dr. BAIOD Ahmed
Médecin interniste
Batna
04- Dr. BEDIAF Saïd
Médecin généraliste libéral
Bordj Bou Arreridj
05- Dr. BENDAKKICHE Yacine
Pneumologue libéral
Blida
06- Dr. BENHADJIRA Bahous
Médecin généraliste libéral
Ouargla
07- Dr. BENHAROUN El Hadj
Médecin généraliste libéral
Sétif
08- Dr. BENMEBAREK ALI
Médecin du travail
Alger
09- Dr. BENMERZOUGA Bensouna
Médecin généraliste libéral
Annaba
10-Dr. BEROUAL Chaaban
Chirurgien viscéraliste au CHU Sétif
Sétif
11- Dr. BOUARROUDJ Mohamed
Médecin généraliste libéral
Mila
12- Dr. BOUDIAF Said
Médecin libéral à Yachir
Bordj Bou Arreridj
13- Dr. BOUDISSA Wafaa
Médecin généraliste
EPH Ras El Oued
Bordj Bou Arreridj
14- Dr. BOUKARI Hamza
Pneumologue libéral
Blida
15- Dr. BOURAOUI Ahcen
Médecin généraliste libéral
Jijel
16- Dr. BRIMI Rabah
Médecin généraliste à El Eulma
Sétif
17- Dr. CHBILA Samir
Chirurgien orthopédiste et traumatologue
EPH Bachir Ben Nacer
Biskra
18- Dr. CHERCHAB Omar
Médecin généraliste libéral
Chlef
19- Dr. DEBOUZ Slimane
Médecin généraliste libéral à Berriane
Ghardaia
20- Dr. DJAMAAKBIR Noureddine
Médecin généraliste libéral
Blida
21- Dr. DJELLOULI Abdelkrim
Médecin généraliste libéral à Kouba
Alger
22- Dr. ELLOUAH Ahmed
Médecin biologiste
23- Dr. ELMACHRI Faouzi
Médecin généraliste
EPSP de Touggourt
Ouargla
24- Dr. HAMMOUDI Karim
Médecin coordonnateur Maison des diabétiques de Bouzareah
Alger
25- Dr. HAMOUDI Abdelkarim
Médecin généraliste
EPSP de Bouzareah
Alger
26- Dr. HASSI Abderrahmane
Médecin généraliste libéral
Tlemcen
27- Dr. HOUHOU Mohamed
Endocrino-diabètologue libéral
Biskra
28- Dr. KAZAOUI Hadj Brahim
Dentiste libéral
Laghouat
29- Dr. KAZOUAI Brahim
Dentiste libéral à Aflou
Laghouat
30- Dr. KEBAILI Farouk
Médecin généraliste libéral
Blida
31- Dr. KERMICHE Moussa
Médecin généraliste libéral
Boudouaou
32- Dr. KOBSI Bentaleb
Médecin retraité
Hôpital de Sougueur
Tiaret
33- Dr. LARIBI Benouali
Médecin généraliste libéral
Tiaret
34- Dr. LATERECHE Salim
Médecin généraliste
EPH Kherrata
Béjaïa
35- Dr. LERARI Djamal Eddine Dentiste libéral à Bouzareah
Alger
36- Dr. MEFTOUH Abdelhalim
Médecin généraliste
EPSP Chebli
Blida
37- Dr. MEKKAOUI Attia
Médecin chef de service Covid-19
Hôpital de Djelfa
Djelfa
38- Dr. MIHOUB Noureddine
Médecin généraliste libéral
Sidi Embarek
39- Dr. MILOUDI Abdelhamid
Médecin généraliste libéral
El Oued
40- Dr. NABTI Elhadi
Médecin interniste libéral
Alger
41- Dr. OURABAH Abdelhamid
EPSP Ain Sefra Cité El-Hammar
Naâma
42- Dr. RAHAL Ahcene
Médecin généraliste
Bouira
43- Dr. SAADNA Kitoum
Dentiste libéral à Ras El Oued
Bordj Bou Arreridj
44- Pr. SI-AHMED El-Mahdi – Médecin chef de Service de Chirurgie Viscérale au CHU de Blida
Blida
45- Dr. TAOUAT Mohamed – Médecin généraliste libéral à Eucalyptus
Alger
46- Dr. TILMATINE Abdennour – Médecin généraliste
EPSP Bouchnafa – Sidi M’Hamed
Alger
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Remarque : cette liste établie par le syndicat national des médecins libéraux SNML ne comporte que les médecins et ne mentionne pas les autres professions du secteur de la santé. On ne les oublie absolument pas et on partagera leurs liste dès qu’on l’aura. Pour l’instant, on n’a que celle là malheureusement