Avec un Abdelaziz Bouteflika malade et de plus en plus absent sur la scène politique, l’échiquier politique algérien connaît en ce moment de nombreux bouleversements. Cet été, loin d’Alger et de ses chapelles politiques endormies par la torpeur estivale, un nouveau clan se compose petit à petit au sein du sérail algérien : le « Clan d’Annaba ».
Son principal initiateur est le chef de l’état-major de l’armée algérienne, Ahmed Gaid Salah. Et son principal porte-parole s’appelle Baha Eddine Tliba, député et richissime homme d’affaires qui a fait fortune dans plusieurs projets immobiliers réalisés notamment en association avec Adel Gaïd Salah, le fils aîné d’Ahmed Gaid Salah. Ce dernier a chargé Tliba de convier de nombreuses personnalités nationales et des acteurs influents dans le monde des affaires pour organiser des conciliabules dans l’une des résidences que possèdent les deux hommes à Annaba, au nord est du pays. L’objectif affiché est d’étudier tous les scénarios de l’après Bouteflika. Des discussions animées ont été menées dans le but de nouer des alliances stratégiques.
Saadani convoité
Officieusement, le vieux général de l’armée algérienne se sent très menacé par la montée en puissance de la famille Bouteflika qui règne sur l’Algérie sans aucun partage surtout depuis le départ leur adversaire historique ; le général Toufik, l’ancien patron du DRS. De nombreuses informations ont circulé laissant entendre que le vieux général sera prochainement prié de quitter ses fonctions puisque les Bouteflika n’auraient plus besoin de cet allié encombrant ciblé par de nombreuses critiques. Pour Gaid Salah et ses protégés, comme Tliba ou Mohamed El-Ghazi, ministre du gouvernement de Sellal, l’urgence est de trouver un plan d’action pour « protéger nos arrières » au cas où des voix hostiles au sein du clan présidentiel des Bouteflika cherchent à les éliminer définitivement de l’arène politique.
Mais pour se protéger d’une telle menace, le « clan d’Annaba » a besoin d’un allié de poids. Et les émissaires de Gaïd Salah ont travaillé durement cet été pour persuader Amar Saâdani, le chef du FLN, de se joindre à leurs réunions clandestines. Sur la sellette au FLN, Amar Saâdani se sent lui aussi en danger car il pourrait ne plus servir à grand chose aux Bouteflika après le départ de leur ennemi juré le général Toufik. Amar Saâdani s’est donc déplacé à Annaba pour écouter Gaïd Salah et ses acolytes. Il a pris note de leur demande d’alliance sans fournir, toutefois, une réponse définitive.
Le suspens bat encore son plein et Saâdani attend de voir ce que la rentrée sociale et politique lui réserve. Quoi qu’il en soit, « le clan d’Annaba » a réussi à faire bouger les lignes en envoyant un message clair aux autres « barons » du clan présidentiel : « la transition de l’après Bouteflika ne se fera pas sans nous ». Reste à savoir si les « parrains » de ce clan auront suffisamment les reins solides pour résister au tsunami politique qui risque de s’abattre sur l’Algérie lorsque le Président Abdelaziz Bouteflika tirera définitivement sa révérence.