Alger, une guerre souterraine féroce entre services secrets

Les héritiers du DRS (services algériens), dirigés par le général Athmane Tartag, proche du clan Bouteflika, et le renseignement militaire, rattaché au puissant chef d’Etat Major, Gaïd Salah, se livrent une guerre incessante en coulisses. 

Comme l’avait noté feu le président Houari Boumédiène, qui a façonné le pouvoir algérien, « l’armée est la colonne vertébrale du pays et les services secrets en sont la moelle épinière ». Cette grille d’explication reste toujours valable pour comprendre le théâtre d’ombres algérien, et alors qu’on assiste à une grave crise institutionnelle où l’on voit le patron du FLN, Djamel Ould Abbès, très proche du clan Bouteflika, réclamer la démission du président de l’APN (Assemblée Nationale), Saïd Bouhadja, avant de songer à l’exclure du mouvement.

Sur fond de menace de dissolution, de modification de la constitution, de la création  d’une vice présidence et de report de la prochaine élection présidentielle qui devrait avoir lieu courant 2019.

Le général Tartag, le coordinateur des services secrets qui est rattaché à la Présidence algérienne, ne compte pas que des amis au sein de l’Etat Major

Cette agitation de la classe politique s’explique par la guerre que se livrent, en coulisses, les services secret algériens. Et où l’on assiste à la chute probable du général Athmane Tartag, dit « Bachir », l’actuel « coordinateur » des services algériens, qui s’est fait connaitre durant les années noires par une détermination sans failles contre les islamistes, mais en butte à l’hostilité du chef d’état major, Gaïd Salah. Lequel Gaïd, depuis le grand ménage opéré cet été dans les rangs de la police et de l’armée, est devenu l’épicentre de la politique algérienne. Et cela avec l’aide des hommes de la DCSA (renseignement militaire) qui ont acquis une influence déterminante, en pilotant les dossiers judiciaires gravissimes dans l’affaire dite de la cocaïne qui éclabousse une grande partie de la classe politique et sécuritaire.

      L’activisme de Saïd Bouhadja

Dans cette guerre qui ne dit pas son nom, le clan présidentiel n’a cessé de tirer à vue, ces dernières semaines, contre Saïd Bouhadja, président respecté de l’APN (Assemblée algérienne), qui peut revendiquer une légitimité historique de « moudjahidine » (ancien combattant) et une appartenance historique au FLN. S’il est devenu ainsi l’homme à abattre pour le clan de l’Ouest, c’est qu’il est, lui, originaire de l’Est comme l’est Gaïd Salah dont il s’est, dit-on, rapproché.

En cas de disparition soudaine d’un président Bouteflika très diminué et compte tenu du grand âge et de l’état de santé désastreux du président du Conseil de la Nation, qui devrait selon la constitution assurer l’intérim, ce serait le Président de l’APN qui pourrait être nommé nommé, le temps de la préparation d’élections présidentielles, à la tète de l’Etat. Ce scénarion n’estpas pour plaire  ni au clan Bouteflika, ni au Premier ministre Ouyahia, dont les ambitions présidentielles sont connues.

Une certitude, l’activisme de Bouhadja en faveur d’une transition paisible est de plus en plus visible. Certains affirment qu’il aurait rencontré récemment l’ex Premier ministre de Chadli, le colonel Mouloud Hamrouche, qui passe pour un des successeurs qui soient comestibles aux yeux de l’Armée. Ce que l’intéressé a démenti dans la presse. Plus grave aux yeux du clan Bouteflika, Saïd Bouhadja a écarté de l’APN le secrétaire général qui passait pour l’oeil du général Tartag chez les élus du peuple.

                                                  Le front médiatique

La bataille fait rage également sur le front médiatique où de nombreux coups sont portés de part et d’autre. Prenons le patron de la télévision Ennahar TV et du site d’information Alg24, Anis Rahmani, qui n’a rien d’un rebelle et a été soutenu constamment par Saïd Bouteflika, le frère du chef de l’Etat. Et bien ce patron de presse soudain téméraire  a laissé publier sur Alg24 un papier dénonçant l’incapacité des services du général Tartag à favoriser un dénouement de la crise politique, comme le faisait son prédécesseur et véritable maitre de l’Algérie jusqu’en 2015, le général Toufik. Le même article vantait la force de caractère du président de l’APN, Saïd Bouhadja.

Et ce n’est pas tout. L’auteur du papier, Smail Djerbal, est menacé d’interpellation par les services de Tartag? Et bien le patron d’Ennahar n’hésite pas à s’en prendre violemment au coordonnateur des services lors d’un coup de fil avec un des collaborateurs de ce dernier. Sur le thème: « Si vous voulez entendre mon journaliste, lancez un mandat d’arrêt. Et on saura vous répondre ». Et comble de l’affront, la conversation est rendue publique. Du jamais vu en Algérie! A moins que Anis Rahmani bénéficie de certains encouragements en haut lieu. Des militaires? Ou, qui sait, de Saïd Bouteflika lui même qui aurait laché Tartag? On se perd en conjectures….

                                             Le vent tourne

Le rapport de forces semble défavorable aujourd’hui aux amis du général Tartag, plus proche de la porte que de l’augmentation. A la condition pourtant que les deux pôles principaux du pouvoir algérien, les partisans du président Abdelaziz Bouteflika et les proches du chef d’Etat Major, Gaïd Salah, se mettent d’accord sur le nom d’un successeur. Ce qui, en Algérie, peut prendre quelques semaines ou mois, tant le pouvoir algérien a pris l’habitude d’avoir l’éternité pour lui…

 

 

5 Commentaires

  1. @HKHELIFA … Tu te pretends etonne de lire qu’il s’agissait d’une guerre entre les gens de l’Est et de l’Ouest !!! Ton dIDEU le puant bouteflika l’a voulu ainsi depuis la malediction de sa nomination en 1999. Oui si les populations de l’Ouest s’obstinent a soutenir l’etranger et ennemi de l’Algerie Bouteflika et son clan il y aura une guerre entre l’Est et louest.

  2. @HKHELIFA : Effectivement le président du Sénat est aussi grabataire que le président impotent. Il est absent de tous les protocole officiels depuis quelques mois. Même avec la venue de MERKEL, il a brillé par son absence. Donc, en cas de double vacance du pouvoir, c’est effectivement, c’est le président de l’APN qui assure l’intérim. Cependant, la crise actuelle ne recèle pas de différent régional mais se focalise sur les enjeux de pouvoir sur le processus de succession.

  3. A « HKHELIFA » :
    Il est vrai qu’au terme de la Constitution Algérienne, « Le Président du Conseil de la Nation assume la charge de Chef de l’Etat pour une durée de quatre-vingt-dix (90) jours au maximum, au cours de laquelle des élections présidentielles sont organisées ».
    Mais si le Président du Conseil de la Nation est lui-même déclaré médicalement inapte à cette fonction, c’est bien le Président de l’APN, troisième personnage de l’État, qui est appelé à assurer ce mandat/transition de 3 mois.

  4. Rreze
    J’ai lu jusqu’à cette phrase : « ce serait le Président de l’APN qui serait nommé, le temps de la préparation d’élections présidentielles, à la tète de l’Etat q ’’
    Et de là j’ai arrêté de lire car j’ai compris que cet article ne veut que nous faire entreR dans la tète qu’il s’agit des ‘’ gens de l’Ouest ‘’ contre ceux de l’Est !!! … foutaises … !
    Il fallait au moins prendre la peine de se documenter..en cas de mort ou empêchement du président c’est le Président du Conseil de la Nation qui assure l’intérim pas celui de l’APN étant donné que la pédante analyse se se base sur cette erreur de base.

    Art. 102…………………………………….
    En cas de démission ou de décès du Président de la République, le Conseil constitutionnel se réunit de plein droit et constate la vacance définitive de la Présidence de la République.
    Il communique immédiatement l’acte de déclaration de vacance définitive au Parlement qui se réunit de plein droit.
    Le Président du Conseil de la Nation assume la charge de Chef de l’Etat pour une durée de quatre-vingt-dix (90) jours au maximum, au cours de laquelle des élections présidentielles sont organisées

  5. La crise de l’APN et l’imbroglio Ennahar-DAS ont finalement été utiles dans une seule optique : celle de confirmer sans aucune équivoque que le chef d’Etat actuel est bel et bien totalement déconnecté pour cause de grave handicap, de la gouvernance et du suivi des affaires de l’Etat.Et c’est une certitude qu’il ne va pas rempiler.Les élections présidentielles à venir sont entrés désormais dans une nouvelle phase de recherche et d’imposition de leur candidat favori de la « continuité bouteflikienne » par chacune des ailes puissantes du large clan présidentiel.

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