Alexandre Djouhri, né Ahmed Djouhri, a été placé ce vendredi 31 janvier en détention provisoire après sa mise en examen par la justice française, dans l’enquête sur les soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy de 2007. Sur fond d’une enquête baclée.
Mis en examen dans la journée de vendredi, notamment pour « corruption active », « faux et usage de faux » et « complicité et recel de détournement de fonds publics par une personne chargée d’une mission de service public », « Monsieur Alexandre », comme on surnomme cet homme d’affaires flamboyant proche de Dominique de Villepin et de Nicolas Sarkozy, a été écroué quelques heures plus tard sur décision d’un juge des libertés et de la détention, conformément aux réquisitions du Parquet National Financier (PNF). Seul problème, les seules éléments tangibles du dossier judiciaire de Djouhri concernent une villa à Mougins (France) vendue à des libyens. Et encore ne s’agit-il que de quelques millions d’euros. Aucune trace en revanche de fonds reversés à Nicolas Sarkozy ou à ses proches.
C’est peu pour organiser la mise en détention spectaculaire d’un homme qui, sans être un saint, n’a jamais été condamné par la justice.
Cet acharnement est d’autant plus surprenant que les enquèteurs du PNF ont négligé des pistes autrement plus prometteuses dans le possible versement de fonds libyens à l’ancien Président de la République (voir l’enquête Souheil Rached, témoin clé des largesses de Khadafi). C’est peu de dire que la justice française a mené une enquète à géométrie variable, en ne s’en prenant qu’aux suspects déja à terre.
Des connections libyennes
En janvier 2018, Monsieur Alexandre, un homme d’affaires d’origine algérienne voit le ciel lui tomber sur la tête. Il est arrêté à Londres suite à un mandat d’arrêt européen émis par le juge d’instruction Serge Touraine, aujourd’hui promu à d’autres fonctions, qui a fait tomber de nombreux hommes politiques français. Le Parquet national financier soupçonne « Alex » d’avoir servi d’intermédiaire dans l’affaire de financement de la campagne électorale 2007 de Nicolas Sarkozy par la Libye.
Alexandre Djouhri, dont le parcours exceptionnel des cités maudites de la République aux Palais nationaux est une légende, n’a jamais caché ses amitiés libyennes, notamment avec Bechir Saleh, le « Monsieur Afrique » de Khadafi, mais affirme n’avoir jamais trempé dans aucune transaction illégale en faveur de Nicolas Sarkozy.
Ce qui est sur c’est que la justice française manque totalement de munitions dans cette affaire. D’après les nombreuses fuites dans la presse qui ont rythmé l’instruction, les seules accusations précises contre Djhouri concernent un éventuel blanchiment de fonds dans la vente, via une cascade de sociétés opaques, d’une villa dans le sud de la France aux autorités libyennes.
A ce stade, les sommes en jeu sont relativement faibles et aucun transfert de fonds n’apparait entre Djhouri et l’entourage de Sarkozy. C’est peu, judiciairement parlant, pour faire de cet homme d’affaires le coeur d’un scandale d’état.
Des garanties insuffisantes
L’extradition d’Alexandre Djhouri n’apas été obtenue facilement. Manuel Campos Sánchez-Bordona, avocat général de la Cour de Justice Européenne, a même estimé que les garanties d’indépendance du procureur français sont insuffisantes et remet en cause la capacité de la justice française à émettre un mandat d’arrêt européen. Ces préventions n’ont pas empêché l’ extradition de Djouhri Londres vers Paris, tant le PNF en a fait une question de principe..
D’après son médecin traitant à Londres, le docteur Alexandre Nairi, la gravité de l’état cardiovasculaire de Djouhri « résulte des conditions de son incarcération ». Le médecin, qui a saisi sans succès l’ambassadeur de France en Angleterre et même l’Elysée, s’était dit inquiet pour l’état de santé d’Alexandre Djouhri « enchaîné à son lit d’hôpital londonien pendant trois semaines, mais aussi lors de ses transferts en ambulance de la prison à l’hôpital ».
A l’attaque!
Dans cette nouvelle étape à la prison de Fresnes de sa vie mouvementée, Alexandre Djouhri ne compte pas baisser les bras.
Connu pour partir « à l’ attaque » de l’adversité, ce battant a déja amorcé sa riposte dans un entretien qui devrait paraitre dimanche soir dans « le Soir d’Algérie », un quotidien algérien proche des services où il compte beaucoup d’amis.
Alex qui s’en prend à la fois à François Hollande et aà Emmanuel Macron promet de dévoiler les dessous de « l’acharnement » judiciaire et médiatique dont il se dit la victime.