Dans un entretien exclusif accordé à Mondafrique, Abdelilah Benkirane déballe tout. Une première pour un politicien marocain qui parle rarement en français et parle encore plus rarement aux médias français. Abdelilah Benkirane, chef du gouvernement sortant du royaume chérifien et chef de file des islamistes marocains, revient aussi bien sur ses relations avec la France, Mohammed VI et sur Driss Basri.
C’est un homme affable qui nous a accueilli dans la vieille villa de sa femme dans un quartier populaire du centre ville de Rabat. De la communication politique, Abdelilah Benkirane connaît toutes les gammes et il en joue, distribuant les bons et les mauvais points à ses adversaires. Il tacle particulièrement le PAM et fait de son patron Ilyas Omari une cible prioritaire. Quant à la genèse du PJD, il suffit de lui évoquer un lien avec Driss Basri, l’ancien ministre de Hassan II passé maître de la fabrication des partis politiques ex nihilo, pour qu’il s’emporte et nie tout en bloc, matraquant que le PJD est l’émanation du peuple et du seul peuple. Mais, à la colère cède la prudence et la malice dès qu’on lui demande de parler de sa relation avec la monarchie. L’homme malgré sa dextérité se sent sous pression et a du mal à botter en touche. Abdelilah Benkirane reconnaît quelques frictions et les assume, tout en répétant à l’envie que son patron est le roi et qu’il est pour une monarchie exécutive.
Sur son avenir, l’homme est sans concessions. Il est confiant dans la victoire de son parti lors de l’échéance du 7 octobre. Mais, demeure cependant la question des alliances futures. S’il n’en trouve pas, chose qui risque de se produire selon la presse marocaine, alors Benkirane affirme penser aller une nouvelle fois devant le peuple. Une prérogative que ne lui offre pas la constitution de 2011. Une lacune dont il est conscient, mais il reconnait qu’il franchit parfois quelques lignes jaunes…Au risque de jouer avec les règles constitutionnelles.