Alors que des élections présidentielles doivent se tenir en avril 2016 au Tchad, le chef de l’Etat Idriss Déby vient d’être élu à la présidence de l’Union africaine. Une situation contestée par l’opposition tchadienne qui voit dans ce mandat d’une durée d’un an le triomphe annoncé de l’actuel homme fort du pays avant même la tenue du scrutin.
Soutenu par l’Occident et particulièrement par la France qui le considère comme un partenaire privilégié dans la lutte contre la menace terroriste en pleine expansion au Sahel, le président tchadien surfe volontiers sur une rengaine vieille comme le monde : « Moi où le chaos ». L’envoi de troupes au Mali pendant l’opération Serval a parachevé son adoubement par Paris qui a choisi la capitale N’Djamena pour installer le commandement de l’opération régionale anti terroriste Barkhane. Une alliance franco-tchadienne qui lui donne tout le loisir d’enfreindre les libertés publiques dans son pays sans craindre d’être critiqué au niveau international.
Alors que son état de santé déjà bien entamé s’aggrave, Idriss Déby, au pouvoir depuis 1990, se présentera à sa propre succession aux prochaines élections. Techniquement, il en a le droit : contrairement aux exemples du Burkina Faso, du Bénin ou du Congo, la clause de la Constitution qui prévoyait une limitation du nombre de mandats du chef de l’Etat a été supprimée depuis plusieurs années au Tchad. Prenant exemple sur les mouvements « Y en a marre » et « le Balai citoyen » qui ont éclos respectivement au Sénégal et au Burkina Faso l’opposant tchadien Abakar Tollimi appelle à une mobilisation massive de la société civile tchadienne en faveur d’une alternance.