Un calme précaire et tendu régnait dans la capitale du Liban-Nord, Tripoli, qui a été dans la soirée et la nuit de jeudi le théâtre de scènes d’émeutes qui ont débouché sur la mise à feu du siège de la municipalité de Tripoli et des bureaux du tribunal religieux sunnite.
Une chronique de Michel Touma (correspondane de Beyrouth)
Dans son étude située au centre de Tripoli, Fehmi Karamé, avocat et acteur engagé du soulèvement populaire de 2019, rapporte l’envoyé spécial du journal « le Monde », est sidéré par le chaos qui s’est emparé de sa ville. « De véritables scènes de guerre, à plusieurs reprises. »
Ces violences s’inscrivent dans le prolongement de trois jours de manifestations et d’escarmouches avec les forces de l’ordre qui ont débuté lundi dernier, 25 janvier, sur fond de profonde crise socio-économique, aggravée par un confinement total du fait de la pandémie de coronavirus.
Le bilan de ces émeutes est particulièrement lourd : deux tués et non moins de 300 blessés parmi les manifestants et une dizaine de blessés parmi les forces d’ordre. Celles-ci ont affirmé dans un communiqué qu’entre mercredi soir et jeudi soir, près de 300 cocktails Molotov ont été lancés par des manifestants contre le siège de la municipalité de Tripoli, le tribunal sunnite et le sérail de la ville (siège de bureaux administratifs étatiques où sont stockés les documents personnels d’état-civil des habitants).
Les forces de l’ordre indiquent dans ce cadre que mercredi soir elles ont été la cible de trois grenades de fabrication russe qui ont fait plusieurs blessés dans leurs rangs. Par ailleurs, un complexe pédagogique construit en plein cœur de la ville par le milliardaire et ancien Premier ministre Nagib Mikati a également été le théâtre d’actes de vandalisme, dans la nuit de jeudi.
Le confinement, bombe à fragmentation
Le catalyseur de cette colère populaire a été la décision du gouvernement démissionnaire de prolonger jusqu’au 8 février le confinement total qui devait prendre fin le 25 janvier. Cette fermeture totale aggrave considérablement les conditions de vie de la population de cette région du Liban-Nord qui souffre déjà, au départ, d’une grande misère accentuée par l’absence d’une politique étatique de soutien au développement. Nombre d’habitants de Tripoli, et du Liban-Nord en général, vivent de petites activités commerciales quotidiennes. A cette misère chronique, qui dure depuis des décennies, est venue s’ajouter la profonde crise socio-économique qui frappe durement le Liban depuis plus d’un an.
Le terrain est de ce fait fertile à un soulèvement populaire similaire au vaste mouvement de contestation déclenché le 17 octobre 2009. Plusieurs responsables politiques ont toutefois affirmé ce vendredi matin que les actes de vandalisme dont la capitale du Nord a été le théâtre jeudi soir ne sont nullement l’œuvre de manifestants originaires de Tripoli mais d’« éléments intrus » étrangers à la région.
Cherchez le coupable !
C’est ce qui ressort des déclarations faites vendredi matin par le Premier ministre désigné Saad Hariri et par le Mufti sunnite du Liban, Abdel Latif Deriane, qui ont tous deux vivement stigmatisé la tournure prise par la contestation depuis le début de la semaine.
À l’instar du chef du gouvernement démissionnaire, Hassan Diab, qui a réclamé « l’arrestation » des auteurs des actes de violence et des agressions contre les institutions publiques de la ville. De son côté, le président de la République Michel Aoun a réclamé l’ouverture d’une enquête immédiate.
Le Hezbollah, forcément
Si les manifestants qui ont mis le feu au tribunal chérié sunnite et à la municipalité de Tripoli (dont le bâtiment date du 19e siècle) ne sont pas de Tripoli, la grande question que nombre de Libanais se posaient, ce samedi, est de savoir quelle est la faction « infiltrée » qui s’est livrée à ces actes de vandalisme. Les spéculations sur ce plan vont bon train à Beyrouth.
Certains activistes n’hésitent pas à pointer du doigt, sur les réseaux sociaux, le Hezbollah pro-iranien qui aurait fomenté les troubles par le biais de groupuscules présents sur le terrain qui lui sont inféodés. Le but recherché par le parti chiite pro-iranien à cet égard serait, si cette thèse se confirme, de « rappeler » sa capacité de nuisance à l’Occident, et plus particulièrement aux Etats-Unis à la veille d’une possible relance du dialogue entre Téhéran et la nouvelle administration Biden.
D’autres observateurs font assumer la responsabilité de ces actes à l’homme d’affaires Bahaa Hariri, frère mais néanmoins rival politique du Premier ministre désigné Saad Hariri. Certains analystes soulignent pour leur part que les événements de Tripoli sont le fruit du bras de fer entre le chef de l’Etat Michel Aoun et ce dernierau sujet de la formation du nouveau gouvernement.
Dans l’attente d’un possible embrasement
En tout état de cause, les faits sur le terrain tendent à accréditer la thèse des « intrus » : en effet, les réactions aux émeutes du Nord ont été très limitées dans les autres régions du pays. Certes, des axes routiers ont été fermés à la circulation mercredi et jeudi dans certains secteurs en signe de solidarité avec Tripoli, mais ces actions ont mobilisé très peu de contestataires. On s’attendait à ce que les événements du Nord fassent tâche d’huile et provoquent un embrasement généralisé.
Pour l’heure, c’est loin d’être le cas. Du moins pas encore …
Le pouvoir en place, symbole de corruption et incompétence, n’arrive pas à faire le poids face à une avalanche de crises !! Ils attendent quoi pour démissionner ????
La situation pourrait encore s’envenimer car la classe moyenne qui aidait les plus pauvres n’est plus en mesure de le faire et elle demeure aussi en quête de survie.
En 12 mois le livre a perdu six fois sa valeur et la moitié de la population est passée sous le seuil de pauvreté ! Que font les autorités pour y remédier ??? Silence on tabasse les manifestants en colère !!!! Une honte !!!!!
Pas de travail, pas de quoi manger et l’armée nous tire dessus !!! Bientôt on nous interdira de respirer !!!! Qui pourrait nous sortir de ce quotidien étouffant ???
Le Hezbollah doit devenir un parti libanais et mettre fin à ses manœuvres étrangères pour des raisons géopolitique, c’est impératif, sinon sa dissolution, comme bon nombre de partis libanais, deviendra une nécessité !!!
Dans notre pays, nous les jeunes sommes privés de travail, d’espoir et même de rêve ! Il y a une rupture totale avec la classe dirigeante qui ne parvient pas à nous assurer des perspectives d’avenir !
Le pays est mal gouverné, tout va mal depuis des années et rien n’a changé ! C’est toute la classe politique qui doit disparaître !!!
Il faut passer à la vitesse supérieure contre le Hezbollah ! Ils sont à l’origine de tous les maux du pays, bloquent toute tentative de relance politique et lâchent ses milices pour tout fracasser !!!! Bande d’incompétents
La crise au Liban est multidimensionnelle et la situation risque de ne pas décanter d’aussitôt !
Les responsables privent les citoyens de sortir, même pour faire les courses, et s’attendent à quoi d’un peuple affamé ?! Ceux qui sèment l’austérité, attisent la colère et la révolte !!