Marche pour Gaza : l’Egypte sous pression

Les menaces d’Israël s’intensifient face à la perspective de l’arrivée en Égypte du convoi Al Soumoud en route pour Rafah.

Selim Jaziri
Parti de Tunis lundi matin, le convoi Al Soumoud pour prendre part à la Marche mondiale pour Gaza qui doit rejoindre le point frontière de Rafah le 15 juin, traverse actuellement la Libye. Composé à présent de 18 bus et au moins d’une centaine de véhicules, transportant quelque 2000 personnes, essentiellement des Tunisiens, rejoints par des Algériens et des Libyens, le convoi suscite, tout au long de son parcours, des réactions de soutien enthousiaste. Les commerçants libyens refusent de se faire payer, offre repas et essence. Misrata a annoncé un jour de congé pour accueillir le convoi ce jeudi. Occulté par la frilosité des États, le soutien populaire à la cause palestinienne dans les opinions maghrébines retrouve une vigueur spectaculaire.

Le moins que l’on puisse dire est que l’accueil s’annonce moins chaleureux en Égypte. En prévision de l’arrivée du convoi, les propagandistes du régime évoquent une manœuvre des Frères musulmans pour susciter une confrontation avec Israël. Les autorités égyptiennes ont fait la sourde oreille aux demandes d’autorisation adressées par les organisateurs du convoi. Par ailleurs, ces deux derniers jours, des dizaines de passagers européens ou Marocains ont été placés en détention à leur arrivée à l’aéroport du Caire, et expulsés. La police effectue des descente dans les hôtels pour interpeler les membres de délégations de la Marche mondiale.

Le Caire applique à la lettre les exigences israéliennes adressés par le Ministre de la Défense Israël Katz : « J’attends des autorités égyptiennes qu’elles empêchent les manifestants djihadistes d’accéder à la frontière égyptienne, et qu’elles ne leur permettent pas de se livrer à des provocations et d’essayer d’entrer à Gaza, ce qui mettra en danger la sécurité des soldats [israéliens] » Le sous-entendu est clair, l’armée israélienne menace de faire usage de la force.

Cet avertissement ne dissuade pas le convoi de poursuivre sa route, mais il risque d’être bloqué à la frontière, d’autant que la plupart des participants tunisiens n’ont pas le visa exigé pour entrer en Égypte. Reste à savoir ce que sera la réaction des Egyptiens. Une mobilisation placerait le pouvoir, qui prétend pourtant qu’il « importe de faire pression sur Israël pour lever le siège de la bande de Gaza et permettre l’accès humanitaire », face à ses contradictions.