Le détroit d’Ormuz constitue l’un des points de passage les plus importants du commerce énergétique mondial. En effet, près d’un quart des exportations mondiales de pétrole et de gaz y transite quotidiennement. L’Iran a toujours utilisé la menace de sa fermeture comme un levier stratégique, en particulier face aux États-Unis. Ce scénario, souvent évoqué, est pour l’instant jugé azzez peu probable, mais il a gagné en crédibilité à la suite de la « Guerre des 12 jours ».
Le 23 juin 2025, en réponse aux frappes américaines sur ses infrastructures nucléaires, le Parlement iranien a approuvé une proposition de fermeture du détroit. Bien que la décision finale appartienne au Conseil suprême de sécurité nationale, dirigé par le président iranien Massoud Pezeshkian, cette décision du parlement est pour le moins menaçante puisqu’elle révèle que l’Iran considère désormais sérieusement cette option afin de faire pression sur les États-Unis.
Une fermeture effective du détroit constituerait un acte de représailles direct à l’encontre des pays du Golfe, en raison de leur coopération étroite avec les États-Unis. Elle aurait pour conséquence immédiate le blocage des exportations maritimes du Qatar, du Koweït, de Bahreïn et de l’Irak. L’Arabie saoudite, bien qu’elle dispose d’un pipeline reliant le Golfe Persique à la mer Rouge, ne serait pas épargnée : ce pipeline ne permet pas d’acheminer la totalité de sa production pétrolière.
Par ailleurs, compte tenu du partage des eaux du détroit d’Ormuz entre l’Iran et le sultanat d’Oman, une fermeture pourrait être perçue comme une déclaration de guerre à l’égard du sultanat. En effet, un accord bilatéral signé en 1974 encadre ce partage maritime.
L’Iran pris à son propre piège
Malgré cette escalade rhétorique, de nombreux analystes considèrent la fermeture du détroit comme un scénario encore peu probable. L’Iran lui-même demeure largement dépendant de ce passage stratégique pour ses propres exportations d’hydrocarbures, en particulier depuis l’île de Kharg, principal terminal pétrolier du pays. Une fermeture aurait pour effet immédiat de priver Téhéran d’importants revenus, tout en affectant ses partenaires commerciaux majeurs, dont la Chine, premier importateur de pétrole iranien. De plus, bien que l’Iran ait construit un pipeline contournant le détroit, celui-ci n’est pas encore opérationnel et ne peut être utilisé pour transiter l’entièreté de la production iranienne.
Ainsi, si la fermeture du détroit d’Ormuz demeure un levier dans les négociations avec les États-Unis, sa mise en œuvre aurait des conséquences économiques et géopolitiques potentiellement désastreuses, y compris pour l’Iran.