Les Américains mettent l’armée libanaise face à ses responsabilités

Les États-Unis augmentent la pression sur le Liban en raison des préoccupations sécuritaires dans le sud, en insistant sur  le rôle de l’armée libanaise dans la prévention des tirs de roquettes et appelant à des mesures pour résoudre les différends frontaliers.

Par ailleurs, les responsables libanais ont mené des contacts intensifs avec Washington et Paris pour éviter qu’Israël, qui a mené des frappes intensives au Liban au cours du week-end, ne bombarde Beyrouth, a indiqué lundi à l’AFP un responsable qui a requis l’anonymat.

La vice-envoyée spéciale américaine, Morgan Ortagus, a réaffirmé l’engagement de Washington pour la stabilité au Liban, soulignant les liens solides entre les deux pays tout en appelant à des réformes urgentes, lors d’une interview accordée à la plateforme Asas Media.“Les États-Unis entretiennent une relation solide avec le Liban, et notre partenariat continue de se renforcer sous la direction du président Joseph Aoun et du Premier ministre Nawaf Salam”, a déclaré Mme Ortagus. “Nous continuons à insister sur l’urgence des réformes nécessaires afin que le Liban puisse redevenir l’étoile brillante du Moyen-Orient.”

Mme Ortagus a confirmé avoir envoyé des lettres au président Joseph Aoun, au chef du Parlement, Nabih Berry, et au Premier ministre, Nawaf Salam, les exhortant à former des comités pour accélérer la résolution des défis sécuritaires dans le sud. Toutefois, elle a refusé de révéler les détails des discussions américaines avec les responsables libanais.“Nous ne divulguons pas nos échanges avec le gouvernement libanais. Cependant, nous poussons les deux parties à négocier un accord frontalier à long terme”, a-t-elle déclaré.

« Désarmer le Hezbollah »

Interrogée sur la situation tendue dans le sud du Liban, où des frappes israéliennes ont ciblé plusieurs sites, Mme Ortagus a réorienté le débat en affirmant que la priorité devrait être accordée aux actions de l’armée libanaise.

“La véritable question est de savoir pourquoi l’armée libanaise continue d’autoriser les tirs de roquettes depuis le territoire libanais. Que peut-elle faire de plus pour faire respecter le cessez-le-feu et désarmer le Hezbollah dans le sud?”, a-t-elle lancé.

Commentant le refus de M. Berry de former des commissions avant qu’Israël n’applique le cessez-le-feu, Mme Ortagus a répliqué: “Un cessez-le-feu est déjà en place. Il existe un cessez-le-feu dans la région.”

Par ailleurs, Mme Ortagus a réitéré l’engagement de Washington à collaborer avec les gouvernements libanais et israélien en vue de résoudre les différends frontaliers. 

“Nous continuerons à travailler avec le gouvernement libanais et le gouvernement israélien, que ce soit à travers le mécanisme (de surveillance du cessez-le-feu, NDLR) ou par des moyens diplomatiques, pour régler toutes les questions frontalières en suspens”, a-t-elle ajouté.

Concernant les craintes que ces discussions ne mènent à une normalisation entre le Liban et Israël, Mme Ortagus a esquivé la controverse en déclarant: “Comme je l’ai dit à plusieurs reprises, nous nous concentrons uniquement sur la résolution des différends frontaliers pour le moment, rien de plus.”

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Nicolas Beau
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)