La stratégie de Trump en échec face à l’Iran

Le « guide » de la révolution iranienne, l’ayatollah Ali Khameini, vient de rejeter les propositions américaines alors que devraient se poursuivre les pourparlers sur l’avenir du nucléaire iranien entre Washington et Téhéran. La question de l’enrichissement de l’uranium  reste le principal point d’achoppement de ces négociations

Échec dans son rôle de faiseur de paix sur le dossier ukranien ; échec sur les propositions d’un nouveau plan de paix à Gaza alors que Washington s’est vu contraint de refuser les nouvelles propositions maximalistes du Hamas ; et, peut-être, mais les négociations vont continuer, échec sur la question du nucléaire iranien : la diplomatie trumpienne, mélange de posture de matamore, d’optimisme décalé et d’imprécision stratégique sujette à d’imprévisibles volte faces, semble pour l’instant ne mener nulle part.

 Après une série de cinq rencontres entre officiels américains et Iraniens sous l’égide du sultanat D’Oman, Trump vient nen effet d’essuyer un sérieux revers de la part du « guide » de la révolution Ali Khamenei : « Au leader américain, cet homme impoli et grossier, nous disons : pourquoi vous mêlez vous de nos affaires, pourquoi nous dites vous si l’on peut ou pas enrichir de l’uranium ? Cela ne vous regarde pas ! », a déclaré le leader suprême, mercredi 4 avril, jour anniversaire de la mort de son prédécesseur, l’ayatollah Khomeiny.

La presse anglo saxonne sceptique

Les grands journaux américains et britanniques mettent ainsi l’accent, jeudi, sur l’impasse des pourparlers entre Téhéran et Washington alors que les Etats-Unis ont proposé que les Iraniens puissent, un temps, continuer à enrichir un volume limité d’uranium avant que l’enrichissement soit assuré, de manière définitive, par un consortium de pays de la région. Dans ce cas Téhéran n’aurait pu la maîtrise de l’enrichissement sur son sol. La réponse du leader suprême iranien est donc cinglante, même si toute négociation suppose un rapport de force et qu’il est trop tôt pour anticiper un échec définitif. La Maison Blanche est en tout cas « forcée de reconsidérer sa stratégie dans un contexte où les tensions montent à propos du programme nucléaire iranien », écrit le Wall Street Journal qui a eu accès à des officiels américains s’exprimant sous le sceau de l’anonymat.

Donald Trump, de son côté, a mis en garde les Iraniens mercredi en écrivant sur son réseau « Truth social » que le « temps presse » et accusé les négociateurs de Téhéran de « différer constamment leurs décisions ». Les velléités trumpiennes se sont immédiatement attirés les foudres et le mépris du conseiller du « Guide », Ali Shamkhani, qui a taxé les Américains d’individus « inexpérimentés »,  ces derniers n’ayant même pas mentionné une levée des sanctions étasuniennes contre l’Iran, une exigence « cruciale », a-t-il fait remarquer,, de la République islamique…

Le Financial Times de Londres cite quant à lui un « haut responsable » iranien affirmant que son pays a « toujours eu une attitude cohérente à propos de l’enrichissement de l’uranium, tandis que ce sont les Etats-Unis qui ne peuvent pas se décider sur cette question ». L’hypothèse d’un consortium régional chargé d’enrichir l’uranium pour le compte de l’Iran et d’assurer ainsi ses besoins d’énergie nucléaire civil, permettrait « tant aux Iraniens et aux Américains de revendiquer une sorte de victoire »,  analyse cependant le « F.T. »

Le Washington Post se faisait l’écho fin mai d’un rapport interne de l’Agence internationale de l’énergie atomique ( IAEA), dont le journal américain avait pu se procurer une copie, avertissant « que l’Iran a produit environ 150 kilos d’uranium enrichi à 60 % depuis le mois de février dernier ». Un tel degré d’enrichissement s’approche dangereusement du seuil des 90 % permettant de fabriquer une bombe atomique.

Donald Trump cherche un accord sur le nucléaire iranien