La contestation palestienne anti Hamas à Gaza

La manifestation est partie spontanément d’un centre abritant des déplacés, mardi 25 mars, dans l’après-midi, à Beit Lahya, dans le nord de Gaza, une zone menacée par un énième ordre d’évacuation de l’armée israélienne

Aux slogans pour arrêter les massacres et la guerre, clamés, mardi et mercredi, par les centaines de personnes descendues dans les rues grises de poussière, entre les gravats et les squelettes d’immeubles de l’enclave dévastée, se sont peu à peu mêlés d’autres cris, dirigés contre le Hamas : « Hamas, dehors ! » ou « Hamas terroriste ! » 

La contestation palestienne anti Hamas à Gazaest naturellement très chroniquée par la presse anglophone, les manifestations contre le pouvoir islamiste étant une première alors que 50 OOO personnes ont été tuées par les bombardements israéliens depuis les attaques du 7 octobre 2023.

Remarquant que « la plupart de ces protestations ont jusqu’à présent été d’une ampleur mesurée, elles n’en constituent pas moins l’expression la plus directe d’un défi face au Hamas », rapporte, jeudi 27 mars, le New York Times sous la plume de l’un de ses correspondants à Jérusalem : « Pour la troisième journée consécutive, des centaines de personnes ont marché dans la ville de Beit Lahia (au nord de Gaza) pour exiger la fin d’un pouvoir vieux de dix-huit ans » du mouvement islamiste.Le quotidien cite notamment un manifestant de 26 ans, Ahmad al-Masri, qui exige le départ des islamistes  : « Si le Hamas ne quitte pas le pouvoir, les massacres, les guerres et les destructions seront sans fin ».

« Les enfants de Palestine voudraient bien vivre ! ».

Sous le titre, « Dans les ruines de Gaza, les manifestants dénoncent le Hamas », le Washington Post consacre un reportage à ces protestations inédites dans un territoire contrôlé d’une main de fer par le mouvement radical palestinien.

« Selon des participants à ces manifestations et des informations de première main, ainsi que sur la foi des photos et des vidéos qui ont été prises, les manifestations ont commencé à Beit Lahia mardi, avant de se propager dans deux autres parties de l’enclave », écrit le journal. « Les manifestants brandissaient des pancartes où l’on pouvait lire « Hamas, dehors ! » Une image montre une petite fille vêtue de rose dont la pancarte annonce simplement : « Les enfants de Palestine voudraient bien vivre ! ».

Le Financial Times, pour sa part, remarque que les partisans du Hamas « ont minimisé la portée de ces manifestations et accusent les protestataires d’être des traîtres à la cause palestinienne ». Le « FT » ajoute cependant que « d’autres Gazaouis ont utilisé les réseaux sociaux pour exprimer leur soutien aux manifestants » : le journal cite ainsi un « post » facebook d’un certain Abo Saif, citoyen de Gaza-ville qui écrit : « Les gens ne demandent pas un miracle ou l’impossible. Ils veulent que leurs enfants puissent retourner à l’école alors que des générations ont oublié ce qu’étudier veut dire. Ils veulent coucher chez eux et pas dans la rue… »

Les enfants palestiniens tués à la une du Haaretz

Dans un « Une » sidérante pour un journal israélien, le quotidien « Haaretz » publie pour sa part les photos d’identité de dizaines d’enfants palestiniens tués sous les bombes israéliennes lors de la reprise des combats à Gaza, titrant sur ces «  300 femmes et enfants tués lors de l’une des nuits les plus abominables » de la guerre.

Alors que la presse israélienne montre à l’ordinaire les photos des otages encore aux mains du Hamas à Gaza, le grand journal de la gauche israélienne a choisi la voie de la provocation en revenant sur les bombardements de la nuit du 17 au 18 mars qui ont fait de nombreuses victimes civiles parmi les Palestiniens durant cette soirée qui a sanctionné la fin de la trève dans le conflit.

« L’enthousiasme régnait cette semaine en Israël après l’attaque victorieuse censée avoir éliminé des centaines de combattants du Hamas », écrit le journal, « En fait, les témoignages sur le terrain, à Gaza, racontent une toute autre histoire ». Une histoire, telle que l’a raconté un interlocuteur de Haaretz, un docteur  Sakib Rokadiya, originaire de Grande Bretagne et volontaire dans la ville de Khan Yunis : « Ce qui ont pétrifié les médecins, c’est le nombre d’enfants qui arrivaient à l’hôpital, enfant après enfant, jeune patient après jeune patient »…

A la « Une  » du site web, au dessus de l’article, défilent sans discontinuer les visages d’enfants tués.