
On les appelle « ceux qui craignent Dieu ». Ils vivent dans des communautés fermées, avec peu de contacts avec le monde extérieur, où le temps semble s’être arrêté. Beaucoup n’ont ni télévision, ni internet, ni bien sûr de réseaux sociaux. Les ultra-orthodoxes, également appelés Haredim, sont des adeptes d’une branche du judaïsme orthodoxe dont la vie est régie par des textes religieux et des normes sociales strictes.
Le New York Times revient sur la distorsion avérée entre la décision de la Cour suprême de l’état hébreu, qui « a annoncé, l’été dernier, que les ultra orthodoxes ne seraient plus exempts de service militaire », et le fait que « seulement 338 jeunes de la secte des’Haredim’ont rejoint les rangs de’tsahal’sur la dizaine de milliers appelés à servir sous les drapeaux ». Israël fait ainsi « face au pire et au plus fondamendal des dilemmes », écrit le New York Times : « sa secte religieuse qui croit le plus vite refuse de servir dans l’armée ».
Les reporters du « NYT » ont pris la peine de passer six mois avec des jeunes appelés haredim, – une secte de la branche du judaïsme orthodoxe dont la vie est régie par des textes religieux et des normes sociales strictes-, une longue enquête qui a donné lieu à la publication d’un article grand format illustré de nombreuses photos prises « en situation » : ils ont ainsi suivi trois jeunes dont les propos et les attitudes illustrent le « dilemme » de Tsahal
Une plongée chez les extrémistes
Le premier, Chaim Krausz, 19 ans, étudie la Torah 14 heures par jour et a refusé de se plier aux injonctions de la Cour, « estimant que servir dans l’armée est non seulement un péché mais aussi une menace contre les traditions ultra orthodoxes ».
Le deuxième, Itamar Greenberg, 18 ans, refuse lui aussi d’obéir mais, relève le papier du New York Times, « ses raisons ne sont pas religieuses » : le jeune homme estime que « l’’État israélien est en train de commettre un massacre à Gaza »…
Yechiel Wais, 19 ans, est le troisième personnage du trio suivi par les journalistes et les photographes du grand quotidien de gauche de la côte est : lui aussi a étudié dans une « yeshiva », une école religieuse, mais cela faisait longtemps, à la différence de ses autres camarades, qu’il rêvait de se confronter au monde extérieur. Il a ainsi répondu présent à l’appel des militaires, estimant que même si servir dans l’armée « n’est pas forcément un ticket d’entrée dans la société israélienne, cette décision est le premier pas pour y accéder ».
Si l’on en croit les chiffres cités plus haut, démontrant amplement que l’immense majorité des Haredim refuse d’aller se battre aux côtés de l’armée d’Israël, la position de Yechiel Wais est donc sans aucun doute ultra-minoritaire… Ce reportage du NYT offre en tous les cas une plongée inédite dans une société israélienne dont parlent peu les journaux français, noyés sous la masse d’informations sur la guerre à Gaza et la libération des otages ; et qui permet de donner un coup de projecteur original sur les tiraillements internes à la société israélienne, restée peut-être moins homogène qu’on ne le croit dans ses réactions depuis le 7 octobre 2023.