Actualités du Moyen-Orient en Temps Réel https://mondafrique.com/moyen-orient/ Mondafrique, site indépendant d'informations pays du Maghreb et Afrique francophone Fri, 13 Jun 2025 20:54:23 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.1 https://mondafrique.com/wp-content/uploads/2017/11/logo_mondafrique-150x36.jpg Actualités du Moyen-Orient en Temps Réel https://mondafrique.com/moyen-orient/ 32 32 La guerre invisible des Israéliens au coeur des États ennemis https://mondafrique.com/moyen-orient/la-guerre-invisible-des-israeliens-au-coeur-des-etats-ennemis/ https://mondafrique.com/moyen-orient/la-guerre-invisible-des-israeliens-au-coeur-des-etats-ennemis/#respond Fri, 13 Jun 2025 14:57:28 +0000 https://mondafrique.com/?p=135548 Alors que les projecteurs restent braqués sur les frappes visibles, Israël mène une guerre invisible au cœur de ses ennemis. Sans troupes ni occupation, mais avec infiltration, manipulation et renseignement, Tel-Aviv impose une domination inédite : celle d’un État sans territoire. Alors que les regards se fixent sur les drones et les missiles, une guerre […]

Cet article La guerre invisible des Israéliens au coeur des États ennemis est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Alors que les projecteurs restent braqués sur les frappes visibles, Israël mène une guerre invisible au cœur de ses ennemis. Sans troupes ni occupation, mais avec infiltration, manipulation et renseignement, Tel-Aviv impose une domination inédite : celle d’un État sans territoire.

AI software on laptop used by state of Israel security services to prevent terrorism attacks. Artificial intelligence tech used by Mossad agency to defend borders, isolated over Israeli flag, camera B

Alors que les regards se fixent sur les drones et les missiles, une guerre plus subtile, plus silencieuse mais tout aussi décisive se joue ailleurs : dans les cerveaux, dans les circuits, dans les institutions mêmes de l’ennemi. Israël, souvent décrit comme encerclé, isolé, vulnérable, apparaît aujourd’hui comme une puissance capable de frapper au cœur des États les plus hostiles sans jamais y mettre un soldat. En Iran comme au Liban, Tel-Aviv n’a pas besoin d’occuper le sol, il y vit déjà dans les ombres.

L’époque des tanks, des lignes de front et des bottes sur le terrain semble appartenir au passé. Le conflit asymétrique moderne s’écrit avec des téléphones portables, des agents dormants, des faux passeports, des piratages informatiques et des opérations ciblées aussi spectaculaires que discrètes.

En Iran, les dernières années ont vu une série de frappes d’une précision presque surnaturelle : des têtes de programme nucléaire éliminées à quelques mètres de leur domicile ; des drones infiltrés dans des installations classées top secret ; des attaques cybernétiques paralysant des centrifugeuses sans qu’aucune bombe n’ait été larguée. La question n’est plus tant de savoir si Israël est présent à l’intérieur de l’Iran, mais jusqu’à quel point.

Ce que l’on observe désormais, c’est la constitution d’un État parallèle. Pas un État territorial, mais un État d’influence, de renseignement et de pénétration. Une présence souterraine, active, structurée, à l’intérieur même des dispositifs ennemis. Et dans ce nouveau paradigme, Israël excelle.

La guerre sans champ de bataille

Pendant des années, les analystes et les chancelleries ont décrit l’Iran comme bâtisseur d’un État dans l’État au Liban, via le Hezbollah. Contrôle sécuritaire, social, financier, jusqu’au monopole de la guerre : ce réseau s’est imposé comme un pouvoir parallèle face à un État libanais affaibli. Mais voilà qu’un autre miroir se dresse : au Liban, Israël opère lui aussi de l’intérieur.

L’assassinat ciblé d’un cadre du Hamas à Beyrouth, les explosions mystérieuses dans la banlieue sud, les interceptions de convois en pleine Bekaa : tout cela signale une présence invisible mais active. La guerre de l’information s’y superpose à la guerre d’attrition. Des pages cryptées circulent, des informateurs changent de loyauté, des appareils explosent à distance. Israël ne cherche pas la conquête militaire, il cherche la dislocation intérieure.

Le message est clair : vous n’êtes plus à l’abri nulle part. Ni à Natanz, ni à Beyrouth, ni dans les sanctuaires supposés impénétrables. L’ennemi est déjà chez vous. Il connaît vos habitudes, vos mots de passe, vos déplacements, vos faiblesses humaines. Il parle votre langue, parfois mieux que vous. La guerre n’a pas seulement changé de forme. Elle a changé de lieu, elle se joue désormais dans vos foyers.

Ce qui rend cette stratégie israélienne redoutable, c’est qu’elle ne repose pas uniquement sur la technologie, mais sur l’humain. Elle infiltre les systèmes non pas par la force brute, mais par la trahison intérieure.

Dans un régime autoritaire comme l’Iran, où la méfiance règne à tous les niveaux, cette forme de guerre sape non seulement la sécurité, mais aussi la cohésion psychologique du pouvoir. Quand un scientifique est tué sans qu’aucun agent ne soit capté, quand une base est détruite sans alerte préalable, le soupçon devient viral. Qui a parlé ? Qui a permis cela ? À partir de là, chaque supérieur devient suspect, chaque collègue un traître potentiel. L’effondrement commence bien avant l’explosion.

Il ne s’agit pas seulement de tuer, mais de déstabiliser la confiance au sein des institutions. Le Mossad, dans ce cadre, agit comme une entité virale, un parasite à l’intérieur du système hôte. Il retourne les éléments les uns contre les autres, détruit l’unité organique du corps politique et militaire, jusqu’à provoquer une auto-dissolution.

Ce type de guerre ne donne pas lieu à des victoires éclatantes. Il n’y a pas de capitulation, pas de drapeau hissé, pas de signature de traité. Mais ce sont précisément ces guerres-là qui sont les plus durables. Car elles ne visent pas à abattre un État, mais à le rendre inopérant de l’intérieur.

Saboter la confiance : le vrai terrain de la défaite

Israeli IDF army specialist using target acquisition tech on laptop to detect enemy location, close up shot. Mossad agent isolated over Israel flag using satellite device

Regardons l’Iran aujourd’hui : son programme nucléaire ralentit, ses élites sont sur la défensive, ses frappes de représailles hésitantes. Et pourtant, Israël n’a jamais occupé une seule parcelle de son territoire. Il l’a seulement percé. Et cela suffit. Un pouvoir qui ne peut plus protéger ses scientifiques, garantir la confidentialité de ses installations ou faire taire les soupçons internes perd de sa légitimité.

On assiste ici à une forme de guerre postmoderne, où la conquête territoriale est remplacée par la conquête cognitive et systémique. L’État ne s’effondre pas sous les bombes, mais sous le poids de ses propres fissures.

L’une des ruptures majeures de cette stratégie, c’est l’abandon de la logique territoriale. Israël ne cherche plus à s’étendre, à occuper, à annexer. Il préfère être présent sans être vu, opérant comme un État de l’ombre. Une structure fluide, mobile, imprévisible.

C’est ce que les stratèges appellent parfois la doctrine du nuage : partout à la fois, insaisissable, fragmenté, mais capable de se condenser à tout moment pour frapper. Un agent du Mossad peut être un médecin, un ingénieur, un diplomate, ou simplement un mot, un fichier, une carte SIM. Le Mossad est devenu, en quelque sorte, un État liquide.

Ce modèle n’est pas seulement efficace ; il est profondément perturbateur. Car il introduit l’idée que le pouvoir militaire ne réside plus dans la force, mais dans l’accès. Accès aux données, aux réseaux, aux esprits.

Mais cette stratégie a un prix. Elle ne peut s’inscrire dans la durée que si elle reste invisible. Or, plus elle se répète, plus elle est repérée, et plus elle risque de provoquer une réaction symétrique. Déjà, Téhéran tente de répliquer, en menant des cyberattaques, en soutenant des groupes paramilitaires à l’étranger, en s’armant de contre-espionnage.

La guerre de l’ombre appelle toujours une autre ombre. Et plus Israël pénètre les États ennemis, plus il les incite à faire de même. Une guerre entre systèmes invisibles est par nature instable, car elle n’a pas de frontières, pas de cessez-le-feu possible, pas de théâtre désigné. Elle est partout, tout le temps.

Israël n’a pas conquis Téhéran. Il ne l’a même pas survolée. Et pourtant, il a réussi à en désarticuler une partie de l’appareil stratégique. Il n’a pas besoin d’être vu pour être présent, ni de s’installer pour dominer. Il lui suffit d’écouter et d’infiltrer.

L’Iran pensait pouvoir exporter sa révolution à travers des milices, des transferts d’armes, des slogans. Mais il découvre aujourd’hui qu’un autre modèle existe : celui d’un ennemi qui ne vous affronte pas frontalement, mais vous ronge de l’intérieur, patiemment, méthodiquement. Qui transforme votre propre État en théâtre d’opérations.

C’est peut-être cela, la leçon de cette guerre silencieuse. Dans le monde d’aujourd’hui, on peut perdre la bataille sans s’en rendre compte. Et un État n’a plus besoin d’envahir pour vaincre. Il suffit qu’il vous habite.

 

Cet article La guerre invisible des Israéliens au coeur des États ennemis est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
https://mondafrique.com/moyen-orient/la-guerre-invisible-des-israeliens-au-coeur-des-etats-ennemis/feed/ 0
L’Égypte refoule les manifestants en route pour Rafah https://mondafrique.com/moyen-orient/legypte-refoule-les-manifestants-en-route-pour-rafah/ https://mondafrique.com/moyen-orient/legypte-refoule-les-manifestants-en-route-pour-rafah/#respond Fri, 13 Jun 2025 08:11:22 +0000 https://mondafrique.com/?p=135472 Alors que des manifestants affluent du monde entier au Caire pour participer à la marche internationale vers Rafah afin de lever le blocus de l’aide humanitaire, l’Egypte tente, non sans mal, de refouler les délégations étrangères. A l’heure où Mondafrique écrit ces lignes, des Français sont bloqués à l’aéroport du Caire. Hier, les autorités égyptiennes […]

Cet article L’Égypte refoule les manifestants en route pour Rafah est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Alors que des manifestants affluent du monde entier au Caire pour participer à la marche internationale vers Rafah afin de lever le blocus de l’aide humanitaire, l’Egypte tente, non sans mal, de refouler les délégations étrangères.

A l’heure où Mondafrique écrit ces lignes, des Français sont bloqués à l’aéroport du Caire. Hier, les autorités égyptiennes ont fait le tour des hôtels de la capitale et ont conduit aux postes de police les étrangers soupçonnés de vouloir participer à la grande marche vers le poste de frontière de Rafah, porte d’entrée de l’aide humanitaire. Les manifestants se sont vus confisquer leur passeport pendant des heures sans aucune explication.  Pour l’instant, le Quai d’Orsay ne s’est pas exprimé sur la situation de ces ressortissants.

« Air Maroc » refoulé

Mais les Français ne sont pas les seuls à être victimes du blocus égyptien. Le 11 juin, le premier avion à avoir été immobilisé puis contraint de faire demi-tour en ramenant ses passagers venus apporter leur soutien aux Gazaouis était celui d’Air Maroc. Depuis, selon un contact de Mondafrique sur place, tous les manifestants arrivant à l’aéroport, quelle que soit leur provenance, sont systématiquement expulsés.  La colère gronde dans l’aérogare où de nombreux partisans de la cause palestinienne entonnent des slogans « Honte à l’Egypte qui a vendu Gaza pour des dollars. »

Pour le pouvoir égyptien, le plus dur reste à venir. Un convoi appelé « Soumoud » parti de Tunisie avec des ressortissants des pays du Maghreb a traversé tous ces pays. Ce convoi devrait arriver à la frontière égyptienne dans la journée du 12 juin. Les autorités ont déjà fait savoir que cette caravane n’était pas autorisée à entrer sur leur territoire. Que vont faire alors les milliers de personnes participant à ce convoi ? Et quid des autres qui continuent d’affluer ? Cette situation est particulièrement délicate à gérer pour le Président Al-Sissi qui ne veut pas accueillir ces manifestations pour ne pas fâcher ses alliés mais qui va subir le courroux des peuples de la région et du sien qui, dans sa très grande majorité soutient la cause palestinienne.

Marche pour Gaza : l’Egypte sous pression

Cet article L’Égypte refoule les manifestants en route pour Rafah est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
https://mondafrique.com/moyen-orient/legypte-refoule-les-manifestants-en-route-pour-rafah/feed/ 0
Jean Pierre Filiu: « Ce qui reste de Gaza défie les mots » https://mondafrique.com/moyen-orient/jean-pierre-filiu-un-historien-courageux-a-gaza-ce-qui-en-reste-defie-les-mots/ https://mondafrique.com/moyen-orient/jean-pierre-filiu-un-historien-courageux-a-gaza-ce-qui-en-reste-defie-les-mots/#respond Fri, 13 Jun 2025 06:10:12 +0000 https://mondafrique.com/?p=135447 Le témoignage sur vingt mois de guerre dans la bande de Gaza est signé par un historien, Jean-Pierre Filiu, qui a eu la force morale de pénétrer dans l’enclave palestinienne ravagée… au pire des moments… et de tout raconter: « le territoire que j’ai connu et arpenté n’existe plus » Une chronique de Joelle Hazard Le « […]

Cet article Jean Pierre Filiu: « Ce qui reste de Gaza défie les mots » est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Le témoignage sur vingt mois de guerre dans la bande de Gaza est signé par un historien, Jean-Pierre Filiu, qui a eu la force morale de pénétrer dans l’enclave palestinienne ravagée… au pire des moments… et de tout raconter: « le territoire que j’ai connu et arpenté n’existe plus »

Une chronique de Joelle Hazard

Le « 7 octobre 2023 » risque d’oblitérer pour longtemps les données de la Question Palestinienne. L’Histoire et, notamment, l’évocation de la « Nakba » – la Catastrophe de 1948, suivie de l’exode des Palestiniens – est partout présente dans l’Enclave de Gaza.   Depuis 2024, la légitime réaction d’Israël au « 7 octobre », autrement dit la guerre menée par Israël d’abord contre le Mouvement (ou le Parti) Hamas, jugé seul responsable des massacres, s’est rapidement transformée en un conflit global contre l’ensemble de la population palestinienne de l’Enclave. La situation n’a fait que se radicaliser au cours des mois. 

 L’enjeu des captifs israéliens détenus en otage dans la Bande de Gaza a rapidement primé sur toute autre considération, ce que la plupart des opinions mondiales pouvaient alors comprendre et même admettre. 

La presse internationale ayant été interdite sur le terrain par Israël, cet épouvantable affrontement ne pouvait être observé de l’extérieur qu’à travers un caléidoscope déformant. Les bribes d’informations et les images « autorisées », obtenues et filtrées en Israël par des agences internationales ou des chaînes comme Al-Jazira, reprenaient les reportages de journalistes palestiniens faits sous les bombes. Plus de 200 d‘entre eux périrent sous les tirs de l’armée israélienne !

Pour le gouvernement israélien, toutes « les vérités n’étant pas bonnes à dire », comme c’est le cas de la destruction d’hôpitaux ou le déplacement (permanent et par milliers) de populations affamées et réduites à dormir sous des bâches.

 Toutes les tentatives de cessez-le-feu ont échoué, que ce soit à Doha, à Riyad, à Ankara, au Caire, à Moscou ou à Pékin. Systématiquement. La logique du Premier ministre israélien Netanyahou aura visiblement été de rendre impossible toute sortie de guerre et tout Accord, qui résoudraient la Question Palestinienne… d’une façon ou d’une autre, à l’exception de la colonisation et du massacre ou de l’exil.

Or au cours des derniers mois, les langues se délient en Israël et ailleurs, les vérités désagréables sourdent de partout, Gaza devient une préoccupation médiatique mondiale, certes toujours loin derrière l’Ukraine, mais au cœur des inquiétudes, des peurs, et de la colère de tout un chacun. L’opinion mondiale rejette la banalisation de l’apartheid imposé aux musulmans par l’État Juif.

Et c’est l’effet le plus grave parce que le plus durable de ce qui ressortit de plus en plus de l’effondrement moral du Peuple d’Israël. Mais tout n’est pas perdu ! La majorité des Israéliens s’insurge (du bout des lèvres) contre le risque de tout « nettoyage ethnique », voire d’un génocide comme celui qui se profile ; c’est ce que souligne l’ancien Premier ministre Ehud Olmert, qui dénonce du bout des lèvres la politique de « restriction de l’aide humanitaire ». C’est déjà ça !

C’est dans ce contexte que l’ouvrage de Jean-Pierre Filiu, « Un historien à Gaza » vient de prendre toute sa valeur, de même que d’asseoir son l’autorité scientifique, littéraire et morale de son auteur.

Historien, chercheur au CERI, professeur des universités en Histoire du Moyen-Orient à Sciences Po, et bien sûr, arabisant, Jean-Pierre Filiu a vécu plus d’un mois (de décembre 2024 à janvier dernier) dans l’enfer de Gaza. Il y était entré sous la bannière de Médecins sans frontières, en prenant alors tous les risques – 1500 tués parmi le personnel de santé. 

Nous disposons ainsi, pour la première fois depuis 2023, de la relation de faits constatés sur le vif par un immense expert de la région peu suspect de parti pris. En parfait héros Stendhalien, le témoin nous décrit l’horreur vécue par les Gazaouis, tout en nous faisant, d’une plume acerbe, le récit historique des causes profondes du blocus de Gaza.

L’historien qu’il reste avant tout a été interviewé par les médias audiovisuels.  Il y a quelques jours à peine, à la librairie Le Tiers Mythe, face à quelques amis de longue date, il n’a pas caché ses craintes.

Voici quelques extraits d’un discours qui tonne comme une alarme à bord d’un bateau à la dérive.

 Gaza est un laboratoire. J’ai vu le laboratoire du monde abandonné à Trump, à Poutine, au Hamas et à Netanyahou. Un monde sans règles, qui non seulement n’est pas capable de progresser, mais qui va régresser et mettre à bas les normes mises péniblement en place à l’issue de la 2eme guerre mondiale. Les Conventions de Genève, la déclaration universelle des Droits de l’homme, les différents mécanismes de protection plus ou moins liés aux Nations Unies. Et on a ce triangle Trump/ Poutine/Netanyahou qui est à l’œuvre, qui est un désastre pour l’Europe, qui est une menace existentielle pour l’Europe. C’est le fondement même de l’Ordre international qui est menacé à Gaza. »

Sauver Gaza pour sauver l’Europe

« On n’en prend pas conscience à l’échelle de ce défi : L’Europe est menacée en Ukraine, pas à Gaza. On commence à se rendre compte que si un bombardement d’hôpital est un acte de terreur en Ukraine, peut-être que c’est aussi le cas à Gaza !! Si on occupe des territoires, si on déplace les populations, si on envisage de les annexer c’est un crime abominable en Ukraine, peut-être que cela va devenir le cas à Gaza !!  On en est là ! La menace c’est celle d’un monde sans règles, avec la loi du plus fort, d’où le terme d’ inhumanitaire  que je maintiens et peux argumenter, et que c’est sur l’humanitaire que se fait le basculement. 

Cela s’appelle « Fondation humanitaire de Gaza » l’espèce de bidule que les Américains sur inspiration israélienne ont enregistré à Genève pour aujourd’hui aboutir à ces tueries à répétition dans le sud de l’enclave. Ils n’ont pas appelé cela « guerre de civilisation », non c’est « humanitaire » !  Donc il faut faire très attention parce que c’est Orwell ! La paix c’est la guerre, la liberté c’est l’esclavage », et cette inversion-là est tragique et sape beaucoup plus de choses que nous le pensons ».

En dépit à l’absence de la presse sur le terrain et de rares professionnels de santé sur place, dévoués mais muets, Jean-Pierre Filiu a pu constater le succès de la propagande de Netanyahou 

« Vu de la bande Gaza, c’est bel et bien sur le front médiatique qu’Israël a remporté sa seule victoire incontestable du conflit » écrit-il. « Une victoire d’autant plus facile que la presse internationale ne s’est pas beaucoup battue pour exercer son droit à l’information libre à Gaza. Et il faut l’horreur des bébés morts de froid pour susciter un fugace regain d’intérêt, sur la base de témoignages recueillis au téléphone, sans confrontation directe avec une telle abomination.

C’est ainsi que les victimes sont tuées deux fois. La première fois quand la machine de guerre israélienne les frappe directement dans leur chair ou les étouffe à petit peu sous leurs tentes. La seconde quand l’intensité de leur souffrance et l’ampleur de leur perte sont niées par la propagande israélienne, quand elles ne sont pas accusées d’être collectivement ou individuellement des terroristes. »

« Vous avez voulu l’enfer, vous aurez l’enfer « C’est ce qu’avait promis le général israélien Ghassan Alian, coordinateur des activités gouvernementales israéliennes dans les territoires, à l’adresse des Palestiniens qu’il qualifiait alors « d’animaux humains » …

Cet enfer est là depuis 20 mois. Aux dizaines de milliers de morts, s’ajoute l’horreur du quotidien pour les survivants et les blessés sans soins ni médicaments

La faim, l’eau potable, le froid 

Près de 2 millions de civils ont dû fuir jusqu’à dix fois. Gaza est divisé en 620 blocs et l’on déplace la population, privée de nourriture, d’eau et d’abri, de bloc en bloc… une torture ! 

Femmes et enfants sont majoritairement touchés par de graves problèmes de santé : déshydratation, infections de toutes sortes, maladies de peau, jaunisse aigue, hépatite A, gale, sans compter les premiers cas de polio.  Le nombre d’enfants tués durant les 4 premiers mois de l’offensive israélienne dépasse celui des enfants tués en 4 ans dans l’ensemble des conflits à travers le monde. 15 000 enfants tués entre octobre 23 et fin 2024, 12 000 femmes dans le même laps de temps.

Un monde livré aux charognards, aux pillards assistés, au vol des convois, comme l’a démontré le scandale de distribution de vivres « à l’ombre de mercenaires américains ». Les Nations unies et de nombreux groupes d’aide ont refusé de coopérer avec les plans de la « Fondation humanitaire de Gaza » qui, selon eux, contredisent les principes humanitaires et semblent militariser l’aide, ce qui est confirmé : 

« Les militaires israéliens arment des gangs pour combattre le Hamas » vient de reconnaître Benjamin Netanyahou, en réponse à l’ancien ministre de la Défense, Avigdor Lieberman, qui l’accusait de transférer des armes à des groupes de voyous et de criminels : parmi eux un gang armé mené par Yasser Abou Shebab, trafiquant de drogue et voleur de Rafah, lequel a dirigé des groupes de centaines d’hommes armés pour voler les convois de vivres durant la deuxième moitié de 2024…   

« Chaque jour m’apporte son lot de bandes prenant d’assaut des convois humanitaires, de barrages improvisés par des coupeurs deroute, d’enfants s’accrochant aux camions pour en dérober un sac de farine ou deux. Le gang d’Abou Shebab, protégé au sud-est de Rafah par la bienveillance israélienne fait des émules jusque dans la « zone humanitaire ». Une demi-douzaine d’hommes cagoulés, armés d’un pistolet, de six grenades et d’un improbable scalpel, rackettent, un début d’après-midi, les véhicules au sud de Deir Al-Balah…. 

Chaque jour aussi me reviennent, toujours insoutenables, des témoignages et images de tirs dans les rotules. Le Hamas a en effet recours de manière publique et systématique au châtiment qu’il réservait, lors de la guerre civile de 2007, à ses ennemis du Fatah… Le Hamas se pose en gardien de ce qui reste d’ordre face à la rapacité des pillards. Mais il s’agit d’un Hamas sensiblement dégradé par l’élimination de ses dirigeants historiques. »

 Les gros bras ont pris le relais

On les surnomme à Gaza les « zanzanas », les « drones » (car ils interviennent brutalement) …  

 « …Le Hamas est partout. Il peut espionner, réprimer, dénoncer, sanctionner.  Au lieu d’affaiblir le Hamas la guerre de Gaza le renforce relativement. Le Hamas est affaibli, mais moins que la société palestinienne.  Netanyahou ne veut pas d’identité palestinienne digne de ce nom. Parce que qu’il ne veut plus de revendication d’un état palestinien. Donc il préfère ravager et il a détruit tous les pôles de résistance à la domination du Hamas qui étaient nombreux dans la société : les universités, 12 universités ravagées. La classe moyenne disparue dans la mer de tentes. Donc tout ce qui était expression critique, création culturelle ; Gaza avait la plus grande densité de groupes de rap du monde arabe… de rap ! Évidemment, ce n’était pas l’image que Gaza donnait au monde, parce Gaza était sous blocus.   Cette catastrophe a amené des miliciens au Hamas, des gens qui veulent se venger, parce qu’ils ont tout perdu, et d’abord leurs proches. Le Hamas a largement compensé les pertes que lui a infligé Israël en recrutant de nouveaux miliciens » …

Netanyahou a lancé la bataille de Rafah, qui lui a permis de clore la frontière avec l’Égypte et d’enfermer complètement la bande de Gaza. Sa destruction méthodique de l’enclave risque d’être suivie du déplacement des Palestiniens dans des « zones humanitaires, en organisant le départ volontaire des Gazaouis. Il a totalement refaçonné l’armée depuis le départ de son ancien ministre de la Défense, du chef d’état-major et des généraux. Le seul espoir des Palestiniens de Gaza c’est que le reste du monde se mobilise soudain, après 16 ans d’indifférence, pour les sortir de leur blocus. 

On ne vit plus à Gaza que de l’espoir de la fameuse Conférence co-présidée par les Président Français Emmanuel Macron et le Prince héritier saoudien Mohamed bin Salman (MBS), qui doit se tenir au siège new-yorkais des Nations Unies à la mi-juin et qui est censée proposer et trouver la solution-miracle la création d’un État Palestinien.

L’Ouvrage de Jean-Pierre Filiu est venu à point nommé : il permet de comprendre, il commande d’espérer.

 

 

Cet article Jean Pierre Filiu: « Ce qui reste de Gaza défie les mots » est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
https://mondafrique.com/moyen-orient/jean-pierre-filiu-un-historien-courageux-a-gaza-ce-qui-en-reste-defie-les-mots/feed/ 0
Marche pour Gaza : l’Egypte sous pression https://mondafrique.com/moyen-orient/marche-pour-gaza-legypte-sous-pression/ https://mondafrique.com/moyen-orient/marche-pour-gaza-legypte-sous-pression/#respond Thu, 12 Jun 2025 06:00:06 +0000 https://mondafrique.com/?p=135443 Les menaces d’Israël s’intensifient face à la perspective de l’arrivée en Égypte du convoi Al Soumoud en route pour Rafah. Selim JaziriParti de Tunis lundi matin, le convoi Al Soumoud pour prendre part à la Marche mondiale pour Gaza qui doit rejoindre le point frontière de Rafah le 15 juin, traverse actuellement la Libye. Composé […]

Cet article Marche pour Gaza : l’Egypte sous pression est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Les menaces d’Israël s’intensifient face à la perspective de l’arrivée en Égypte du convoi Al Soumoud en route pour Rafah.

Selim Jaziri
Parti de Tunis lundi matin, le convoi Al Soumoud pour prendre part à la Marche mondiale pour Gaza qui doit rejoindre le point frontière de Rafah le 15 juin, traverse actuellement la Libye. Composé à présent de 18 bus et au moins d’une centaine de véhicules, transportant quelque 2000 personnes, essentiellement des Tunisiens, rejoints par des Algériens et des Libyens, le convoi suscite, tout au long de son parcours, des réactions de soutien enthousiaste. Les commerçants libyens refusent de se faire payer, offre repas et essence. Misrata a annoncé un jour de congé pour accueillir le convoi ce jeudi. Occulté par la frilosité des États, le soutien populaire à la cause palestinienne dans les opinions maghrébines retrouve une vigueur spectaculaire.

Le moins que l’on puisse dire est que l’accueil s’annonce moins chaleureux en Égypte. En prévision de l’arrivée du convoi, les propagandistes du régime évoquent une manœuvre des Frères musulmans pour susciter une confrontation avec Israël. Les autorités égyptiennes ont fait la sourde oreille aux demandes d’autorisation adressées par les organisateurs du convoi. Par ailleurs, ces deux derniers jours, des dizaines de passagers européens ou Marocains ont été placés en détention à leur arrivée à l’aéroport du Caire, et expulsés. La police effectue des descente dans les hôtels pour interpeler les membres de délégations de la Marche mondiale.

Le Caire applique à la lettre les exigences israéliennes adressés par le Ministre de la Défense Israël Katz : « J’attends des autorités égyptiennes qu’elles empêchent les manifestants djihadistes d’accéder à la frontière égyptienne, et qu’elles ne leur permettent pas de se livrer à des provocations et d’essayer d’entrer à Gaza, ce qui mettra en danger la sécurité des soldats [israéliens] » Le sous-entendu est clair, l’armée israélienne menace de faire usage de la force.

Cet avertissement ne dissuade pas le convoi de poursuivre sa route, mais il risque d’être bloqué à la frontière, d’autant que la plupart des participants tunisiens n’ont pas le visa exigé pour entrer en Égypte. Reste à savoir ce que sera la réaction des Egyptiens. Une mobilisation placerait le pouvoir, qui prétend pourtant qu’il « importe de faire pression sur Israël pour lever le siège de la bande de Gaza et permettre l’accès humanitaire », face à ses contradictions.

Cet article Marche pour Gaza : l’Egypte sous pression est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
https://mondafrique.com/moyen-orient/marche-pour-gaza-legypte-sous-pression/feed/ 0
Rima Hassan et Greta Thunberg voguant vers Gaza https://mondafrique.com/moyen-orient/rima-et-greta-voguaient-vers-gaza/ https://mondafrique.com/moyen-orient/rima-et-greta-voguaient-vers-gaza/#respond Wed, 11 Jun 2025 04:26:21 +0000 https://mondafrique.com/?p=135369 L’armée israélienne a dérouté ce lundi 9 juin le Madleen, voilier transportant de l’aide humanitaire en direction de Gaza pour « briser le blocus ». À son bord, 12 personnes comme la militante Greta Thunberg et l’eurodéputée Rima Hassan ont été interceptées en vue de leur expulsion. Une atteinte au droit international « Ce que vient de faire […]

Cet article Rima Hassan et Greta Thunberg voguant vers Gaza est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>

L’armée israélienne a dérouté ce lundi 9 juin le Madleen, voilier transportant de l’aide humanitaire en direction de Gaza pour « briser le blocus ». À son bord, 12 personnes comme la militante Greta Thunberg et l’eurodéputée Rima Hassan ont été interceptées en vue de leur expulsion.

Une atteinte au droit international

« Ce que vient de faire le gouvernement israélien est illégal au regard du droit international « , affirme ce lundi sur RMC-BFMTV Manon Aubry, eurodéputée de La France insoumise.

La raison de son indignation: le déroutement par l’armée israélienne d’un bateau humanitaire faisant route en direction de Gaza, avec à son bord plusieurs Français, dont l’eurodéputée Rima Hassan. Pour Jean-Luc Mélenchon, il s’agit tout bonnement d’un « acte de piraterie ». « Nous craignons le pire car ceux qui ont procédé à cette arraisonnement sont capables du pire et l’ont montré en toutes circonstances », déclare l’ancien candidat à la présidentielle.

« Et douze activistes aux pieds nus, bienveillants », une ballade d’une de nos lectrices

En des temps où l’écran règne en roi,

Et qu’aux likes l’on sacrifie la foi,

Deux grandes âmes, pleines d’espoir lyrique,

S’embarquèrent pour un voyage pacifique.

L’une s’appelait Rima, rouge de passion,

L’autre, Greta, verte par conviction.

À bord du Madleen, vieux bateau militant,

Elles voguaient vers Gaza, l’écume au vent.

Objectif : briser le blocus en dériveur,

Et prouver qu’on peut sauver avec ferveur,

La Palestine, non par les chars ou les lois,

Mais par les stories, les reels et la foi.

À bord : quelques gnocchis, du riz complet,

Des drapeaux brodés, des slogans bien ficelés,

Et douze activistes aux pieds nus, bienveillants,

Brandissant leur vertu comme un étendard flamboyant.

Mais hélas, nul ne prévit la logique :

Israël, peu ému par le symbolique,

Intercepta le navire tel un faucon,

Et offrit aux passagères un falafel tiédon.

Greta reçut une bouteille en plastique,

Sacrilège pour l’égérie éco-politique !

Quant à Rima, elle crut à l’enlèvement,

Hurlant au monde entier son dévouement.

Macron, prompt comme le vent qui tourbillonne,

S’indigna : « Libérez les héroïnes qui s’adonnent

À l’aide humanitaire, aux nobles intentions ! »

Tandis qu’à la frontière, sans prétention,

Les douanes israéliennes, avec tact,

Renvoyaient nos deux stars au prestige intact.

Mais qu’ont-elles livré, au fond, ces deux figures ?

Ni lait, ni riz, ni soins, ni procédures.

Leur cargaison ? Des récits à grand tirage,

Des messages, des selfies et du mirage.

Sous filtre Instagram, bien contrasté,

Un happening flottant, un geste posté.

Rima, grande voix du militantisme chic,

Ne livrait pas de l’aide, mais du politique.

Et Greta, boussole verte en mal de plan,

Faisait voguer sa marque, pas un océan.

Ce n’était pas l’UNRWA qui applaudissait,

Mais les abonnés TikTok qui s’émerveillaient. 

À Gaza, nul ne sentit la houle de leur rame.

La vie y reste dure, la guerre, une flamme.

Mais au « Café Monde », entre deux débats,

On commentait : « Elles y étaient, et c’est déjà ça ! »

Un selfie en keffieh, une larme cadrée,

Et les voilà prêtes pour la tournée télé.

Moralité ? Le militantisme de croisière

Fait plus de bruit qu’un missile en frontière.

Ce n’est plus l’aide qu’on brandit au port,

Mais la lumière d’un néon et le bon décor.

On ne change plus le monde, on le digitalise.

On ne livre plus du pain, mais des uploads.

 

Cet article Rima Hassan et Greta Thunberg voguant vers Gaza est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
https://mondafrique.com/moyen-orient/rima-et-greta-voguaient-vers-gaza/feed/ 0
L’Iran achète des composants pour missiles à la Chine https://mondafrique.com/international/liran-achete-des-composants-pour-missiles-a-la-chine/ https://mondafrique.com/international/liran-achete-des-composants-pour-missiles-a-la-chine/#respond Sun, 08 Jun 2025 16:34:54 +0000 https://mondafrique.com/?p=135308 Un scoop du grand journal New Yorkais, The Wall Street Journal : des « sources proches de la transaction » révèlent que Téhéran, qui est en train de négocier l’avenir de son programme nucléaire avec les Etats-Unis,  a acheté au printemps des ingrédients chimiques pour missiles à une entreprise chinoise basée à Hongkong.  L’Iran a commandé en […]

Cet article L’Iran achète des composants pour missiles à la Chine est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Un scoop du grand journal New Yorkais, The Wall Street Journal : des « sources proches de la transaction » révèlent que Téhéran, qui est en train de négocier l’avenir de son programme nucléaire avec les Etats-Unis,  a acheté au printemps des ingrédients chimiques pour missiles à une entreprise chinoise basée à Hongkong. 
L’Iran a commandé en mars des milliers de tonnes d’ammonium de perchlorate, un agent explosif utilisé comme composants pour missiles, a révélé, jeudi 5 juin, le Wall Street Journal, après avoir obtenu cette information exclusive de la part de « sources proches de la transaction ». Sources évidemment anonymes mais dont la garantie de sérieux est attestée par le souci de rigueur de ce grand journal américain. 
« Des cargaisons d’ammonium de perchlorate devraient être livrées aux Iraniens [depuis la Chine] dans les prochains mois et pourraient servir de carburant à des centaines de missiles balistiques », indiquent les sources du « WSJ ». Ces dernières précisent que les bénéficiaires « seront aussi probablement  des groupes armés régionaux, tels les Houthis du Yémen », proches alliés du régime des mollahs. 

L’axe Pékin Téhéran

 
Le quotidien est en mesure de donner des détails sur l’entreprise chinoise concernée par la transaction : il s’agit de Lion Commodities Holdings ltd, basée à Hongkong,  et à qui l’Iranien Pishgaman Tejarat Novin co a commandé ce genre de « poudre à canon », pour utiliser un vocabulaire familier. Contactés par le Wall Street Journal, un porte parole de « Lion commodities » s’est contenté de répondre , sans démentir, que « la Chine prend garde d’exercer un contrôle très strict pour tous les matériaux pouvant être utilisés [à des fins civiles et militaires] et cela en conformité avec les lois chinoises d’exportations et les réglementations internationales ».
L’Iran est pour la Chine – qui achète chaque année des millions de barils de pétrole brut au régime de Téhéran-, un pays à la valeur économique et stratégique cruciale. La proximité de la relation entre Chine et Iran s’inscrit ainsi dans la stratégie globale de Pékin visant à créer, notamment en compagnie de Moscou et de la Corée-du-Nord, un « axe » anti occidental. Même si la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis bouleverse ce schéma :  Pékin est désormais contrainte de se présenter comme une « puissance de stabilité » dans un monde chaotique si elle veut encore pouvoir commercer avec les pays occidentaux. Et notamment les Européens. 
Reste que fournir de tels composants chimiques aux Iraniens n’est à l’évidence pas une opération purement commerciale alors que Téhéran et Washington sont engagés dans une négociation pour le moment infructueuse sur l’avenir du programme nucléaire iranien. L’enrichissement de l’uranium, principal point d’achoppement de ce pourparlers, permet en effet à l’Iran de se rapprocher du seuil où elle sera en capacité de fabriquer une bombe atomique.
Le WSJ rappelle dans l’article que l’Iran possède « l’un des programmes balistiques les plus importants de la région, selon des sources américaines ». L’ammonium de perchlorate, « également utilisé dans la fabrication de feux d’artifice est un élément essentiel dans la composition du carburant solide utilisé par l’Iran pour ses missiles », ajoutent ces mêmes sources. Elles précisent que la quantité de ce produit chimique acheté aux Chinois pourrait « permettre aux Iraniens de produire environ 800 Missiles ».  
Alors que le « Guide de la révolution » iranienne, l’ayatollah Khamenei, vient de refuser les dernières propositions américaines au terme de cinq « round » de négociations consacrées au nucléaire iranien, Donald Trump a écrit  mercredi sur son  réseau social que « le temps est compté pour les Iraniens : ils doivent prendre une décision en ce qui concerne l’arme nucléaire! ». L’implication de la Chine ne va pas simplifier l’affaire.
 
 
 
 
 
 
 
 

Cet article L’Iran achète des composants pour missiles à la Chine est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
https://mondafrique.com/international/liran-achete-des-composants-pour-missiles-a-la-chine/feed/ 0
La stratégie de Trump en échec face à l’Iran https://mondafrique.com/moyen-orient/la-strategie-de-trump-en-echec-face-a-liran/ https://mondafrique.com/moyen-orient/la-strategie-de-trump-en-echec-face-a-liran/#respond Sat, 07 Jun 2025 03:06:49 +0000 https://mondafrique.com/?p=135231 Le « guide » de la révolution iranienne, l’ayatollah Ali Khameini, vient de rejeter les propositions américaines alors que devraient se poursuivre les pourparlers sur l’avenir du nucléaire iranien entre Washington et Téhéran. La question de l’enrichissement de l’uranium  reste le principal point d’achoppement de ces négociations Échec dans son rôle de faiseur de paix sur le dossier ukranien ; échec […]

Cet article La stratégie de Trump en échec face à l’Iran est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Le « guide » de la révolution iranienne, l’ayatollah Ali Khameini, vient de rejeter les propositions américaines alors que devraient se poursuivre les pourparlers sur l’avenir du nucléaire iranien entre Washington et Téhéran. La question de l’enrichissement de l’uranium  reste le principal point d’achoppement de ces négociations

Échec dans son rôle de faiseur de paix sur le dossier ukranien ; échec sur les propositions d’un nouveau plan de paix à Gaza alors que Washington s’est vu contraint de refuser les nouvelles propositions maximalistes du Hamas ; et, peut-être, mais les négociations vont continuer, échec sur la question du nucléaire iranien : la diplomatie trumpienne, mélange de posture de matamore, d’optimisme décalé et d’imprécision stratégique sujette à d’imprévisibles volte faces, semble pour l’instant ne mener nulle part.

 Après une série de cinq rencontres entre officiels américains et Iraniens sous l’égide du sultanat D’Oman, Trump vient nen effet d’essuyer un sérieux revers de la part du « guide » de la révolution Ali Khamenei : « Au leader américain, cet homme impoli et grossier, nous disons : pourquoi vous mêlez vous de nos affaires, pourquoi nous dites vous si l’on peut ou pas enrichir de l’uranium ? Cela ne vous regarde pas ! », a déclaré le leader suprême, mercredi 4 avril, jour anniversaire de la mort de son prédécesseur, l’ayatollah Khomeiny.

La presse anglo saxonne sceptique

Les grands journaux américains et britanniques mettent ainsi l’accent, jeudi, sur l’impasse des pourparlers entre Téhéran et Washington alors que les Etats-Unis ont proposé que les Iraniens puissent, un temps, continuer à enrichir un volume limité d’uranium avant que l’enrichissement soit assuré, de manière définitive, par un consortium de pays de la région. Dans ce cas Téhéran n’aurait pu la maîtrise de l’enrichissement sur son sol. La réponse du leader suprême iranien est donc cinglante, même si toute négociation suppose un rapport de force et qu’il est trop tôt pour anticiper un échec définitif. La Maison Blanche est en tout cas « forcée de reconsidérer sa stratégie dans un contexte où les tensions montent à propos du programme nucléaire iranien », écrit le Wall Street Journal qui a eu accès à des officiels américains s’exprimant sous le sceau de l’anonymat.

Donald Trump, de son côté, a mis en garde les Iraniens mercredi en écrivant sur son réseau « Truth social » que le « temps presse » et accusé les négociateurs de Téhéran de « différer constamment leurs décisions ». Les velléités trumpiennes se sont immédiatement attirés les foudres et le mépris du conseiller du « Guide », Ali Shamkhani, qui a taxé les Américains d’individus « inexpérimentés »,  ces derniers n’ayant même pas mentionné une levée des sanctions étasuniennes contre l’Iran, une exigence « cruciale », a-t-il fait remarquer,, de la République islamique…

Le Financial Times de Londres cite quant à lui un « haut responsable » iranien affirmant que son pays a « toujours eu une attitude cohérente à propos de l’enrichissement de l’uranium, tandis que ce sont les Etats-Unis qui ne peuvent pas se décider sur cette question ». L’hypothèse d’un consortium régional chargé d’enrichir l’uranium pour le compte de l’Iran et d’assurer ainsi ses besoins d’énergie nucléaire civil, permettrait « tant aux Iraniens et aux Américains de revendiquer une sorte de victoire »,  analyse cependant le « F.T. »

Le Washington Post se faisait l’écho fin mai d’un rapport interne de l’Agence internationale de l’énergie atomique ( IAEA), dont le journal américain avait pu se procurer une copie, avertissant « que l’Iran a produit environ 150 kilos d’uranium enrichi à 60 % depuis le mois de février dernier ». Un tel degré d’enrichissement s’approche dangereusement du seuil des 90 % permettant de fabriquer une bombe atomique.

Donald Trump cherche un accord sur le nucléaire iranien

Cet article La stratégie de Trump en échec face à l’Iran est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
https://mondafrique.com/moyen-orient/la-strategie-de-trump-en-echec-face-a-liran/feed/ 0
« Le livre noir de Gaza », un acte de résistance contre l’indifférence https://mondafrique.com/moyen-orient/un-acte-de-resistance-contre-le-blocus-mediatique-qui-entoure-gaza/ Thu, 05 Jun 2025 07:01:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=119686 Un an après l’attaque terroriste du Hamas contre Israël et la riposte implacable de Tsahal, un ouvrage collectif, coordonné par Agnès Levallois – vice-présidente de l’Institut de Recherche et Études Méditerranée Moyen-Orient –, se dresse comme un monument de papier contre l’oubli. Le Livre noir de Gaza – titre évocateur d’un genre littéraire né des […]

Cet article « Le livre noir de Gaza », un acte de résistance contre l’indifférence est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Un an après l’attaque terroriste du Hamas contre Israël et la riposte implacable de Tsahal, un ouvrage collectif, coordonné par Agnès Levallois – vice-présidente de l’Institut de Recherche et Études Méditerranée Moyen-Orient –, se dresse comme un monument de papier contre l’oubli. Le Livre noir de Gaza – titre évocateur d’un genre littéraire né des cendres de la Shoah, et utilisé ensuite pour documenter les génocides au Cambodge et au Rwanda – se veut le gardien d’une mémoire fragile : celle du peuple palestinien dont les dirigeants de l’État d’Israël souhaitent effacer, non seulement les souffrances, mais l’existence même.

La chronique de Jean-Jacques Bedu sur Le Livre noir de Gaza, signé Agnès Levallois et préfacé par Rony Brauman, Le Seuil, 04/10/2024, 304 pages, 21,50 €

Rejoignez la nouvelle chaine Whatsapp de Mondafrique

Ce Livre noir est un ouvrage exigeant, dur, parfois accablant. En nous mettant face à notre propre responsabilité, à notre humanité devant l’inacceptable et à l’injustice, il doit être pas seulement lu, mais aussi entendu et compris. Cet ouvrage nous lance ce défi : et si l’indifférence était le pire des génocides ; l’oubli la plus grande victoire de l’oppresseur ? Les génocidaires ont déjà perdu la bataille contre l’oubli. Notre résistance mémorielle sera la plus forte.

Documenter l’indicible 

Face à l’immonde barbarie subie le 7 octobre 2023, crime abominable qui ne peut être ni excusé, ni oublié, l’État d’Israël avait le devoir de se défendre face aux attaques du Hamas : « Pourtant comme l’a sobrement résumé Jean‑Louis Bourlanges, président de la commission des Affaires étrangères du Parlement français, « la violence du Hamas est sans excuse, mais pas sans cause ». Remarque de bon sens, bien souvent ignorée, voire criminalisée en tant que justification du terrorisme. » Nonobstant, ce droit est en principe encadré par le droit international, qui impose des limites à l’usage de la force. Les crimes de guerre commis à Gaza, et désormais au Liban (bien que les conflits soient très différents), ne sont pas seulement une tragédie humaine : ils constituent une violation flagrante de ce droit international, dont les dirigeants de l’État israélien devront rendre compte selon l’ordonnance rendue le 26 janvier 2024. Mais c’est déjà peine perdue : les États-Unis, la Chine, l’Arabie saoudite n’ont jamais ratifié le Statut de Rome ; la Russie a retiré sa signature en 2016. Tous ces pays ont violé – ou violent encore – de manière manifeste ce droit international, sans être le moins du monde inquiétés par la Cour pénale. Et nous ne parlerons même pas de la trentaine de résolutions de l’ONU qu’Israël a violé ! La vengeance aveugle et la destruction massive n’ont jamais été légitimes. Elles ne font qu’alimenter la spirale de la violence et de la haine, rendant la paix encore plus inaccessible. Mais qu’importe ! Machiavel avait déjà fixé les règles : « Dès l’instant que le salut de l’État est en jeu, aucune considération de justice ou d’injustice, d’humanité ou de cruauté, de gloire ou d’ignominie, ne doit plus intervenir. Tout moyen est bon qui sauve l’État et maintient sa liberté. » Ou, mieux encore, comme le disait Henry Kissinger : « l’illégal, nous le faisons immédiatement ; l’inconstitutionnel, nous y réfléchissons. »

Le brouillard de la guerre

Dès les premières pages, nous sommes frappés par l’ampleur du projet de d’Agnès Levallois : rendre compte d’un événement d’une telle brutalité, survenu dans un territoire étroitement contrôlé et hermétiquement fermé à la presse internationale, relève d’un véritable tour de force. En organisant cet ouvrage, la spécialiste du Moyen-Orient se positionne en archiviste d’un massacre, en gardienne d’une mémoire collective qu’elle refuse de laisser sombrer dans l’oubli, ou d’être déformée par les récits simplificateurs d’une géopolitique manichéenne. Et c’est là toute la force de ce livre collectif : il nous contraint à regarder la réalité de Gaza en face, à la fois dans sa quotidienneté insupportable, et dans l’immensité de ses souffrances.

Au cœur d’un conflit marqué par une propagande intense et la manipulation de l’information, Le Livre noir de Gaza s’impose donc comme un contrepoint nécessaire, une quête de vérité au milieu du brouillard de la guerre. L’ouvrage se propose de documenter méthodiquement les violences infligées à la population civile palestinienne, en s’appuyant sur des sources incontestables : rapports d’ONG telles qu’Amnesty International, Human Rights Watch, Médecins Sans Frontières et Reporters Sans Frontières, enquêtes d’experts indépendants et témoignages de journalistes qui risquent leur vie pour rendre compte de l’horreur quotidienne. L’ouvrage se démarque donc des récits manichéens, des simplifications médiatiques et du sentimentalisme facile. Le choix est fait d’une objectivité chirurgicale : la violence est exposée sans fard ni complaisance, à travers la froideur des chiffres, la précision des rapports et la puissance brute des témoignages, laissant au lecteur la liberté de juger et de se forger sa propre opinion.

Le Livre noir souligne également l’importance de documenter les crimes commis dans l’ombre du silence, non seulement pour rendre justice aux victimes, mais aussi pour empêcher que l’impunité ne devienne la norme, et que l’oubli ne s’abatte sur la conscience collective. Il s’agit d’un acte de résistance contre l’effacement, celui des victimes, celui de la mémoire, et celui de la légitime identité palestinienne.

La polyphonie des voix 

Le Livre noir de Gaza se nourrit de la richesse et de la complexité des points de vue recueillis. Ce n’est pas seulement le récit des ONG occidentales qui nourrissent ces pages, mais aussi les voix des ONG palestiniennes et israéliennes, des analystes et des experts issus de divers horizons géopolitiques, offrant une palette de perspectives aussi instructives que nécessaires. Dans Le Livre noir de Gaza, chaque contributeur apporte une perspective unique et essentielle à la compréhension du conflit, enrichissant l’ouvrage par la diversité de ses angles d’analyse.

Par exemple, les contributions sur les droits des enfants mettent en lumière l’impact dévastateur du blocus et des bombardements sur les plus vulnérables, détaillant la souffrance psychologique et physique des jeunes Gazaouis. D’autres textes se concentrent sur l’impact humanitaire, soulignant la difficulté pour les ONG d’accéder à une population coupée du monde et documentant les violations flagrantes du droit international humanitaire. Enfin, l’analyse géopolitique replace la situation de Gaza dans un cadre plus large, expliquant comment ce conflit s’articule avec les dynamiques de pouvoir au Moyen-Orient, les intérêts stratégiques internationaux, et les jeux d’alliances qui perpétuent ce cycle de violence. Ces voix plurielles permettent de dresser un tableau complet et nuancé de la réalité sur le terrain, et leur juxtaposition crée un récit polyphonique qui refuse toute simplification réductrice. Mais ne nous méprenons pas : ce n’est pas le Hamas qui parle ici, ni les dirigeants politiques ou les militants armés, mais les civils ordinaires : des mères de famille, des enseignants, des étudiants qui décrivent comment, jour après jour, ils tentent de préserver un semblant de normalité au milieu de l’horreur. Ils parlent de la difficulté d’envoyer les enfants à l’école lorsque chaque bâtiment peut s’effondrer à tout instant, de l’impossibilité de trouver un emploi lorsque le blocus asphyxie l’économie, de la douleur d’enterrer ses proches sans espoir de justice.

« Gaza, une prison à ciel ouvert. » Cette expression, tant de fois répétée, semble avoir perdu de son sens tant elle est devenue un cliché ; au-dessus de Gaza s’étend le regard impitoyable des drones israéliens, les frappes soudaines et meurtrières de l’aviation, et cette chape de terreur ne laisse aucun répit aux habitants de ce territoire minuscule, compressé entre la mer et la barrière de sécurité. Le livre ne se contente pas de présenter une accumulation de faits. Il s’interroge sur les causes profondes de la violence, et ouvre la réflexion sur les obstacles à une paix juste et durable : le manque de confiance mutuelle, la radicalisation croissante des deux côtés, et l’inaction complice de la communauté internationale, notamment des pays occidentaux, soutiens inconditionnels d’Israël. Le texte se veut également une réflexion sur les modalités de l’information en temps de guerre. L’usage des réseaux sociaux est analysé : ils jouent un rôle ambigu dans ce conflit en permettant à la fois la diffusion d’informations censurées, et la propagation rapide de la propagande et des fausses nouvelles.

L’œil de celui qui a vu, Rony Brauman

La préface d’un ouvrage est comme un seuil ; elle nous invite à franchir une porte, à nous engager sur un chemin parfois ardu, et nous prépare à ce que nous allons découvrir. Dans Le Livre noir de Gaza, c’est Rony Brauman, ancien Président de Médecins Sans Frontières et figure incontournable de l’humanitaire, qui se charge de cet accueil du lecteur. Son regard, forgé par des années d’engagement auprès des victimes de conflits et de crises humanitaires partout dans le monde, est empreint d’une lucidité acérée et d’une profonde humanité. Rony Brauman n’est pas un observateur distant et froid ; c’est un homme qui a vu de ses propres yeux l’horreur, la souffrance, la violence. Et cette expérience l’autorise à parler avec une autorité morale qui ne souffre aucune contestation.

Dès les premières lignes, Rony Brauman déconstruit le récit dominant sur la guerre à Gaza. Il pointe du doigt la tendance médiatique à occulter la réalité quotidienne de l’occupation israélienne et à passer sous silence les violences et les crimes commis contre les Palestiniens « en temps de paix ».

Ce qui est souvent décrit comme une « période calme » en Israël-Palestine – caractérisée par l’absence de morts israéliens – est en réalité une période de violences insidieuses et quotidiennes, que subit la population palestinienne sans pouvoir se défendre : harcèlement des paysans par les colons, destructions de récoltes et d’habitations, expulsions, assassinats arbitraires et arrestations sans procès.

Rony Brauman nous interpelle : comment le monde peut accepter de fermer les yeux sur cette injustice, au nom d’une « stabilité » illusoire et précaire ?

Face à la déshumanisation des Palestiniens, Rony Brauman plaide pour une approche basée sur l’empathie et la reconnaissance de leur souffrance. Il nous rappelle que la victime, avant d’être Palestinienne ou Israélienne, est d’abord humaine. Il dénonce la tendance à juger les Gazaouis à travers le prisme du terrorisme et de l’islam, à oublier que l’histoire et la géopolitique jouent un rôle déterminant dans le cycle de la violence. Il invite à replacer l’attaque du 7 octobre 2023 dans le contexte de l’occupation, du déni des droits des Palestiniens et de l’humiliation qu’ils subissent au quotidien, soulignant ainsi les frustrations et les désespoirs qui conduisent à la radicalisation et à la violence. Cette préface de Rony Brauman n’est pas seulement un plaidoyer pour les victimes, c’est aussi un appel à la conscience. Il interpelle directement le lecteur et le met face à ses propres responsabilités. Sommes-nous prêts à accepter que notre silence et notre inaction nourrissent l’impunité et la barbarie ? Il dénonce l’hypocrisie des gouvernements occidentaux qui se contentent de déplorer les victimes, tout en continuant de livrer des armes à Israël, et en fermant les yeux sur les violations du droit international.

Rony Brauman souligne l’urgence d’un changement radical de l’approche internationale face au conflit. Le soutien aveugle à l’un des belligérants et la minimisation systématique de la souffrance de l’autre sont contre productifs et contribuent à enkyster le conflit dans un cycle sans fin de vengeance et de haine.

Répartition de la population de la bande de Gaza selon le niveau d’insécurité alimentaire actuel et projeté, d’après les données de l’IPC publiées le 21 décembre 2023 – AFP / AFP / NALINI LEPETIT-CHELLA

L’architecture d’un réquisitoire 

Le Livre noir de Gaza ne se veut pas seulement un ouvrage d’information, mais aussi un outil de compréhension, une invitation à la réflexion critique et un appel à la mobilisation contre l’injustice. Sa structure est donc délibérément conçue pour créer un impact sur le lecteur et l’inciter à agir. N’imaginons pas que nous sommes impuissants : La responsabilité cosmopolite, concept philosophique puissant, affirme que chaque individu, en tant que citoyen du monde, possède le devoir moral et la capacité d’agir concrètement contre les injustices internationales, transcendant ainsi les frontières et l’impuissance apparente face aux défis globaux.

Le recueil est donc divisé en sept chapitres thématiques qui détaillent les différentes facettes du drame vécu par les Gazaouis : l’asphyxie progressive d’un territoire en état de siège ; l’effondrement du système de santé et la mort programmée des civils ; la manipulation de l’information et l’éradication du journalisme (ce que la municipalité RN de Perpignan ne s’est pas gênée de faire en refusant de remettre un Prix à un photoreporter palestinien sous un motif fallacieux) ; le ciblage délibéré de la population civile ; la violence démesurée des armes employées et l’invisibilisation calculée des victimes ; la destruction systématique de l’environnement et les perspectives, hélas, sombres pour l’avenir.

Cette architecture savante permet de confronter les analyses, de donner la parole à des voix diverses et de montrer la complexité de la réalité. Le livre se déroule comme une partition musicale, où les notes graves des chiffres et des rapports s’entrelacent avec la mélodie plaintive des témoignages individuels et la puissance percutante de certaines analyses géopolitiques, créant ainsi un réquisitoire implacable contre la violence étatique et l’indifférence du monde. L’ouvrage ne cherche surtout pas à minimiser les violences commises par le Hamas — elle les documente au contraire avec une rigueur impitoyable, mettant en lumière les exactions du mouvement islamiste, ses attaques aveugles et souvent suicidaires contre Israël. Mais ce qui transparaît ici, c’est avant tout l’immense disproportion entre les forces en présence. D’un côté, une milice armée, certes puissante localement, mais dépourvue de moyens militaires sophistiqués ; de l’autre, une armée régulière suréquipée, bénéficiant d’un soutien logistique et diplomatique massif de la part des États-Unis et de l’Europe.

Cette asymétrie, l’ouvrage la décortique en s’appuyant sur des chiffres édifiants : le nombre de victimes civiles, les infrastructures détruites, les écoles et les hôpitaux réduits en cendres sous le prétexte de « frappes ciblées ». La lecture de ces chapitres est accablante : elle dévoile une machine de guerre implacable, guidée par une stratégie qui ne laisse aucune place à la modération ou à la proportionnalité. On s’interroge face à cette logique du « moindre mal » revendiquée par l’armée israélienne, qui prétend minimiser les pertes civiles, tout en infligeant des destructions massives.

Le Livre noir de Gaza s’intéresse aussi à la dimension psychologique de cette guerre. Elle cite les propos glaçants de Yoav Gallant, ministre de la Défense israélien, qui qualifie les Gazaouis d’« animaux humains ». Ce type de déshumanisation n’est pas nouveau, mais dans le contexte actuel, et au regard de l’histoire du peuple juif, il résonne avec une intensité particulière. Le discours officiel israélien, loin de simplement viser le Hamas, s’attaque à l’existence même de Gaza en tant que communauté humaine. La population civile devient un dommage collatéral acceptable dans la « guerre contre la terreur ». Et cette rhétorique trouve un écho dans certaines déclarations de responsables occidentaux, prêts à justifier l’injustifiable au nom de la lutte contre l’extrémisme. Combien Gilles Kepel a été inspiré d’écrire par ailleurs que : « les génocidés sont devenus les génocidaires »…

No pasarán de la mémoire

Le Livre noir de Gaza dépasse le cadre strict du conflit israélo-palestinien pour nous interroger sur des questions d’une portée universelle, telles que : le respect des droits humains dans les zones de conflit ; la légitimité de la force dans les relations internationales ; le rôle et la responsabilité de la communauté internationale face aux crimes de guerre et aux violations du droit international humanitaire ; et enfin les fondements mêmes d’une éthique de la guerre dans un monde gouverné par la loi du plus fort et les intérêts géostratégiques. Car vivre à Gaza, c’est ne pas vivre. C’est survivre dans une condition de vulnérabilité extrême, où la mort est omniprésente, où chaque espace, chaque recoin, peut devenir une cible potentielle. Le Livre noir de Gaza est un cri de résistance qui, face aux forces implacables de l’oubli et de la déshumanisation, résonne comme le « No pasarán » de La Pasionaria : une barrière de mots dressée contre l’avancée inexorable du silence, affirmant haut et fort que, malgré le siège de la mémoire, ceux qui tentent d’effacer l’histoire ne passeront pas.

 

 

 

Cet article « Le livre noir de Gaza », un acte de résistance contre l’indifférence est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Le Liban à l’heure du désenchantement  https://mondafrique.com/moyen-orient/le-liban-a-lheure-du-desenchantement/ https://mondafrique.com/moyen-orient/le-liban-a-lheure-du-desenchantement/#respond Thu, 05 Jun 2025 06:16:19 +0000 https://mondafrique.com/?p=135141 Cinq mois après l’arrivée au pouvoir du duo Aoun-Salam, l’élan d’espoir s’est mué en désillusion. Désarmement au point mort, reconstruction paralysée, diplomatie floue : le Liban s’enlise, pendant que la Syrie, elle, reconstruit. Paroles fortes, résultats faibles. À Beyrouth, l’espoir né de la double nomination de Joseph Aoun à la présidence de la République et […]

Cet article Le Liban à l’heure du désenchantement  est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Cinq mois après l’arrivée au pouvoir du duo Aoun-Salam, l’élan d’espoir s’est mué en désillusion. Désarmement au point mort, reconstruction paralysée, diplomatie floue : le Liban s’enlise, pendant que la Syrie, elle, reconstruit.

Paroles fortes, résultats faibles. À Beyrouth, l’espoir né de la double nomination de Joseph Aoun à la présidence de la République et de Nawaf Salam à la tête du gouvernement s’estompe jour après jour. Leurs discours promettaient fermeté et souveraineté. Mais cinq mois après leur arrivée aux commandes de l’État, c’est le vide qui règne. Le Hezbollah n’a toujours pas été désarmé, la reconstruction n’a pas commencé, les investisseurs fuient, les alliances diplomatiques s’embrouillent, et la Syrie, pourtant exsangue après une décennie de guerre, semble prendre une longueur d’avance.

L’autorité de l’État? Parlons en!

Lors de son investiture en janvier 2025, Joseph Aoun, ancien chef de l’armée, avait prononcé des mots qui avaient fait vibrer une partie du pays : « 2025 sera l’année du monopole des armes par l’État ». Le slogan avait la clarté d’un commandement militaire. Avec Nawaf Salam, juriste respecté et ancien ambassadeur, le duo semblait incarner un renouveau institutionnel. Mais à l’enthousiasme a succédé la confusion.

Aujourd’hui, ni l’armée ni le gouvernement n’ont défini de feuille de route claire sur la question du désarmement du Hezbollah. Le dialogue « national » censé poser les bases d’une stratégie de défense intégrée reste sans calendrier ni mécanisme de contrôle. Certes, des opérations de démantèlement ont été menées au Sud, « 80 % des arsenaux auraient été neutralisés entre Tyr et Marjayoun », selon une source militaire citée par Al-Akhbar, mais la force armée du Hezbollah reste intacte ailleurs, notamment dans la Békaa et la banlieue sud de Beyrouth.

 Reconstruction, un mot vide

La reconstruction du Liban, après la guerre de 2023-2024 entre Israël et le Hezbollah, devait être une priorité. Or, elle est à l’arrêt.

La Banque mondiale estime les besoins entre 11 et 14 milliards de dollars, mais aucun plan de financement international n’a été activé. Le Qatar, la France, les États-Unis ou encore la Banque européenne d’investissement ont fait savoir, à mots couverts, qu’ils ne bougeraient pas tant que la question du Hezbollah ne serait pas réglée.

« L’aide viendra quand les armes seront posées. Pas avant », a résumé un diplomate occidental cité par le media francophone libanais L’Orient-Le Jour (mai 2025). Or, au lieu de donner des gages de transparence, le pouvoir libanais a nommé Ali Hamiyé, proche du Hezbollah et ancien ministre des Travaux publics, comme conseiller présidentiel pour la reconstruction. Une décision prise le 3 juin 2025, le même jour que la visite à Beyrouth du vice-ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi.

La nomination d’Ali Hamiyé a provoqué une onde de choc chez les observateurs internationaux. L’homme, affilié au Hezbollah, est vu comme un relais direct de Téhéran. En le plaçant au cœur du processus de reconstruction, Joseph Aoun donne un signal pour le moins ambigu.

Au même moment, Abbas Araghchi annonçait publiquement que l’Iran était prêt à envoyer ses entreprises pour participer à la reconstruction du Liban. Cette collusion entre calendrier politique et discours diplomatique a ravivé les soupçons sur une orientalisation du processus de relance, perçue comme un affront par les bailleurs occidentaux.

Morgan Ortagus évincée : un signal politique

Autre changement dans le paysage régional : Morgan Ortagus, adjointe de l’émissaire spécial américain Steve Witkoff et figure du dossier libanais, a été écartée. Connue pour sa posture ferme vis-à-vis du Hezbollah, elle aurait déplu à Washington par son ton jugé cassant, notamment lors d’une conférence à Doha en mai où elle a affirmé que le FMI n’était « qu’une option parmi d’autres ».

Son départ est vu comme un recul de l’approche pro-israélienne de Washington, au moment où l’administration Trump cherche à rééquilibrer son image au Moyen-Orient. Pour Israël, c’est une mauvaise nouvelle : « La voix la plus claire contre le Hezbollah dans l’administration américaine vient d’être éteinte », résumait le quotidien Yediot Aharonot.

Quelle issue possible ?

Trois scénarios émergent à court terme :

1- Le maintien du statu quo, avec un Liban suspendu à un fragile équilibre, incapable de se redresser, vivant sous perfusion d’aides humanitaires.

2- Un basculement vers l’Est, où les sociétés iraniennes, chinoises ou russes comblent le vide laissé par les bailleurs occidentaux, au prix d’une perte de souveraineté stratégique.

3 – Une rupture politique intérieure, non violente, portée par une pression populaire massive ou une dynamique institutionnelle, qui imposerait un désarmement progressif du Hezbollah. Un tel scénario ouvrirait potentiellement la voie à une reconstruction encadrée par des garanties internationales. Mais le Liban reste un terreau peu favorable aux bouleversements brusques : toute tentative de passage en force serait vouée à l’échec et risquerait de plonger le pays dans le chaos. Quant à Israël, resterait-il spectateur de cette inaction prolongée ? Rien n’est moins sûr. L’État hébreu continue d’agir en acteur dominant : frappes ciblées quasi quotidiennes, survols permanents du territoire libanais par des drones, collecte de renseignements en continu.

Pour l’heure, rien ne semble indiquer que le gouvernement ait choisi une direction claire. Le double langage persiste. Les armes du Hezbollah sont à la fois tolérées et contestées. Les appels à l’aide étrangère cohabitent avec des signaux d’alignement sur l’Axe de la Résistance.

Le Liban, en ce milieu d’année 2025, traverse une période charnière mais sans cap. Le désenchantement est palpable : un président militaire qui n’emploie pas son autorité, un Premier ministre discret, une reconstruction en suspens, une diplomatie brouillonne, et un Hezbollah plus enraciné que jamais. Pire encore : à Damas, on bâtit ; à Beyrouth, on discourt.

« Avancer à reculons, pour ne pas dire reculer », lâche un Libanais amer. Le mot est juste : le Liban ne stagne pas, il glisse.

Dans ce climat d’incertitude, le président Joseph Aoun exaspère de plus en plus. Multipliant les déplacements à l’étranger, les poignées de main protocolaires, les promesses vagues et les séances photo soigneusement mises en scène, il donne l’image d’un chef d’État plus préoccupé par son image que par l’action. Son épouse, omniprésente, semble s’être donné pour mission de faire du protocole un défilé : jamais deux fois la même tenue, toujours tout sourire face aux caméras, comme si le Liban s’était miraculeusement transformé en principauté huppée. Dans un pays qui sort à peine d’une guerre, sans vraiment en être sorti, et où des millions de Libanais ont vu leurs épargnes disparaître, cette mise en scène permanente commence à choquer.

 

Taxe, réseau et racket d’État

Et comme si le tableau n’était pas assez sombre, l’Internet libanais s’effondre à intervalles réguliers, provoquant colère et soupçons. À croire que ces coupures chroniques sont orchestrées. Depuis que le projet Starlink d’Elon Musk a été évoqué dans les cercles gouvernementaux comme une solution miracle, certains y voient déjà une nouvelle « manne céleste » à exploiter. Un prétexte rêvé pour que les mêmes réseaux opaques s’enrichissent encore, à coups de commissions, d’exclusivités douteuses et d’abonnements hors de prix.

Dans le même esprit, une nouvelle taxe sur le carburant a été annoncée, officiellement pour financer les salaires de l’armée et des officiers à la retraite. Mais là encore, c’est le peuple qui paie. Plutôt que de récupérer les revenus illicites engrangés par le Hezbollah, le pouvoir choisit la voie la plus facile, et la plus injuste : faire les poches d’une population déjà exsangue. Les Libanais n’ont pas fini de trinquer !

 

Cet article Le Liban à l’heure du désenchantement  est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
https://mondafrique.com/moyen-orient/le-liban-a-lheure-du-desenchantement/feed/ 0
Un État palestinien sur la Côte d’Azur, propose un proche de Trump https://mondafrique.com/moyen-orient/un-etat-palestinien-sur-la-cote-dazur-propose-un-emissaire-de-trump/ https://mondafrique.com/moyen-orient/un-etat-palestinien-sur-la-cote-dazur-propose-un-emissaire-de-trump/#respond Tue, 03 Jun 2025 01:38:47 +0000 https://mondafrique.com/?p=135026 L’ambassadeur américain en Israël, Mike Huckabeen, s’est attaqué à la volonté d’Emmanuel Macron de reconnaître un État palestinien, lors d’une interview accordée au média Fox News. »Si la France est vraiment si déterminée à voir un Etat palestinien, j’ai une suggestion à lui faire: détacher un morceau de la Côte d’Azur et créer un Etat palestinien. […]

Cet article Un État palestinien sur la Côte d’Azur, propose un proche de Trump est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
L’ambassadeur américain en Israël, Mike Huckabeen, s’est attaqué à la volonté d’Emmanuel Macron de reconnaître un État palestinien, lors d’une interview accordée au média Fox News. »Si la France est vraiment si déterminée à voir un Etat palestinien, j’ai une suggestion à lui faire: détacher un morceau de la Côte d’Azur et créer un Etat palestinien. Ils (les Français) sont les bienvenus pour faire cela, mais ils ne sont pas les bienvenus pour imposer ce genre de pression sur une nation souveraine. »
 
 

L’ambassadeur américain en Israël depuis 2025, Mike Huckabee, s’est emporté contre la campagne menée par la France en faveur de la reconnaissance d’un État palestinien, affirmant que Paris pourrait « détacher un morceau de la Côte d’Azur » pour en créer un. Michael Dale Huckabee, dit Mike Huckabee, né le , est un homme politique républicain américain. Il est gouverneur de l’Arkansas entre 1996 et 2007 et l’un des candidats à l’investiture républicaine pour l’élection présidentielle de 2008 puis pour celle de 2016. Il a été pasteur chrétien baptiste jusqu’en 1992.

La France va coprésider du 17 au 20 juin avec l’Arabie saoudite une conférence internationale aux Nations Unies visant à relancer l’idée d’une solution à deux États, à laquelle le gouvernement du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’oppose fermement. La France a également déclaré qu’elle pourrait elle-même reconnaître sous condition un État palestinien cette année

 

Dans une interview publiée samedi sur le site de Fox News, Mike Huckabee a qualifié l’initiative à l’ONU d' »incroyablement inappropriée quand Israël est en pleine guerre ».

« Le 7-Octobre a changé beaucoup de choses », a-t-il dit, faisant référence à l’attaque sans précédent du Hamas en Israël en 2023 qui a déclenché la guerre à Gaza.

 

Tel-Aviv en froid avec Paris

Israël a accusé vendredi le président français Emmanuel Macron de mener une « croisade contre l’Etat juif », après qu’il eut demandé aux pays européens de durcir leur position sur Israël si la situation humanitaire à Gaza ne s’améliorait pas.

La veille, Israël avait annoncé la création de 22 nouvelles colonies en Cisjordanie, le ministre de la Défense Israël Katz promettant de construire un « Etat israélien juif » sur ce territoire palestinien occupé depuis 1967.

Cet article Un État palestinien sur la Côte d’Azur, propose un proche de Trump est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
https://mondafrique.com/moyen-orient/un-etat-palestinien-sur-la-cote-dazur-propose-un-emissaire-de-trump/feed/ 0