Le Covid-19, qui a touché l’ensemble des acteurs du tourisme, a favorisé un des formules aux antipodes des packages « tout compris » du tourisme de masse. Une chronique de Xavier Oury, fondateur du groupe « Vialala » qui propose des voyages à la carte !
La période actuelle suscite bien des interrogations. Allons-nous pouvoir reprendre une vie « normale », « comme prévu » après une bonne vaccination de masse ? Ou les vagues épidémiques, variants et autres « plateaux hauts » vont-ils continuer à se succéder sans qu’un horizon clair ne se dessine ?
Le manque de visibilité et les séries de mauvaises nouvelles n’entament pas le moral des troupes de ceux qui attendent des jours meilleurs pour offrir de nouvelles manières de voyager. Car l’épidémie va s’arrêter, et les hommes vont à nouveau pouvoir se rencontrer, traverser les frontières et parcourir le monde. Et personne n’a envie que le monde d’après ce soit le Moyen-Âge, avec une mobilité zéro.
En revanche, on entend partout que de nouveaux comportements vont apparaître à la suite de ce choc, et notamment qu’on va « mieux voyager ». Alors qu’est-ce qui va changer ?
La prise de conscience de l’impact de l’homme sur l’environnement était déjà un puissant moteur qui faisait évoluer le secteur de tourisme et le voyage en général avant le virus.
Et les problèmes sont déjà là : changement climatique et chute de la biodiversité modifient en profondeur notre écosystème, et chacun sait que nos comportements « hyper-consommateurs » ne pourront pas durer éternellement. Fini le week-end Express à Marrakech ou ailleurs, loin de chez soi, surtout si on prend l’avion pour du farniente pur.
Limiter l’avion en innovant
L’avion ne représente qu’environ 3% des émissions de CO2 au niveau mondial, donc ce n’est pas la source principale du réchauffement. Le chauffage, la circulation routière et l’industrie sont bien plus importants. Mais cela suffit à donner mauvaise conscience à tous ceux qui ont envie de mieux faire pour la planète, et qui savent que leur emprunte carbone annuelle est fortement corrélée au nombre de leurs trajets en avion.
Clairement, nous serons donc amenés à moins prendre l’avion, c’est-à-dire à le réserver aux situations dans lesquelles nous n’aurons vraiment pas le choix, en essayant de ne pas multiplier les vols chaque année. Un couple qui a l’habitude de voyager 2 ou 3 fois par an, jusqu’à présent en avion exclusivement, va s’adapter à la nouvelle donne en limitant l’avion à un voyage par an, pour la destination la plus lointaine, et en complétant par des voyages plus proches, ou qui utilisent un mode de transport moins polluant, par exemple le train. A l’échelle de l’Europe, si la volonté politique était là, il serait possible grâce aux infrastructures modernes, de beaucoup plus voyager par les voies ferrées, sans polluer.
En effet, comme nous l’a très justement dit Yann Arthus-Bertrand dans l’interview qu’il nous a accordée, nous devons arrêter de confondre voyage et vacances. Traditionnellement le trajet d’un voyage est long, et cette durée est mise à profit pour se mettre dans l’état d’esprit du voyage (ou du retour de voyage) ; pour résumer, le chemin est aussi important que la destination. Alors que quand on parle vacances, eh bien pas forcément besoin de voyager, il suffit de se mettre au bord d’une piscine ou sur une plage et le tour est joué. Donc autant le faire plus près de chez soi sans polluer la planète.
Du sur mesure
Un autre changement très important, et là aussi on arrête de confondre vacances et voyage, c’est l’émergence du voyage sur mesure, moins pollueur et moins massif. En effet, grâce à Internet il est devenu possible de ne pas réserver exactement le même séjour que le voisin, et donc de ne pas partir s’entasser avec lui dans un club de station balnéaire ou un bateau de croisière géant. Ce tourisme à la carte, favorisé par l’émergence d’outils Internet très puissants qui permettent de personnaliser les prestations touristiques, est un puissant moteur de changement, car il détourne une partie des voyageurs des lieux touristiques les plus surchargés.
Vialala fait partie de ce mouvement, c’est pourquoi au sein de notre réseau nous ne présentons que des séjours hors des sentiers battus, et/ou des séjours 100% éco-responsables. « Slow tourisme », séjours immersifs, voyages sur mesure, quel que soit le type de voyage Internet nous permet maintenant de proposer des voyages adaptés aux centres d’intérêt de chacun. Et à toutes les bourses !
Le tourisme éco-responsable
Depuis l’apparition de cette nouvelle manière de voyager, plus variée et plus riche en découvertes personnalisées, on peut bien sûr voyager 100% vert, voire voyager et faire de l’activisme écolo en même temps. C’était déjà une « tendance » avant l’épidémie.
Et avec l’arrêt quasiment complet des voyages depuis près d’un an, notre conscience de la nécessité de ralentir et de mieux protéger la planète est devenue encore plus aiguë. Si tout s’arrête et que la vie continue, alors à quoi bon aller trop vite, à quoi bon polluer et piller les ressources de la planète ?
Le tourisme vert, comme le voyage sur mesure, c’est donc l’avenir du secteur. Et l’offre se développe sur la question et s’adapte à la nouvelle donne, même en pleine épidémie. Les hébergements éco-responsables, l’évolution du train et de moyens de transport moins polluants que l’avion pour les distances courtes ou moyennes, tout ceci était déjà en cours et va continuer.
Au bout du compte, l’épidémie a bien été un accélérateur de changement. Cette pause, imposée par le virus, a permis d’approfondir une réflexion déjà engagée. Et à Vialala et bien d’autres de continuer à développer une nouvelle offre, plus personnalisée et plus respectueuse de l’environnement (et des populations locales).
Rencontre avec Xavier Oury, fondateur de Vialala, agence de voyage participative