Cet été, cinq films récents explorant l’Afrique, le Moyen-Orient et les Outre-mer s’invitent en salles françaises. Entre science-fiction, drame intime, thriller social et récit féministe, ces œuvres puissantes témoignent d’un cinéma en prise avec le réel et le monde.
Le Grand Déplacement
Jean-Pascal Zadi (France/Belgique) – Sortie : 25 juin 2025 – Durée : 1h23 – Langues : français, dioula, anglais
Synopsis
Dans un futur proche où le monde est ravagé par une crise climatique irréversible, une coalition panafricaine lance une mission spatiale pour explorer l’exoplanète Nardal. À bord du vaisseau, un équipage issu de toute l’Afrique et de sa diaspora doit apprendre à cohabiter, tout en affrontant les dérives idéologiques, identitaires et politiques que reflète cette aventure inédite. Jean-Pascal Zadi incarne un membre central de l’équipe, aux côtés de Reda Kateb, Fadily Camara et Lous and the Yakuza.
Contexte de création
Avec ce film, Jean-Pascal Zadi change radicalement de registre après Tout simplement noir. Produit par Gaumont, tourné entre la France, la Côte d’Ivoire et le Maroc, Le Grand Déplacement explore un territoire rarement abordé par le cinéma français : l’afro-futurisme. Le projet mêle satire sociale et science-fiction politique, rendant hommage à des figures comme Paulette Nardal, à qui le nom de la planète fait référence.
Accueil critique
Le film a divisé la presse. Allociné affiche une note moyenne de 2/5, pointant des ruptures de ton et un humour parfois inégal. Télérama parle d’un « concept fort qui ne trouve jamais son rythme », tandis que Mondociné salue « une tentative visuellement inspirée malgré ses maladresses ». Le public, lui, loue l’ambition esthétique du film et la volonté de faire exister un imaginaire africain dans l’espace cinématographique français.
Où le voir
Actuellement à l’affiche dans plusieurs grandes salles en France, notamment Le Louxor (Paris), MK2 Quai de Loire, et Pathé Bellecour (Lyon). Réservation possible en ligne.
Katanga, la danse des scorpions
Dani Kouyaté (Burkina Faso) – Reprise en salles : juillet 2025 – Durée : 1h53 – Langue : mooré, sous-titrée français
Synopsis
Libre adaptation de Macbeth, cette fresque en noir et blanc suit Katanga, chef de guerre mooré, à qui une prophétie promet le trône. Enivré par le pouvoir, il bascule dans une spirale de trahisons, de sacrifices rituels et de violence. Le film mêle récit mythique, critique du pouvoir patriarcal et plongée dans une société africaine contemporaine où les traditions s’entrechoquent avec les ambitions.
Contexte de production
Dani Kouyaté, réalisateur emblématique de Sia, le rêve du python, revient ici à ses sources théâtrales. Tourné au Burkina Faso en six semaines, en mooré, avec des comédiens issus du théâtre populaire, Katanga se distingue par son esthétique épurée et sa narration resserrée. Le noir et blanc n’est pas un simple effet de style : il crée une distance et une puissance visuelle rare dans le cinéma ouest-africain.
Réception critique
Grand gagnant du FESPACO 2025, le film a reçu l’Étalon d’or, le prix du public, et celui de la critique africaine. Télérama salue « une œuvre de maturité, incandescente, cohérente dans sa radicalité esthétique ». Africiné souligne « une maîtrise exceptionnelle du cadre et du rythme ». Katanga est aujourd’hui perçu comme un classique immédiat du cinéma africain contemporain.
Où le voir
Repris dans les cinémas art et essai depuis début juillet, notamment au Forum des Images (Paris), Saint-André des Arts, et Méliès Montreuil.
Aux jours qui viennent
Nathalie Najem (France/Liban) – Sortie : 23 juillet 2025 – Durée : 1h38 – Langues : arabe, français
Synopsis
Soraya, 35 ans, revient vivre chez sa mère dans une ville du Sud-Liban après un deuil. Au rythme des coupures d’électricité, des tensions silencieuses et des souvenirs lancinants, elle tente de redonner un sens à son existence. À travers son quotidien, le film dessine une géographie intime de la douleur, mais aussi de la résilience.
Contexte de création
Premier long métrage de la réalisatrice franco-libanaise Nathalie Najem, formée à la Fémis, Aux jours qui viennent a été tourné à Saïda et Beyrouth dans des conditions matérielles extrêmement difficiles. La lumière naturelle, les cadres fixes et le travail sur le son contribuent à faire du film un objet de cinéma d’une grande sobriété.
Accueil critique
Sélectionné à Un Certain Regard à Cannes 2025, le film a été unanimement salué. Le Monde parle d’un « bijou d’intimisme au bord du gouffre », tandis que Libération loue « la justesse émotionnelle » de Zita Hanrot, qui porte le film sur ses épaules. Une œuvre contemplative, mais jamais figée, qui capte l’âme d’un pays en suspension.
Où le voir
Programmation confirmée dans les cinémas d’auteur : Le Lincoln (Paris), Utopia Avignon, Le Méliès (Grenoble).
Aisha ne peut pas s’envoler
Ruwaida El Toubassi (Égypte/Somalie) – Sortie : 14 août 2025 – Durée : 1h45 – Langues : somali, arabe, anglais
Synopsis
Aisha, 20 ans, domestique dans un quartier populaire du Caire, rêve de devenir pilote d’avion. En secret, elle rejoint un réseau clandestin de femmes formées par d’anciennes pilotes militaires, réfugiées dans l’ombre. Porté par son désir de liberté, Aisha entre en lutte contre l’ordre établi, prête à risquer sa vie pour prendre les commandes.
Contexte de création
Inspirée de faits réels, la réalisatrice Ruwaida El Toubassi, issue du documentaire, signe ici son premier long de fiction. Le film a bénéficié du soutien du Doha Film Institute et d’Arte. Tourné au Caire et dans le désert du Sinaï, il mêle réalisme brut et envolées oniriques, dans une mise en scène parfois proche du conte.
Accueil critique
Sélectionné à la Berlinale 2025, Aisha ne peut pas s’envoler a bouleversé la critique. Variety y voit « un conte féministe d’une grande puissance visuelle ». Jeune Afrique salue « un film politique sans être démonstratif, où chaque plan respire l’émotion et la dignité ». Faduma Ghedi, l’actrice principale, a été immédiatement remarquée.
Où le voir
Avant-premières confirmées à l’Institut du Monde Arabe (Paris), au Gyptis (Marseille), et à l’Utopia Toulouse dès le 14 août.
Zion
Nelson Foix (Guadeloupe/France) – Sortie : 9 avril 2025 – Durée : 1h39 – Langues : français, créole
Synopsis
Chris, jeune homme désabusé, vit de petits trafics dans un quartier populaire de Guadeloupe. Un jour, un bébé est laissé sur le pas de sa porte. Ce choc inattendu l’oblige à se confronter à ses choix, ses failles, et au monde qui l’entoure. Entre survie, tendresse et fuite en avant, Zion est le portrait nerveux d’un homme en devenir.
Contexte de production
Adapté du court-métrage Timoun Aw, Zion est le premier long de Nelson Foix, tourné entièrement en Guadeloupe avec un casting local. Produit avec le soutien de Jamel Debbouze, le film propose une image brute, tendre et sans exotisme des Antilles, entre urgence et humanité.
Accueil critique
Sorti en Guadeloupe en mars, puis en métropole en avril, Zion a reçu un excellent accueil. Le Parisien parle d’« un regard franc et brut sur les Outre-mer », tandis que 20 Minutes salue « un récit vif, à hauteur de rue ». Le Monde décrit un « thriller social sans filtre, porté par une mise en scène nerveuse et des acteurs incroyablement justes ».
Où le voir
Encore à l’affiche dans certains cinémas : MK2 Quai de Loire, Cinéma Utopia, Pathé Nation. Vérification conseillée selon les villes.