L’exposition « Unfinished Symphony » de l’artiste ivoirien Pascal Konan, présentée à la Melrose Gallery de Johannesburg du 8 février au 9 mars 2025, explore la résilience et la transformation à travers des œuvres uniques mêlant denim, eau de javel, encre et peinture acrylique.
L’art de Pascal Konan est une ode à la mémoire, à la transformation et à la continuité. Dans son exposition « Unfinished Symphony », présentée à la Melrose Gallery de Johannesburg, il invite les visiteurs à plonger dans un univers où les textures et les couleurs racontent l’histoire des hommes, des villes et des âmes en perpétuelle mutation. Né en 1979 à Abidjan, en Côte d’Ivoire, l’artiste s’est imposé comme une figure incontournable de la scène artistique contemporaine africaine. Diplômé de l’École Nationale des Beaux-Arts d’Abidjan, où il enseigne aujourd’hui la peinture, il puise son inspiration dans les réalités sociales et urbaines de son pays natal, transformant ses souvenirs d’enfance et ses observations quotidiennes en œuvres vibrantes et engagées.
Dans « Unfinished Symphony », Konan s’empare d’un matériau inattendu, le denim. Ce textile, universel et symbolique, devient le support de son exploration plastique. Travaillé à l’aide d’eau de javel, de peinture acrylique et d’encre de Chine, il se métamorphose en un terrain d’expression où les nuances, les contrastes et les textures reflètent la diversité et la complexité du monde du travail, des migrations et des trajectoires humaines. La technique de décoloration qu’il emploie avec minutie donne naissance à une palette chromatique allant du bleu profond au blanc lumineux, en passant par une infinité de teintes intermédiaires, créant ainsi une profondeur saisissante.
L’artiste ne se limite pas à une approche esthétique. Son travail est empreint d’une réflexion sur la condition humaine, l’identité et la mémoire collective. Il met en scène des corps en mouvement, parfois fragmentés, capturant l’énergie de la danse contemporaine et l’élégance des figures classiques inspirées de l’iconographie de la Renaissance. Ces silhouettes évoluent dans un espace texturé et tactile, où chaque pli du denim, chaque trace de peinture raconte une histoire. La chorégraphie visuelle ainsi créée oscille entre le sacré et le profane, le tangible et l’intangible, traduisant une quête spirituelle omniprésente dans l’œuvre de Konan.
Pour Konan, chaque œuvre est un fragment d’une narration plus vaste, un dialogue entre le passé et l’avenir, entre les souvenirs et les projections.
L’exposition est également marquée par l’influence de la musique dans le travail de l’artiste. Le rythme, la répétition et l’improvisation propres aux compositions symphoniques se retrouvent dans la manière dont il agence les formes, les couleurs et les matières.
La commissaire de l’exposition, Mpumi Mayisa, souligne l’importance des questionnements soulevés par « Unfinished Symphony ». À travers ses œuvres, Pascal Konan prolonge une réflexion existentielle inspirée des grandes interrogations formulées par Paul Gauguin : D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? Ces questions, profondément ancrées dans l’histoire de l’humanité, trouvent un écho particulier dans le contexte contemporain, où les notions d’identité, d’appartenance et de résilience sont plus que jamais au cœur des débats.
L’approche curatoriale de Mayisa met en avant la dimension immersive et introspective du travail de Konan. Chaque œuvre est pensée comme une invitation à la contemplation, un espace où le spectateur est amené à projeter ses propres émotions, souvenirs et interrogations. L’exposition ne cherche pas à donner des réponses définitives, mais plutôt à ouvrir des pistes de réflexion, à susciter des dialogues et des connexions entre les visiteurs et les œuvres.
Ouverte au public jusqu’au 9 mars 2025 à la Melrose Gallery de Johannesburg, cette exposition est une opportunité rare de découvrir l’univers d’un artiste dont la sensibilité et la maîtrise technique font de lui l’un des créateurs les plus prometteurs de sa génération. Une symphonie visuelle et émotionnelle à ne pas manquer.