De Béjaïa à Paris, de Londres à Djerba, la semaine africaine célèbre la créativité du continent à travers une série de festivals, concerts et expositions. Théâtre, musique, littérature, arts visuels : chaque rendez-vous met à l’honneur la diversité, l’énergie et la vitalité d’une Afrique en mouvement, invitant tous les publics à la rencontre, au dialogue et à la fête.
Béjaïa donne voix à l’Afrique : le théâtre populaire illumine la ville du 10 au 17 octobre
Du 10 au 17 octobre 2025, Béjaïa se transforme en carrefour des arts vivants africains. Son festival international de théâtre met à l’honneur les langues populaires, offrant une semaine de découvertes et d’échanges autour de la diversité scénique du continent.
Du 10 au 17 octobre 2025, Béjaïa s’apprête à vivre au rythme du théâtre africain. Nichée entre mer et montagnes, la ville kabyle accueille la quatorzième édition de son festival international, devenu un rendez-vous attendu pour tous les passionnés d’arts vivants. L’édition 2025 choisit de braquer les projecteurs sur un sujet souvent laissé dans l’ombre : les langues populaires dans le théâtre africain. Un choix fort, qui témoigne de l’envie des organisateurs de mettre en avant ce qui fait l’âme et la vitalité du théâtre sur le continent.
À l’heure où beaucoup d’événements misent sur les têtes d’affiche ou les effets de mode, Béjaïa fait le pari de la diversité linguistique. Wolof, amazigh, swahili, peul, bambara, créole : ces langues résonneront tour à tour sur la scène du théâtre régional, portées par des troupes venues de Mauritanie, du Bénin, de Côte d’Ivoire, du Cameroun, d’Égypte, du Maroc, de Tunisie, sans oublier l’Algérie. La Mauritanie, invitée d’honneur, ouvre le festival avec une création originale, reflet du dialogue entre traditions orales et modernité. Chaque compagnie propose une exploration singulière du théâtre populaire, mêlant textes contemporains, musique, danse et énergie scénique. Les représentations, surtitrées pour garantir l’accessibilité, invitent à écouter et à ressentir la diversité des langues et des formes.
Le festival ne se limite pas à la scène : il se vit aussi en dehors, dans les rues, les écoles et les centres culturels. Débats, ateliers, tables rondes et masterclass rythment la semaine, offrant au public l’opportunité de rencontrer artistes et chercheurs venus interroger l’avenir du théâtre africain. Comment transmettre, traduire, renouveler l’écriture dramatique ? Quelles places pour les jeunes, pour la création dans les langues dites minoritaires ? Autant de questions discutées sans détour, lors de rendez-vous qui rassemblent toutes les générations.
La place faite à la jeunesse est l’une des signatures du festival. De jeunes comédiens algériens se produiront lors de scènes ouvertes, révélant les promesses d’une relève créative et engagée. La transmission est aussi au cœur du projet, avec des interventions dans les établissements scolaires et les quartiers populaires. L’ambition est claire : ouvrir le théâtre au plus grand nombre, désacraliser la scène, faire du spectacle vivant un langage à la portée de tous.
L’atmosphère qui règne à Béjaïa durant ces huit jours tient autant à la qualité de la programmation qu’à la ferveur du public. Les places s’arrachent vite, et l’engouement se ressent bien au-delà de la ville. Les réseaux sociaux bruissent de recommandations, d’échanges sur les spectacles, de pronostics sur la troupe qui marquera l’édition. Le festival rayonne aussi par la convivialité de ses équipes, le soutien actif de la wilaya, et la mobilisation de toute une communauté attachée à l’ouverture et à la création.
Au fil des éditions, le FITB s’est imposé comme l’un des grands rendez-vous du calendrier culturel africain. Il s’adresse autant aux amoureux du théâtre qu’aux simples curieux, à ceux qui veulent découvrir de nouveaux récits ou s’immerger dans une langue qu’ils n’ont jamais entendue. Ce festival porte la conviction que la scène est un miroir du monde : un espace de liberté, de créativité et de dialogue où chaque voix, chaque langue, chaque histoire compte.
Béjaïa, en ouvrant grand ses portes à l’Afrique, fait le pari d’un théâtre vivant, populaire et accessible, reflet d’une société diverse et en mouvement. Pour tous ceux qui franchiront les portes du théâtre régional cette année, l’expérience promet d’être riche, vivante et pleine de surprises.
Informations pratiques
Dates : du 10 au 17 octobre 2025
Lieu : Théâtre régional de Béjaïa, Algérie
Invité d’honneur : Mauritanie
Accès : Billetterie sur place ou via le site officiel (fitb-dz.com)
Programmation complète : disponible sur la page Facebook officielle du festival
Aubervilliers en transe avec Femi Kuti & The Positive Force, le 11 octobre
Femi Kuti, héritier de l’afrobeat, fait vibrer Aubervilliers le 11 octobre 2025 lors d’un concert attendu avec The Positive Force. Entre engagement et groove irrésistible, la soirée promet une expérience musicale inoubliable pour tous les publics.
Le 11 octobre 2025, Aubervilliers s’apprête à accueillir l’un des artistes les plus charismatiques de la scène africaine contemporaine : Femi Kuti, accompagné de The Positive Force. Pour ce passage en Île-de-France, l’énergie de l’afrobeat résonnera bien au-delà des murs de la salle, entraînant les spectateurs dans une soirée qui s’annonce aussi festive qu’engagée.
Femi Kuti n’est pas seulement le fils de Fela Kuti ; il s’est imposé comme une figure à part entière, créant sa propre légende et prolongeant l’héritage de l’afrobeat. Depuis plus de trente ans, The Positive Force, son orchestre complice, l’accompagne sur les scènes du monde entier. Ensemble, ils ont fait de chaque concert un véritable rituel, un appel à la danse autant qu’à la réflexion. Ce rendez-vous à Aubervilliers s’inscrit dans une tournée européenne qui fait escale dans les grandes villes, rappelant le lien profond entre la France et la diaspora musicale africaine.
Ceux qui ont déjà assisté à un concert de Femi Kuti le savent : l’expérience va bien au-delà de la performance musicale. C’est un moment d’intensité, de partage et d’émotions multiples. La scène devient un lieu de communion où s’entremêlent solos de saxophone, percussions fulgurantes, cuivres éclatants et chœurs puissants. Femi Kuti y livre ses titres les plus emblématiques, des hymnes comme « Stop the Hate », « One People One World » ou encore « Na Their Way Be That », porteurs de messages qui traversent les frontières. Son engagement pour la justice sociale, la lutte contre les inégalités et la défense de la jeunesse africaine s’exprime sans détour, toujours avec cette générosité et cette chaleur qui fédèrent le public.
Mais l’afrobeat de Femi Kuti ne se résume pas à un manifeste politique. Il est aussi une invitation à la fête, à l’évasion, à la joie. Sur scène, l’orchestre offre une alchimie unique : section de cuivres redoutable, percussions incandescentes, chorégraphies précises et une énergie qui circule de la scène à la salle. La danse devient un langage commun, le rythme une force fédératrice. The Positive Force porte bien son nom : ce groupe insuffle un souffle nouveau à chaque représentation, tout en restant fidèle à l’esprit originel de l’afrobeat, ce style né à Lagos, mélangeant jazz, funk, et musiques traditionnelles.
Le concert d’Aubervilliers n’est pas réservé aux initiés : il attire tous ceux qui cherchent à vivre une expérience, à découvrir un univers musical où l’excellence instrumentale se conjugue avec la sincérité du propos. La soirée s’annonce comme un temps fort de l’automne culturel en région parisienne, offrant un espace de rencontre entre artistes et public, entre Afrique et Europe, entre générations. Femi Kuti, infatigable sur scène, multiplie les échanges, interpelle la salle, fait de chaque spectateur un acteur de la fête.
Cet événement s’inscrit dans un contexte où l’afrobeat inspire une nouvelle génération de musiciens en France et en Europe. Femi Kuti, sans jamais se reposer sur son nom, continue de renouveler son art : il puise dans la tradition tout en intégrant des sonorités actuelles, des textes qui parlent à la jeunesse comme aux aînés, des rythmes qui invitent à l’unisson. Sa musique, portée par une orchestration exigeante et une présence magnétique, sait rappeler l’essentiel : la musique est une force, un moteur, un moyen d’expression pour dire le monde autrement.
En venant à Aubervilliers, Femi Kuti confirme la place centrale de l’afrobeat dans le dialogue culturel contemporain. Il invite chacun à la fête, mais aussi à l’écoute, au partage, à la réflexion. Ce concert sera, pour beaucoup, l’occasion de vivre une parenthèse où la puissance du live réveille les consciences et nourrit la joie collective.
Informations pratiques
Date : 11 octobre 2025
Lieu : Aubervilliers (salle à confirmer, voir programme local ou shotgun.live)
Billetterie : en ligne et sur place, dans la limite des places disponibles
Horaires et tarifs : à consulter sur les sites officiels et billetteries partenaires
Mama Music secoue Paris : trois nuits au rythme de la scène afro, du 15 au 17 octobre
Le festival Mama Music revient à Paris du 15 au 17 octobre 2025. Trois jours intenses où la scène africaine et afro-diasporique s’impose, entre concerts, rencontres et découvertes. Une invitation à explorer l’énergie de la création musicale contemporaine.
Du 15 au 17 octobre 2025, Paris s’apprête à vibrer au rythme du festival Mama Music. Événement désormais incontournable de la scène musicale parisienne, il fédère, chaque automne, un public curieux et fidèle autour d’une programmation consacrée aux musiques africaines et aux talents issus des diasporas. Pendant trois jours, la ville devient un point de ralliement pour artistes confirmés, jeunes pousses et amateurs de rythmes en quête d’aventure sonore.
Mama Music n’est pas qu’une succession de concerts : le festival entend créer une dynamique de circulation, de dialogue et d’expérimentation. En investissant des salles emblématiques et des clubs confidentiels à travers la capitale, il propose une exploration urbaine et musicale où chaque escale offre son lot de surprises. La diversité de la programmation est un atout majeur : afrobeat, highlife, rumba, afro-pop, bongo flava, mbalax, sons urbains, mais aussi des esthétiques plus traditionnelles portées par une nouvelle génération d’artistes. À chaque soirée, la scène s’anime : les collaborations inédites et les rencontres inattendues donnent lieu à des moments suspendus, où la création s’invente en direct.
Ce qui distingue Mama Music, c’est aussi la volonté de donner une place centrale aux voix féminines, aux collectifs inventifs et aux artistes de la diaspora qui façonnent de nouveaux territoires musicaux. La scène africaine se montre plurielle, inventive, en mouvement. Loin des clichés, le festival met en avant la richesse des parcours, la capacité à faire dialoguer les traditions et les influences contemporaines, à croiser les genres et les langues.
Les soirées se prolongent souvent en aftershows ou DJ sets où l’énergie ne retombe jamais. Ces prolongements nocturnes sont l’occasion de poursuivre la fête, mais aussi d’élargir la découverte. Les artistes invités ne viennent pas seulement jouer leur musique : ils partagent une vision, un engagement, une envie de transmission. Mama Music crée un terrain d’expérimentation où la scène et la salle ne font plus qu’un, où la danse devient langage, et où le groove africain dessine une géographie sonore sans frontière.
Au-delà du plaisir du live, Mama Music s’engage dans la transmission et le partage. Ateliers, masterclasses, rencontres professionnelles : ces temps forts permettent à de jeunes artistes, à des programmateurs ou à des journalistes d’échanger, de s’initier, de tisser des réseaux. Le festival joue ici un rôle de laboratoire : il contribue à structurer un écosystème où les musiques africaines circulent, s’exportent, s’inventent de nouveaux horizons. Les questions de représentation, d’innovation, d’accès au marché européen ou de dialogue avec d’autres scènes sont abordées sans détour, dans une ambiance conviviale qui favorise l’échange.
Le public, chaque année, ne s’y trompe pas. Il vient pour la richesse des découvertes, la variété des esthétiques et l’ambiance chaleureuse. Que l’on soit un habitué des scènes africaines ou simplement en quête d’une soirée différente, Mama Music offre une expérience à part : celle d’une fête où la curiosité est la seule règle, où l’on peut se laisser surprendre par un artiste inconnu, s’enthousiasmer pour une voix nouvelle, ou simplement se laisser porter par l’énergie du collectif.
La billetterie affiche souvent complet bien avant l’ouverture du festival. Il faut dire que le rendez-vous attire bien au-delà du cercle des initiés : passionnés, familles, étudiants, noctambules ou professionnels s’y retrouvent pour partager, écouter, danser, et parfois débattre. Mama Music prouve que la musique peut être un terrain commun, un point de rencontre entre Paris, l’Afrique et le monde.
Dans une actualité où la morosité gagne parfois du terrain, le festival fait le pari de la vitalité, de la création et de la joie collective. Il rappelle, l’espace de trois jours, que la scène africaine n’a rien perdu de sa force d’invention ni de son pouvoir de rassembler.
Informations pratiques
Dates : du 15 au 17 octobre 2025
Lieu : salles et clubs partenaires à Paris (programmation détaillée sur le site officiel du festival)
Billetterie : en ligne et sur place selon les événements, certains concerts affichent complet très tôt
Infos et programme : shotgun.live
Marennes-Oléron passe à l’heure africaine avec Visions d’Afrique, du 15 au 21 octobre
Du 15 au 21 octobre 2025, le festival Visions d’Afrique transforme la Charente-Maritime en carrefour de la création africaine. Films, rencontres littéraires, concerts : une semaine où le public découvre la vitalité et la diversité des cultures du continent.
Chaque automne, quand les vents marins s’installent sur les côtes atlantiques, un souffle venu d’Afrique traverse le pays Marennes-Oléron. Depuis seize ans, Visions d’Afrique fait battre le cœur de la Charente-Maritime au rythme du cinéma, de la littérature et de la musique africaine. Du 15 au 21 octobre 2025, ce festival unique invite à explorer des horizons nouveaux, à travers des œuvres, des paroles, des sons venus de tout le continent.
Visions d’Afrique n’est pas un simple rendez-vous de cinéphiles. C’est d’abord un lieu d’échange, de transmission, de curiosité. Dans les salles obscures de Saint-Pierre d’Oléron et de Marennes, mais aussi dans les médiathèques, sur les places de village, se retrouvent réalisateurs, auteurs, musiciens, habitants et visiteurs. Tous partagent une même envie : celle de découvrir, de comprendre, de questionner les réalités et les imaginaires de l’Afrique contemporaine. Depuis sa création, le festival n’a cessé de s’ouvrir : à chaque édition, il accueille un public plus large, mêlant scolaires, familles, passionnés et simples curieux.
La programmation cinéma constitue l’épine dorsale du festival. Elle reflète la pluralité des regards et des écritures. Cette année encore, les organisateurs ont réuni une sélection d’avant-premières, de documentaires et de fictions venus du Burkina Faso, du Sénégal, de la Tunisie, de la Côte d’Ivoire, du Maroc, mais aussi des diasporas. Les projections sont souvent suivies de rencontres avec les réalisateurs : des moments privilégiés où l’on peut discuter, interroger les choix artistiques, comprendre les enjeux politiques ou sociaux qui traversent les films. Le public, habitué ou novice, s’ouvre ainsi à des histoires singulières, à des récits d’exil, de résistance, de transmission, portés par des voix parfois trop rares sur les écrans européens.
Au fil des éditions, le festival a su élargir son horizon en faisant une place croissante à la littérature. Cette année, plusieurs auteurs viendront présenter leurs livres, dialoguer avec les lecteurs, dédicacer et débattre des grandes questions du moment. Qu’il s’agisse de mémoire, de migration, d’enfance ou de création, la littérature permet d’approfondir les thèmes abordés à l’écran et d’enrichir l’expérience du festival.
La musique occupe aussi une place centrale. Dès la tombée du jour, les salles s’ouvrent aux rythmes du jazz éthiopien, du mbalax sénégalais, des guitares touarègues, des polyphonies d’Afrique australe. Les concerts, toujours très attendus, prolongent la fête au-delà des séances de cinéma. Pour ceux qui souhaitent s’initier, des ateliers de danse et de percussions sont proposés tout au long de la semaine, dans une ambiance conviviale et accessible à tous.
La dimension participative fait la force de Visions d’Afrique. Le festival s’attache à toucher tous les publics, notamment grâce à des séances scolaires, des projections itinérantes dans les villages ou les quartiers, et à la mobilisation de nombreux bénévoles. L’esprit de partage se retrouve aussi dans les ateliers jeunesse, gratuits, et les activités accessibles à toutes les générations.
Soutenir la jeune création est une autre priorité. Le jury remettra plusieurs distinctions, dont le “Prix Visions d’Afrique du meilleur film”, tremplin pour de nombreux jeunes réalisateurs. Ce prix témoigne de la volonté du festival de repérer et d’accompagner des talents émergents, de faire circuler les œuvres et les regards.
À l’heure où le monde semble parfois replié, Visions d’Afrique rappelle que la culture est un trait d’union. Cinéma, littérature, musique sont ici des passerelles : elles invitent à la découverte, abolissent les frontières et rapprochent les imaginaires. Pendant une semaine, la Charente-Maritime devient une escale chaleureuse, ouverte à tous ceux qui veulent entendre battre le cœur d’une Afrique vivante et inventive.
Informations pratiques
Dates : du 15 au 21 octobre 2025
Lieux : Saint-Pierre d’Oléron et Marennes (Charente-Maritime, France)
Programme détaillé, réservations, tarifs : sur visionsdafrique.fr
Accès : séances ouvertes à tous, nombreuses activités gratuites, ateliers jeunesse, concerts et rencontres littéraires
Roxane Mbanga ouvre la MansA : l’exposition « NOIRES » électrise Paris dès le 4 octobre
Avec l’ouverture de la MansA à Paris, la scène afrodescendante trouve une maison à son image : chaleureuse, inclusive et créative. L’exposition « NOIRES » de Roxane Mbanga donne le ton d’un lieu pensé pour accueillir toutes les histoires et toutes les mémoires.
Le 3 octobre 2025 marque un moment clé pour la vie culturelle parisienne : la Maison des Mondes Africains, ou MansA, ouvre ses portes au 26 rue Jacques Louvel-Tessier. Cette adresse se rêve déjà en carrefour, pas seulement pour la capitale mais pour toute une génération désireuse de repenser la place des cultures afrodescendantes en France. La MansA n’est ni un musée ni une salle blanche où l’on chuchote devant des œuvres. Elle se veut maison au sens fort : on y entre comme chez soi, on y retrouve des souvenirs, on y partage des instants, on y construit une mémoire vivante.
À l’origine du projet, Elisabeth Gomis. Depuis huit ans, elle porte ce désir d’un lieu qui ne se contente pas de rassembler des objets, mais qui fasse place aux récits, aux corps, aux présences longtemps restées à la marge. MansA s’impose ainsi comme une alternative à l’Institut du Monde Arabe : ni imitation, ni simple « variation africaine », mais une maison où les identités circulent, où l’accueil est le maître-mot. Loin des formats muséaux figés, tout est fait pour que chacun puisse s’approprier l’espace, ressentir une émotion, s’y reconnaître ou se laisser surprendre.
Pour son inauguration, la MansA confie ses clés à Roxane Mbanga, jeune artiste qui a fait du collectif et du partage une signature. Formée entre Paris et Amsterdam, elle navigue entre textile, installations et photographie, mobilisant autour d’elle une équipe complice. Sa proposition, « NOIRES », pose d’emblée les intentions du lieu : ouvrir la maison, en faire un espace d’expériences pour tous, quelle que soit la familiarité avec les codes de l’art contemporain. Dès la rue, la façade invite à entrer. À l’intérieur, on découvre une scénographie à hauteur d’enfant, pleine de couleurs et de textures : paniers d’osier, tissages, objets du quotidien, livres et disques tissent un fil conducteur entre l’intime et le collectif.
L’exposition ne cherche pas à imposer une vision unique. Elle invite au contraire à multiplier les approches, à écouter, à toucher, à s’asseoir, à discuter, à feuilleter, à s’attarder. Dans le salon reconstitué, on peut prendre le temps de lire, d’écouter une playlist, ou simplement d’échanger quelques mots autour d’un panier de bananes plantain. Tout ici encourage la convivialité, le dialogue, le mélange des générations. Le projet de Roxane Mbanga puise dans son histoire personnelle, notamment à travers des portraits familiaux, mais il s’ouvre aussi aux expériences de toutes les personnes « noires » en France et ailleurs. Le livre éponyme « NOIRE·S » prolonge ce geste en donnant voix à la pluralité des récits.
Dans cette maison vivante, l’art et l’artisanat s’entremêlent. La pratique de Mbanga accorde une place essentielle au collectif : tout comme dans la mode, où de nombreux talents œuvrent dans l’ombre, elle tient à mettre en lumière le travail d’équipe, la circulation du savoir, la transmission. La scénographie et la photographie, portées par Mariette Kouame et d’autres complices, nourrissent un parcours à la fois sensible et ouvert. Nul besoin d’être initié : chacun peut, à sa façon, se saisir des œuvres, questionner, s’émerveiller, laisser résonner les histoires.
« C’est remettre au centre les femmes noires », affirme Mbanga. Mais au-delà de la dimension personnelle, l’exposition ouvre une réflexion sur la transmission, sur la trace que chacun laisse derrière soi, sur la manière dont les mémoires se croisent, se superposent, se répondent. « Quelle trace laisse-t-on, et pour qui ? » demande Elisabeth Gomis. La réponse tient dans l’énergie qui circule, dans la liberté offerte à chacun de s’approprier le lieu, dans la chaleur de l’accueil et la richesse des échanges.
En choisissant « NOIRES » pour ses débuts, la MansA affirme une ligne : celle d’un espace où la parole circule, où les récits afrodescendants trouvent enfin une place centrale, où la création n’est jamais isolée du vécu. Ce n’est pas une institution figée, mais une maison vibrante, qui donne à voir et à sentir la pluralité des mondes africains, au cœur de Paris.
Informations pratiques
Exposition : NOIRES, de Roxane Mbanga
Lieu : MansA – Maison des Mondes Africains, 26 rue Jacques Louvel-Tessier, 75010 Paris
Dates : du 4 au 26 octobre 2025
Entrée : gratuite, sur réservation obligatoire
Horaires : mardi-jeudi 14h-19h, vendredi 14h-21h, samedi 10h-19h, dimanche 11h-19h
Programmation associée : rencontres, ateliers, visites guidées (voir calendrier sur le site officiel)
Londres s’embrase avec A WÀ ǸBẸ̀ Part II : immersion sensorielle au Africa Centre jusqu’au 25 octobre
À Londres, l’exposition A WÀ ǸBẸ̀ Part II d’Orry Shenjobi invite le public à explorer la mémoire, la fête et l’identité à travers une expérience immersive au Africa Centre, du 8 au 25 octobre 2025, entre archives africaines et création contemporaine.
Au cœur de Londres, The Africa Centre accueille jusqu’au 25 octobre une exposition qui propose de revisiter la fête et la mémoire par le prisme de l’art contemporain. A WÀ ǸBẸ̀ Part II, conçue par l’artiste nigérian-britannique Orry Shenjobi, s’ouvre comme une invitation à ressentir la culture Òwàmbè, entre passé revisité et présent en mouvement.
Loin de se réduire à une collection d’objets ou d’images, l’exposition transforme l’espace en un véritable terrain d’expériences. Dès l’entrée, le visiteur perçoit que la fête n’est pas ici traitée comme une simple tradition ou un folklore figé, mais comme un espace vivant où l’on vient rencontrer l’autre, éprouver le temps, tisser de nouveaux liens avec soi et les autres. Ce projet, nourri par les archives de la culture populaire africaine, met en lumière la façon dont les célébrations collectives construisent l’identité et participent à la transmission de la mémoire.
Òwàmbè, ce mot qui désigne au Nigeria les fêtes sociales souvent spectaculaires, prend ici un autre relief. Shenjobi s’attache à montrer que la célébration dépasse le cliché de l’événement festif, pour devenir une expérience complète où sons, matières, mouvements, couleurs et rencontres se répondent. Les murs vibrent de lumières changeantes, le mobilier invite à s’asseoir, à discuter, à se laisser porter par une atmosphère à la fois intime et ouverte sur le collectif. Tout est conçu pour que l’on ne soit jamais réduit au rôle de spectateur passif : ici, chacun peut traverser les installations, écouter, toucher, s’imprégner d’ambiances qui évoluent au fil des jours.
Le travail de Shenjobi interroge la mémoire sans nostalgie. Il puise dans les souvenirs partagés mais aussi dans le présent de la diaspora, pour composer un récit qui se construit au fil des échanges et des rencontres. Les archives ne sont pas figées ; elles deviennent matière à créer, support d’un dialogue entre générations, entre villes, entre continents. L’exposition s’adresse à tous ceux qui souhaitent s’ouvrir à une histoire collective, à travers la danse, la musique, les objets rituels, mais aussi à travers le simple fait d’être là, ensemble, dans un espace commun.
Deux temps forts viennent rythmer cette immersion : une table ronde, le 11 octobre, offre l’occasion de dialoguer avec l’artiste et ses collaborateurs autour des enjeux de l’installation. Comment penser la fête aujourd’hui ? Comment donner forme à la mémoire sans l’enfermer ? Ces questions seront au cœur des échanges, animés par Sosa Omorogbe. Une semaine plus tard, le 17 octobre, le Cocktail Party s’annonce comme un moment de partage : de 18h à 22h, le lieu se transforme en scène ouverte où la danse, la musique et la gastronomie s’entremêlent dans une ambiance chaleureuse.
Né en 1997, Orry Shenjobi s’est déjà fait remarquer avec Humans of Lagos, une série de portraits où il saisit la vitalité du quotidien urbain et la dimension sensible des gestes ordinaires. Sa démarche privilégie toujours le contact, la rencontre, la circulation de la parole et du regard. Avec A WÀ ǸBẸ̀ Part II, il va plus loin : l’art n’est pas présenté comme un objet à admirer, mais comme une occasion de vivre, de ressentir, de célébrer ensemble. Son approche dépasse les frontières, brouille les distinctions entre artistes et visiteurs, et propose un nouveau rapport au temps : celui d’une mémoire en mouvement, d’un présent habité par les récits de ceux qui sont venus avant nous.
Dans cet espace, l’identité n’est jamais assignée ; elle se découvre au fil des interactions, se modèle dans la rencontre avec l’autre, s’invente dans la fête et le partage. La culture Òwàmbè devient alors un point de départ pour repenser la façon dont nous habitons le monde, dont nous tissons nos histoires personnelles dans une trame collective. La fête, loin d’être une parenthèse, est ici pensée comme une archive vivante, un acte de création, une invitation à s’engager dans la vie culturelle de la ville.
Informations pratiques
Titre : A WÀ ǸBẸ̀ Part II – A Solo Exhibition by Orry Shenjobi
Lieu : The Africa Centre, 66 Great Suffolk Street, London SE1 0BL
Dates : Du 8 au 25 octobre 2025, tous les jours de 12h à 21h
Table ronde : 11 octobre 2025, 17h– 20h
Cocktail Party : 17 octobre 2025, 18h– 22h
Entrée libre
Plus d’infos : www.africacentre.org.uk
Djerba fait vibrer les littératures du Sud : Kotouf Festival réunit les voix du monde les 17 et 18 octobre
Le Kotouf Festival, première manifestation littéraire de Djerba dédiée aux écritures du Sud, réunit le 17 et 18 octobre 2025 des voix venues d’Afrique, du monde arabe et d’ailleurs, pour inventer ensemble de nouveaux espaces de création et de dialogue.
Les 17 et 18 octobre 2025, Djerba se prépare à écrire une nouvelle page de son histoire culturelle. L’île, carrefour de peuples et de traditions, accueille la toute première édition du Kotouf Festival – Littératures du Sud. Ce rendez-vous, impulsé par une équipe de femmes engagées, se veut ouvert et audacieux : rassembler, le temps d’un week-end, des écrivains, poètes et artistes de plusieurs continents autour d’une ambition commune : faire de la littérature un espace vivant de rencontres et d’inventions.
À Houmt Souk, la ville principale de Djerba, le festival entend décloisonner les genres, les langues, les disciplines. Le thème choisi pour cette édition, « Nord/Sud : quelles écritures ? », invite à dépasser les frontières géographiques et littéraires pour faire émerger des voix et des textes souvent trop peu entendus. Ici, la littérature se fait polyglotte et collective : les invités viennent de Côte d’Ivoire, de Madagascar, de l’Île Maurice, du Canada, d’Haïti, du Liban, de Tunisie, mais aussi d’Europe et d’ailleurs. Ce sont autant de récits, de parcours, de formes d’engagement qui se rencontrent et se répondent.
Le Kotouf Festival, c’est d’abord une histoire de voix et de visages. Tanella Boni, figure majeure des lettres ivoiriennes, croisera la plume et la parole avec Jean-Luc Raharimanana, écrivain malgache, Ananda Devi, romancière mauricienne, ou encore Lise Gauvin, critique et autrice canadienne. D’autres noms s’ajoutent : James Noël, poète haïtien, Walid Hajar Rachedi, Georgia Makhlouf, Emna Belhaj Yahia, Nadia Khiari, Faouzia Zouari, Lotfi Chebbi, Hafidha Karabiben, Hassanine Ben Ammou, Mohamed Mahjoub… La liste s’étire, reflétant la richesse d’une programmation pensée pour la diversité et l’échange.
Le festival investit la ville : les librairies, les cafés, les associations, les écoles deviennent, pour deux jours, les scènes d’une agora vivante. Ateliers d’écriture en arabe et en français, séances de bande dessinée, débats sur la traduction et la circulation des textes, lectures à voix haute, cafés littéraires intimes, expositions de photographies, projections de films, interventions visuelles et performances artistiques tissent un fil continu entre mots, images et sons. Le public, qu’il soit passionné de littérature ou simplement curieux, est invité à participer, à poser ses questions, à tenter l’aventure de l’écriture ou du dialogue.
Ce qui distingue Kotouf, c’est la volonté de réunir toutes les générations, de mélanger les pratiques, d’ouvrir la littérature à d’autres formes d’expression. Ici, le livre quitte ses rayons pour aller à la rencontre du public, dans la rue, au détour d’un café ou sous une tente dressée sur la place. Les artistes et les auteurs dialoguent aussi avec les lycéens, les étudiants, les habitants de Djerba venus en famille, offrant à chacun la possibilité de s’approprier la parole, de partager une histoire ou une émotion.
À travers cette programmation généreuse, le festival défend une idée simple : la littérature est un bien commun, un espace de liberté où chacun peut puiser pour comprendre le monde, s’émanciper, inventer de nouvelles manières d’être ensemble. Sur une île inscrite depuis peu au patrimoine mondial de l’UNESCO, Kotouf prend le parti de l’ouverture et de l’hospitalité. Il fait de Djerba un point de jonction entre l’Afrique, le monde arabe et la Méditerranée, sans jamais figer les identités, mais en favorisant le mouvement, la rencontre, la création partagée.
La diversité n’est pas un mot d’ordre mais une réalité vécue, dans la multiplicité des langues, des cultures et des expériences présentes. Le festival accorde une large place à la traduction, aux arts visuels, à la performance : la littérature se conjugue avec la musique, le dessin, la photographie, la parole improvisée. À Djerba, la création ne s’arrête pas au seuil des livres : elle s’invente sur scène, dans la rue, dans les échanges entre artistes et publics.
En réunissant des figures reconnues et de jeunes auteurs, en valorisant le croisement des disciplines et la circulation des idées, le Kotouf Festival affirme que la littérature peut être fête, débat, et source de renouvellement collectif. Pour cette première édition, la promesse est celle d’une expérience ouverte à tous, curieux, passionnés, habitants ou visiteurs de passage : un moment où la Méditerranée se fait caisse de résonance des voix du Sud.
Informations pratiques
Dates : 17 et 18 octobre 2025
Lieu : Houmt Souk, Djerba, Tunisie (Centre des ressources associatives/Association pour la sauvegarde de l’île de Djerba – ASSIDJE)
Thème : Nord/Sud : quelles écritures ?
Programme : Rencontres, ateliers (écriture, BD, traduction), lectures, performances, projections, expositions, cafés littéraires
Entrée : Événements gratuits ou sur inscription (selon activité)
Sélection d’auteurs : Tanella Boni, Jean-Luc Raharimanana, Ananda Devi, Lise Gauvin, James Noël, Georgia Makhlouf, Emna Belhaj Yahia, Nadia Khiari, Faouzia Zouari, Lotfi Chebbi, etc.