« Madame Bovary, ma mère et moi » : mères, filles et transmission

Dans  Madame Bovary, ma mère et moi, Samira El Ayachi tisse un roman intime et universel sur la filiation, le silence des femmes, et la quête de sens. Un hommage bouleversant à l’amour maternel, la littérature et l’émancipation féminine.


Avec son cinquième roman, à paraître le 9 janvier 2026 aux Éditions de l’Aube, Samira El Ayachi signe une œuvre puissante et lumineuse, à la croisée de l’intime et du collectif. Madame Bovary, ma mère et moi invite le lecteur dans une exploration sensible du lien mère-fille, tout en abordant l’ombre portée de la santé mentale des femmes migrantes en France à l’ère du regroupement familial.

« On n’en a jamais parlé. Mais je crois que je n’étais pas prévue au programme. Je suis sûrement l’enfant d’un retour de couches. Est-ce pour cela que j’ai toujours l’impression de déranger. Est-ce pour cela que je m’excuse souvent ? » Dès les premières pages, la voix de Salwa, narratrice, expose les failles et les non-dits qui traversent sa lignée. Lorsqu’un médecin lui demande si elle connaît ses antécédents familiaux, elle prend la mesure du vide : que sait-elle, en réalité, des femmes qui l’ont précédée, de leurs maladies, de leurs blessures, de ce qui s’est transmis en silence ?

Cette ignorance devient une quête : comprendre, mettre des mots sur les douleurs sans nom, les silences maternels, les héritages invisibles. La figure d’Emma Bovary, découverte au lycée, résonne comme un écho lointain à ses propres interrogations. Entre une mère et sa fille s’esquissent alors les contours d’une reconquête : secrets, exils, non-dits se révèlent au fil d’un chemin vers la reconnaissance mutuelle.

Un angle inédit

En mêlant roman familial et réflexion sociale, Samira El Ayachi aborde un angle rarement exploré : la santé mentale des femmes issues de l’immigration, venues en France dans le sillage du « regroupement familial » à la charnière des années 1980. Derrière la trame romanesque, c’est toute une génération de femmes silencieuses et courageuses qui trouve ici une voix : celles dont les souffrances, les désirs et les rêves n’ont jamais fait l’objet de récits ou de transmission.

La littérature apparaît alors comme un espace d’émancipation, une force de réparation partagée entre les générations. Par la voix de ses personnages, l’autrice questionne la place des femmes, la mémoire des corps, l’impact des migrations sur l’intime, mais aussi la capacité à renaître de ses blessures.

Dans Madame Bovary, ma mère et moi, Samira El Ayachi poursuit l’exploration des liens qui relient les rives, les générations et les trajectoires féminines. Le roman s’inscrit dans le cycle Ce qui nous relie : Histoire(s) de réparations en partage, initié par l’autrice et comprenant notamment Le ventre des hommes (éditions de l’Aube, 2021). Sa plume, à la fois directe et poétique, tranche dans le vif : ici, le roman refuse le pathos et choisit l’éclat de la vérité, la lucidité de l’analyse, la force du témoignage.

Au-delà de la singularité de son histoire, le livre résonne avec les expériences de nombreuses femmes et filles qui cherchent à retisser, à leur façon, les fils de la mémoire et de la filiation. Hymne à l’amour, à la littérature et à la résilience, il s’adresse à toutes celles et ceux qui souhaitent comprendre ce qui, de génération en génération, se transmet – et comment, parfois, on peut se libérer des silences pour enfin se retrouver.

 

Informations pratiques

Titre : Madame Bovary, ma mère et moi
Autrice : Samira El Ayachi
Éditeur : Éditions de l’Aube (collection « Regards croisés »)
Sortie en librairie : 9 janvier 2026
Nombre de pages : 265
Prix public : 19,90 €