Le tiers-monde pendant la Seconde Guerre mondiale à Cologne

Du 8 mars au 1er juin 2025, le Centre de documentation sur le national-socialisme de Cologne braque les projecteurs sur un pan trop souvent éclipsé de l’histoire avec l’exposition « le tiers-monde pendant la Seconde Guerre mondiale ». Dans le cadre de l’africologneFESTIVAL, cette initiative sera accompagnée d’une performance de danse-théâtre qui résonne comme un hommage aux oubliés du conflit.

La Seconde Guerre mondiale est généralement racontée à travers le prisme des grandes puissances, des batailles décisives et des figures emblématiques. Pourtant, derrière ces récits dominants, des millions d’hommes et de femmes issus des colonies d’Afrique, d’Asie et des Caraïbes ont joué un rôle essentiel dans l’effort de guerre. Soldats enrôlés, travailleurs forcés, résistants ou populations civiles victimes de l’occupation, ils ont payé un lourd tribut à un conflit qui n’était pas le leur, souvent sans que leur engagement ne soit pleinement reconnu.

L’exposition « le tiers-monde pendant la Seconde Guerre mondiale », organisée par le NS-Dokumentationszentrum, ambitionne de réparer cet oubli en mettant en lumière leur contribution et les conséquences du conflit sur les territoires colonisés. À travers des documents d’archives, des témoignages poignants et des objets d’époque, elle restitue la réalité de ces combattants et civils mobilisés au service des puissances européennes.

Des champs de bataille d’Afrique du Nord aux théâtres d’opérations en Europe, des régiments de tirailleurs sénégalais aux forces indiennes engagées contre le Japon, des milliers d’hommes ont combattu dans des conditions extrêmes. Beaucoup ont été poussés à s’engager sous la contrainte ou par des promesses jamais tenues. À la fin de la guerre, nombre d’entre eux ont été abandonnés, laissés sans reconnaissance ni compensation par les pays qu’ils avaient défendus.

Mais la guerre ne s’est pas limitée aux combats. Dans les colonies, l’effort de guerre s’est traduit par le pillage des ressources, la répression de mouvements indépendantistes naissants et des famines meurtrières. Si la victoire des Alliés a marqué la fin du conflit, elle a aussi accéléré la prise de conscience des peuples colonisés, nourrissant les revendications d’émancipation qui éclateront après 1945.

Pour prolonger cette exploration historique, la performance « à nos morts / les libérateurs oubliés », programmée les 28 et 29 mai 2025 au Bürgerzentrum Nippes – Altenberger Hof, viendra donner corps et voix à ces combattants invisibilisés. Mêlant danse hip-hop et théâtre, cette création exprime par le mouvement la douleur, le courage et les espoirs de ces soldats et travailleurs coloniaux plongés dans un conflit qui ne leur a laissé que peu de place.

Cette performance, portée par des artistes engagés, réinvestit l’histoire sous une forme émotionnelle et universelle. À travers la musique, la narration et l’énergie de la danse, elle interroge également les inégalités et le racisme structurel dont ces combattants ont été victimes. Considérés comme des soldats de seconde classe, souvent mal équipés et sous-payés, ils ont subi une double peine : celle du front et celle de l’oubli.

Ces événements s’inscrivent dans la programmation de l’africologneFESTIVAL, qui se tiendra du 11 au 22 juin 2025. Ce festival, dédié aux arts et aux cultures africaines, propose spectacles, conférences et performances pour interroger les liens entre l’Europe et l’Afrique à travers une approche artistique et historique.

En réhabilitant ces récits occultés, « Le tiers-monde pendant la Seconde Guerre mondiale » et « À nos morts / Les libérateurs oubliés » rappellent que la mémoire du conflit ne saurait être complète sans l’inclusion de ceux qui ont combattu dans l’ombre. Alors que les débats sur la reconnaissance des anciens combattants coloniaux se multiplient, ces initiatives apportent un éclairage essentiel sur un passé qui façonne encore les luttes d’aujourd’hui.

Pour ceux qui souhaitent approfondir ces thématiques, le site officiel de l’africologneFESTIVAL propose un programme détaillé et des ressources complémentaires. Ce printemps 2025 à Cologne sera ainsi marqué par une plongée dans une mémoire trop longtemps marginalisée, mais dont la transmission est indispensable pour construire une histoire partagée.