Liban, le Hezbollah clairement sur la défensive !

La plupart des sites militaires du Hezbollah dans le sud du Liban ont été placés sous le contrôle de l’armée libanaise, a appris l’AFP samedi d’une source proche du mouvement pro-iranien. La veille, un réseau européen qui fournissait au Hezbollah les équipements nécessaires à la fabrication de centaines de drones a été démantelé, d’après le quotidien français Le Figaro.

190 sites du Hezbollah sur 265 remis à l’armée

Un accord de cessez-le-feu, conclu fin novembre, a mis fin à plus d’un an d’hostilités, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais, qui ont fait plus d’un million de déplacés et dévasté des pans entiers du pays. Le Hezbollah, très affaibli par la guerre, doit se retirer au nord du fleuve Litani, à quelque 30 km de la frontière israélienne, et démanteler ses infrastructures militaires restantes dans le sud. « Sur les 265 positions militaires du Hezbollah identifiées au sud du Litani, le mouvement en a cédé environ 190 à l’armée », a indiqué la source, sous couvert d’anonymat.

Dimanche, une émissaire américaine en visite à Beyrouth a exhorté les autorités libanaises à accélérer le désarmement du Hezbollah.

« Nous continuons d’exhorter le gouvernement à aller jusqu’au bout pour faire cesser les hostilités, ce qui inclut le désarmement du Hezbollah et de toutes les milices », a déclaré Morgan Ortagus sur la chaîne locale LBCI.

Le président libanais Joseph Aoun, dont l’élection a été permise par l’affaiblissement du Hezbollah, a affirmé lundi que la question devait être résolue « par le dialogue », car le « Hezbollah est une composante libanaise ».

Un réseau européen de drones drones au Hezbollah démantelé

Le journal indique que «l’événement le plus marquant entre l’été 2024 et la semaine dernière a été le démantèlement du réseau de soutien logistique du Hezbollah, qui comprenait l’Espagne, la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni».

Ce réseau était impliqué dans l’achat de matériel destiné à la fabrication de drones, et tous les composants obtenus auraient pu permettre la production de plusieurs centaines d’engins meurtriers, voire d’un millier, souligne Le Figaro.

Le quotidien précise que le 4 avril, un juge antiterroriste à Paris a mis en examen un suspect et l’a condamné à une peine de prison pour association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste. Une enquête a révélé que des composants de drones avaient été achetés en Europe puis envoyés au Liban.

Les Américains a la manoeuvre

Lors de ses entretiens récents avec les responsables officiels libanais, Morgan Ortagus a réitéré la position constante de Washington, à savoir la nécessité de désarmer les groupes armés non étatiques, au premier rang desquels le Hezbollah. Dans une interview accordée à la presse locale le 6 avril, elle a affirmé que « le Hezbollah devait être désarmé dès que possible » et que cette mission incombait « aux Forces armées libanaises, seules détentrices légitimes de la force armée sur le territoire libanais ».

Elle a également insisté sur la nécessité pour l’armée libanaise de renforcer le contrôle des frontières, en particulier avec la Syrie, pour empêcher la contrebande d’armes. Ortagus a souligné l’importance de la mise en œuvre complète de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies, qui interdit notamment la présence d’armes non autorisées au sud du fleuve Litani — une zone où le Hezbollah continue d’être militairement actif.

« Il est clair qu’Israël n’acceptera pas que des terroristes tirent sur eux depuis un pays voisin, et c’est une position que nous comprenons », a-t-elle ajouté, exprimant ainsi l’alignement stratégique de Washington sur les préoccupations sécuritaires d’Israël tout en rappelant la responsabilité de l’État libanais dans le maintien de la paix à sa frontière sud.

L’escalade sans précédent à la frontière syrienne

Des affrontements d’une intensité inédite ont éclaté ce dimanche à la frontière libano-syrienne entre des éléments du Hezbollah et l’armée syrienne. Des informations font état de combats violents, accompagnés de la mobilisation d’un important convoi militaire syrien vers la frontière libanaise, comprenant des chars et des lance-roquettes.

Dans ce contexte tendu, des renforts militaires issus des tribus libanaises proches du Hezbollah sont arrivés dans les zones de combat, signalant une mobilisation communautaire face à cette nouvelle menace. La localité de Qasr, près de Hermel, a été touchée par des roquettes en provenance de la région syrienne de Qousseir.

Face à cette situation qui ne cesse de se dégrader, le ministère syrien de la Défense a averti qu’il prendrait « toutes les mesures nécessaires après cette escalade dangereuse de la part du Hezbollah. » Cette déclaration laisse présager une intensification potentielle des hostilités dans les jours à venir.

 
Article précédentEzekiel Messou, l’art brut au fil de la machine
Article suivantDes milliers de millionnaires israéliens ont quitté Israël
Nicolas Beau
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)