Du 24 juillet au 3 août 2025 à Cape Coast, le Ghana accueillera PANAFEST, . Un événement mémoriel et artistique qui interroge l’héritage de l’esclavage tout en célébrant la créativité du continent africain.
Il y a des festivals qui divertissent, d’autres qui éveillent, mais rares sont ceux qui relèvent à la fois de la mémoire, de la politique et de la culture. PANAFEST — acronyme de Pan-African Historical Theatre Festival — est de ceux-là. Du 24 juillet au 3 août 2025, le Ghana vibrera au rythme de ce festival unique, conçu comme un pont entre les peuples africains et leurs diasporas. Organisé alternativement entre Accra, Cape Coast et Elmina, il transforme les lieux marqués par l’histoire de la traite négrière en scènes vivantes où théâtre, musique, danse, conférences et rituels se répondent. En 2025, la thématique centrale — « Our Own Stories Shape Our Future » — insiste sur la nécessité de reconquérir le récit africain, de le réécrire avec ses propres mots, et de le transmettre à la jeunesse.
PANAFEST n’est pas qu’un événement artistique ; c’est une expérience initiatique. L’ouverture du festival se fait par une cérémonie de libation, à la mémoire des ancêtres déportés vers les Amériques. Puis vient la « Return Procession », marche silencieuse vers le fort d’Elmina, où les visiteurs traversent symboliquement la « Porte du non-retour » — le passage funeste par lequel des millions d’Africains furent arrachés à leur terre. Chaque année, cette marche provoque des larmes, des étreintes, des cris. Elle reconnecte les corps à une histoire souvent tue. À PANAFEST, la mémoire de l’esclavage ne se résume pas à une date ou un chapitre de manuel. Elle devient chair, rythme, danse et douleur.
Les industries créatives
L’édition 2025 prévoit une série de panels sur l’entrepreneuriat culturel, les industries créatives africaines, le panafricanisme numérique, et les luttes environnementales. Y participeront des figures telles que le Nigérian Akin Omotoso, la Rwandaise Sonia Rolland, le rappeur ghanéen M.anifest ou encore l’activiste jamaïcain Mutabaruka. La parole y est libre, ancrée, politique. Le festival fait le pari que la culture peut être un levier de souveraineté et non un simple outil de valorisation touristique. Ici, le griot côtoie le start-upper, la prêtresse vodou converse avec la sociologue afro-caribéenne, et les héritiers des résistants dialoguent avec ceux de la Black Panther Party.
La programmation musicale mêlera en 2025 rythmes traditionnels akan, afrobeat, spoken word, jazz créole et gospel militant. Les soirées se tiendront à l’Amphithéâtre National de Cape Coast, mais aussi sur les plages, dans les cours de maisons communautaires, et jusque dans les marchés. Ce choix de la décentralisation est volontaire : PANAFEST ne veut pas être un festival élitiste, mais une résonance populaire. L’ambiance y est électrique, entre ferveur militante et liesse carnavalesque. Les jeunes Ghanéens y côtoient des visiteurs venus d’Haïti, de Cuba, de la Barbade, des États-Unis ou du Brésil, venus retrouver une part d’eux-mêmes, dans ce continent qui les a vus partir, il y a des siècles, dans les cales d’un navire.
L’un des moments les plus forts du festival est sans doute le « Naming Ceremony », cérémonie symbolique par laquelle des membres de la diaspora reçoivent un nom africain et un certificat d’appartenance spirituelle au continent. C’est une manière de dire que l’exil ne brise pas le lien, que la généalogie peut transcender les siècles. Loin d’être folklorique, cet acte touche à l’intime, au droit à l’identité. Plusieurs invités de marque ont déjà confirmé leur présence cette année, dont des représentants du Smithsonian, des leaders rastafaris, et des artistes issus du mouvement Black Lives Matter. Le festival a aussi noué un partenariat inédit avec le Musée du Quai Branly à Paris pour une série d’échanges sur la restitution des œuvres africaines.
PANAFEST est, enfin, une invitation à la responsabilité. Il engage chacun, Africain du continent ou de la diaspora, à penser la mémoire non comme un poids, mais comme un socle.
Informations pratiques :
Dates : du 24 juillet au 3 août 2025
Lieux : Accra, Cape Coast, Elmina (Ghana)
Entrée : gratuite pour les cérémonies publiques, billetterie pour les spectacles
Langues : anglais, akan, français (traduction disponible sur site)
Accès : vols réguliers vers Accra, navettes locales vers Cape Coast
Hébergement : hôtels partenaires, guesthouses locales, logements universitaires
Programme complet : www.panafestghana.org