Le burkinabé Souleimane Barry expose « Racines » à Paris

 Du 6 septembre au 18 octobre 2025, la galerie Paris‑B expose « Racines », une plongée dans l’univers vibrant de Souleimane Barry. Peinture, installations et mémoire africaine dialoguent au cœur du Xe arrondissement, entre poésie, transmission et quête d’origine.

Il est de ces expositions qui ne se contentent pas de séduire l’œil, mais qui invitent à un véritable voyage intérieur. « Racines », nouvelle proposition de la galerie Paris‑B, en fait partie. L’artiste franco-burkinabé Souleimane Barry y déploie un univers où la question de l’origine, du déplacement et de la transmission tisse le fil rouge de chaque toile, chaque volume, chaque fragment de récit. Barry, formé entre Ouagadougou et Paris, puise dans sa double appartenance une matière dense : celle des souvenirs, de l’exil, de l’enfance africaine réinventée par le regard d’adulte. Chez lui, la couleur a la densité d’une terre, la lumière celle d’un souvenir retrouvé.

L’exposition « Racines » porte bien son nom. Entre toiles de grand format, installations textiles et dessins, Barry évoque tout autant l’attachement au sol natal que la sensation de l’arrachement, la nostalgie du retour impossible que l’espérance de la réinvention. Ses œuvres, à la frontière de la figuration et de l’abstraction, convoquent les symboles familiers de la culture burkinabée – masques, silhouettes, motifs géométriques –, mais aussi l’imaginaire du voyage, du déracinement et de la migration. Il y a dans chaque pièce un dialogue silencieux entre passé et présent, un va-et-vient permanent entre le village africain et la métropole européenne.

Dans la galerie, le visiteur chemine parmi des compositions puissantes, dont les couleurs vives – ocres, indigos, verts profonds – s’opposent à la fragilité des supports : tissus usés, cordages, bois flottés. Le geste artistique, parfois proche de la performance, devient acte de mémoire. Ici, la peinture ne raconte pas simplement une histoire : elle reconstruit une identité fragmentée, fait revivre des gestes, des rites, des paysages intimes. Certains tableaux sont ponctués de textes manuscrits, comme des lettres envoyées à l’enfant que l’on était, à la mère lointaine, au pays rêvé.

L’œuvre de Barry est traversée d’un humanisme solaire, à la fois lucide et habité d’espoir. Elle ne verse jamais dans la nostalgie amère : chaque racine qu’il évoque devient branche, feuille, promesse d’un nouvel élan. Pour lui, la mémoire n’est pas une prison, mais une terre à labourer. À travers « Racines », la galerie Paris‑B offre une occasion rare de découvrir un pan essentiel de la création africaine contemporaine, dans ce qu’elle a de plus intime, de plus universel, de plus vibrant.

Informations pratiques

Dates : du 6 septembre au 18 octobre 2025
Lieu : Galerie Paris‑B, 7 rue Saint‑Claude, 75003 Paris
Artiste : Souleimane Barry
Horaires : du mardi au samedi, 11h‑ 19h
Entrée libre
Plus d’infos sur paris-b.com.

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Nicolas Beau
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)