La semaine culturelle africaine (30 mai-6 juin) en sept arrêts

De Paris à Angoulême, de Dakar à Abidjan, la création africaine pulse cette semaine aux quatre coins de la scène culturelle. Concerts, expos, projections, festivals… une vitalité artistique plurielle se déploie, entre dialogues intimes et envolées politiques.

 

Paris Ivoire Cinéma : la Côte d’Ivoire à l’écran, les 30 et 31 mai à Ivry-sur-Seine

Première édition du Festival Paris Ivoire Cinéma à l’EICAR les 30 et 31 mai 2025. Deux soirées de projection pour découvrir un cinéma ivoirien en pleine renaissance, entre thrillers, drames sociaux et comédies audacieuses. Un pont culturel à ne pas manquer.

Le 7e art ivoirien pose ses valises à Ivry-sur-Seine. Pour la première fois, le festival Paris Ivoire Cinéma investit les locaux de l’EICAR, prestigieuse école de cinéma, pour deux soirées de projection les 30 et 31 mai 2025, placées sous le signe du dialogue culturel, de l’audace narrative et de la diversité des regards. Organisé par le Bureau des étudiants de l’établissement, cet événement promet une immersion dans le cinéma ivoirien contemporain, avec une sélection éclectique de films et des échanges privilégiés avec les artistes.

Au programme : thrillers, drames sociaux, comédies grinçantes, récits mystiques… De quoi battre en brèche l’idée d’un cinéma africain réduit à un seul style ou à une seule esthétique.

Le projet est né d’un désir clair : rendre visibles les œuvres d’un cinéma trop souvent ignoré dans les circuits européens, malgré sa richesse et sa vitalité. À travers ce festival, les étudiants de l’EICAR veulent non seulement mettre en lumière des films issus de la Côte d’Ivoire, mais aussi tendre un pont entre deux cultures cinématographiques : celle, industrielle et formatée de l’Occident, et celle, vivante, souvent artisanale, des cinéastes africains.

Avec six films projetés sur deux jours, le festival offre un panorama dense et varié, qui donne à voir la pluralité des imaginaires ivoiriens, entre tension sociale, humour populaire et plongée mystique.

Parmi les œuvres présentées, certaines sont déjà saluées dans les circuits de festivals :

Nina Torres de Khady Touré : un thriller psychologique sur les revers de la célébrité, porté par une mise en scène nerveuse et un jeu d’acteur habité.

Gazoua doit mourir de Fidèle Koffi : une comédie dramatique mêlant humour grinçant et critique sociale, dans un village où l’héritage devient une bombe à retardement.

Love, Sexe & Money de Owell Brown : drame urbain sur les désillusions sentimentales d’une jeunesse abidjanaise prise entre modernité et tradition.

Indlu Yesono de Djoblé E. Ahouné : une œuvre inclassable entre fantastique et horreur, qui convoque les esprits dans une atmosphère angoissante, aux frontières du mythe.

Chaque projection sera suivie d’un échange avec les réalisateurs ou les acteurs, pour offrir au public une expérience complète : voir, écouter, questionner.

Ce qui fait la force de Paris Ivoire Cinéma, c’est sa volonté de créer des rencontres entre les cultures. L’idée n’est pas simplement de “montrer des films africains”, mais de les inscrire dans une démarche pédagogique, sensible et politique, où le spectateur est partie prenante du processus.

Des pass à la carte permettent au public de composer son propre parcours :

Pass Comédie (15 €)
Pass Drame (25 €)
Pass Thriller (35 €)
Pass Science-Fiction (50 €)
Et pour les plus curieux : Pass STAR (100 €), offrant un accès complet avec soirées privées, cocktail et séances spéciales.

L’objectif affiché est clair : rendre ces œuvres accessibles, dans un cadre accueillant et engagé, sans élitisme mais avec exigence.

L’EICAR, l’École internationale de création audiovisuelle et de réalisation, forme chaque année des dizaines de futurs professionnels du cinéma et de l’audiovisuel. En accueillant ce festival, elle ouvre ses portes à un autre pan de la création mondiale, tout en offrant à ses étudiants une expérience concrète d’organisation, de médiation culturelle et de programmation cinématographique.
Le festival se positionne ainsi comme un laboratoire d’échange, où étudiants, artistes et public extérieur peuvent repenser ensemble ce que signifie “faire du cinéma”, au-delà des frontières industrielles.

Infos pratiques :
Dates : vendredi 30 et samedi 31 mai 2025
Lieu : EICAR, 1 Allée Allain Leprest, 94200 Ivry-sur-Seine
Horaires : de 18h30 à 23h
Billetterie : via HelloAsso
Pass disponibles : de 15 à 100 €, selon le parcours choisi
Plus d’infos sur Instagram : @parisivoirecinema

Omar Pene, voix du Sénégal, en concert au Pan Piper, le 31 mai

Figure majeure de la scène musicale africaine, Omar Pene sera en concert exceptionnel le samedi 31 mai à 20h30 au Pan Piper (Paris 11ᵉ). Une voix, une conscience, une énergie : le Sénégal dans toute sa puissance vivante.

Il n’a pas besoin d’être présenté au public africain : Omar Pene, c’est quarante ans de musique engagée, de refrains populaires et de scènes enflammées. Ancien leader du mythique Super Diamono de Dakar, il a marqué des générations de mélomanes avec son style inimitable, entre mbalax, soul, jazz et poésie politique. Le 31 mai, il posera sa voix profonde et chaleureuse sur la scène du Pan Piper, pour un concert très attendu par la diaspora comme par tous les amoureux des musiques d’Afrique.

Omar Pene, c’est d’abord une voix identifiable entre mille : grave, souple, puissante, capable de passer de la mélancolie à la colère avec une même intensité. Mais c’est surtout une voix qui dit quelque chose, une voix qui parle du quotidien, des luttes, des espoirs et des douleurs du peuple sénégalais. Très tôt, avec le groupe Super Diamono, il se positionne comme un artiste engagé, proche des jeunes, des travailleurs, des laissés-pour-compte.

À la différence d’autres stars de la musique africaine plus festives, Omar Pene a toujours cultivé une posture de chanteur-citoyen, à la fois poète et témoin. Ses titres comme « Cayor », « Yoonu Yokkuté » ou « Ndanane » résonnent toujours, bien au-delà du Sénégal, comme des cris de dignité.

Ce qui fait la force d’Omar Pene, c’est aussi sa capacité à faire évoluer le mbalax, cette musique née de la fusion entre les rythmes traditionnels wolofs (sabar) et les influences occidentales (funk, rock, reggae). Avec le Super Diamono, puis en solo, il a su enrichir le genre, l’ouvrir au jazz, à la pop, à l’électro, sans jamais trahir son essence.

Sur scène, cela donne un mélange explosif : percussions nerveuses, guitares incisives, claviers jazzy, et bien sûr cette voix habitée qui guide tout le groupe comme un chef d’orchestre instinctif. À 68 ans, l’artiste n’a rien perdu de sa fougue. Au contraire, il semble encore plus libre, plus ancré, plus urgent.

Situé dans le 11ᵉ arrondissement, le Pan Piper est une salle connue pour sa programmation exigeante, entre musiques du monde, jazz, soul et concerts acoustiques. Un écrin parfait pour un artiste comme Omar Pene, dont le concert s’annonce à la fois festif et méditatif.

Le public y sera proche de la scène, dans une ambiance chaleureuse, propice à la communion. Car les concerts de l’artiste ne sont jamais froids ni formatés, ils sont traversés par une énergie populaire, une force collective qui fait danser autant qu’elle fait réfléchir.

Le 31 mai, le chanteur reviendra sans doute sur ses grands classiques, mais aussi sur les titres de son dernier album, « Climat », sorti en 2022, où il évoque les bouleversements environnementaux, les migrations, et la mémoire des anciens. On y retrouve son style sobre et élégant, ses arrangements soignés, et toujours cette envie de raconter le monde autrement, en wolof comme en français.

Omar Pene incarne une musique de la conscience, qui refuse la résignation et célèbre l’humain. Son concert sera un moment fort, chargé d’émotion et de lucidité, enraciné dans l’histoire du Sénégal.

Infos pratiques :

Date : samedi 31 mai 2025
Heure : 20h30
Lieu : Pan Piper, 2-4 impasse Lamier, Paris 11ᵉ
Tarif : à partir de 25 € (selon la billetterie)

Réservations en ligne fortement recommandées (concert quasi complet).

« Ces vibrations intérieures » : cinq artistes camerounais, cinq voix qui résonnent fort à Paris

Jusqu’au 7 juin 2025, la galerie La La Lande (Paris 4ᵉ) accueille l’exposition collective “Ces vibrations intérieures”. Cinq artistes venus du Cameroun proposent une traversée intime et politique de l’identité postcoloniale, entre mémoire, résistance et énergie picturale.

 

 

Dans le calme de la rue Quincampoix, au cœur du Marais, la galerie La La Lande vibre d’une intensité singulière. L’exposition “Ces vibrations intérieures”, visible jusqu’au 7 juin 2025, réunit cinq artistes camerounais aux univers puissants : Jean David Nkot, Bekolo Bekolo, Geordan Bouhom, Ernest Dizoumbe Oumarou et Dieudonné Djiela Kamgang. Chacun, avec sa propre grammaire plastique, interroge ce que signifie “vivre dans le sillage du colonial”, dans un monde où les histoires dominantes continuent de faire écran.

Loin d’une exposition homogène ou illustrative, « Ces vibrations intérieures » est une polyphonie visuelle où chaque œuvre agit comme une onde. Les médiums varient, peinture, dessin, installation, techniques mixtes, mais une chose lie ces cinq artistes : l’art comme lieu de secousse, où la couleur, la matière, le corps deviennent outils de questionnement et d’ancrage.

Jean David Nkot : cartographier les corps invisibles

Figure montante de la scène artistique camerounaise, Jean David Nkot travaille sur des portraits de travailleurs, de migrants, de figures marginalisées, qu’il superpose à des cartes géographiques ou à des données socio-économiques. Dans ses toiles exposées ici, le visage est à la fois fragmenté et monumental, pris dans les filets d’une cartographie coloniale et contemporaine.

Ses œuvres sont d’une violence douce, silencieuse mais implacable : elles nous confrontent à la manière dont les corps africains sont localisés, assignés, exploités, tout en les réhumanisant par la précision du trait et la chaleur des textures. Chez Nkot, la peinture devient un espace de justice et de mémoire.

Bekolo Bekolo : entre satire et tragédie

Avec une approche plus figurative et symbolique, Bekolo Bekolo construit un théâtre visuel où les personnages sont à la fois grotesques et tragiques. Inspiré par les contes, les rites et les violences politiques, il développe un univers proche de l’absurde, où les masques tombent et les silhouettes prennent feu.

Ses tableaux, chargés de motifs et de signes, évoquent une Afrique qui regarde l’histoire droit dans les yeux, sans jamais perdre sa capacité de subversion et d’ironie. Un humour noir, incisif, qui sert à démasquer l’ordre établi.

Geordan Bouhom : les flux, les peaux, les frontières

Chez Geordan Bouhom, les corps semblent se dissoudre, s’étirer, se heurter à des lignes abstraites. À travers une série d’œuvres sur papier et de toiles de grand format, l’artiste explore les zones de friction entre le dedans et le dehors, entre l’individu et les forces globales — économiques, migratoires, écologiques.

Ses couleurs sourdes, ses gestes fluides et ses formes semi-abstraites évoquent le déplacement, l’exil, mais aussi l’adaptation et la transformation. Il y a du déracinement et du renouveau dans chaque geste.

Ernest Dizoumbe Oumarou : le feu, le charbon, la vie

Artiste de la matière, Ernest Dizoumbe Oumarou peint, gratte, brûle, sculpte ses toiles comme un artisan politique. Inspiré par les récits ouvriers, par la terre, le feu, le charbon, il propose une œuvre brute, presque tellurique, où l’énergie vitale affleure à chaque couche.

Ses œuvres parlent d’économie, d’extraction, de labeur — mais aussi de spiritualité et de résilience. Un art physique, vibrant, charnel, qui donne une présence presque tangible à des vies trop souvent invisibles.

Dieudonné Djiela Kamgang : visions intérieures

Enfin, Dieudonné Djiela Kamgang plonge dans l’imaginaire personnel, les souvenirs d’enfance, les hallucinations visuelles du quotidien. Son travail est moins frontal, plus onirique, mais non moins politique. Il nous invite à écouter nos propres “vibrations intérieures” : les peurs, les désirs, les vertiges.

Son art est fait de couleurs mouvantes, de visages flous, de fragments narratifs. Un travail de réconciliation entre soi et son héritage, entre mémoire familiale et chaos global.

“Ces vibrations intérieures” n’est pas une exposition sur l’Afrique. C’est une exposition avec l’Afrique, depuis l’Afrique, mais aussi dans Paris, dans nos regards, nos héritages communs. Elle parle à tous ceux qui cherchent à comprendre comment l’histoire se loge dans les gestes artistiques, comment elle se transmet à travers les corps et les matières.

Infos pratiques :

Exposition « Ces vibrations intérieures »
Dates : jusqu’au 7 juin 2025
Lieu : Galerie La La Lande, 56 rue Quincampoix, 75004 Paris
Entrée libre
Dans le cadre du parcours Traversées Africaines 2025

KuKu & Mamady Diabaté : la kora rencontre le blues, le 30 mai à La Bellevilloise

Un duo inclassable, une rencontre entre les racines africaines et l’héritage afro-américain : KuKu et Mamady Diabaté seront en concert le vendredi 30 mai à 20h à La Bellevilloise. Un voyage musical intense, entre douleur, lumière et espoir.

Il y a des soirées où l’on ne va pas écouter un concert. On va écouter une histoire. Vendredi 30 mai, à La Bellevilloise, ce sera l’histoire de deux continents, de deux âmes, de deux formes de résistance. KuKu, chanteur nigérian élevé aux États-Unis, et Mamady Diabaté, koraïste malien issu d’une lignée de griots, proposeront un dialogue rare entre le blues américain et la tradition mandingue, entre voix écorchée et cordes célestes. Une soirée pour qui cherche dans la musique autre chose qu’un simple divertissement : une résonance.

KuKu, c’est la voix d’un déraciné. Né au Nigeria, grandi dans le New Jersey, il porte dans ses chansons les cicatrices de l’exil, de la mémoire coloniale et de l’identité noire fragmentée. Son timbre rauque, habité, évoque parfois Richie Havens ou Ben Harper. Il chante en anglais, en yoruba, parfois en français, et chaque mot semble trempé dans l’urgence.

Mamady Diabaté, lui, est un griot contemporain. Frère du célèbre Toumani Diabaté, il manie la kora, cette harpe-luth emblématique de l’Afrique de l’Ouest, avec une finesse hypnotique. Son jeu est fluide, élégant, presque méditatif.

Les deux artistes se sont rencontrés à Paris, presque par hasard. Mais entre eux, l’évidence musicale a été immédiate. Depuis, ils enchaînent les scènes intimistes, loin des projecteurs du mainstream, mais proches de ceux qui écoutent vraiment.

La Bellevilloise (Paris 20ᵉ), ce lieu culturel emblématique, ancré dans une histoire ouvrière et populaire, est devenu au fil des ans un refuge pour les musiques qui ne rentrent dans aucune case. Blues malien, folk yoruba, gospel soufi ? Les genres s’effacent, et c’est tant mieux. Ce 30 mai, à 20h, la salle vibrera d’une musique sans frontière, sans compromis.

Le concert s’annonce intimiste, mais puissant. KuKu, souvent assis, guitare sur les genoux, murmure ses plaintes avec une intensité déconcertante. Mamady, debout, concentré, laisse filer les notes de kora comme un chuchotement divin. Ensemble, ils construisent un espace sonore suspendu entre ciel et terre.

La force du duo réside dans sa capacité à faire coexister la douleur et la lumière. Les chansons de KuKu parlent de larmes, d’injustice, de solitude. Mais elles ne sombrent jamais dans le désespoir. La kora de Mamady semble tisser une toile d’apaisement, presque de réconciliation. À eux deux, ils évoquent la colère douce, celle qui ne crie pas mais insiste.

On entendra sans doute des titres issus de leur répertoire commun : « So Far, So Near », « Juju Prayer », « Aye ». Des morceaux dépouillés, dépaysants, profondément habités. La parole y circule librement, souvent improvisée. L’émotion prime sur la virtuosité. La sincérité sur le style.

Infos pratiques : Date : vendredi 30 mai 2025
Heure : 20h
Lieu : La Bellevilloise, 19-21 rue Boyer, Paris 20ᵉ
Tarifs : autour de 15 € (à vérifier sur le site officiel)

Billetterie en ligne ou sur place dans la limite des places disponibles.

Musiques Métisses 2025 : Angoulême célèbre la diversité sonore du 5 au 7 juin

Le Festival Musiques Métisses revient du 5 au 7 juin à Angoulême pour une 49e édition éclectique et festive. Point d’orgue de cette année, le concert tant attendu du Cesária Évora Orchestra, le 6 juin au soir. 

C’est l’un des plus anciens festivals français dédiés aux musiques du monde, et l’un des plus respectés pour son engagement en faveur de la diversité culturelle. Du 5 au 7 juin, Angoulême vibrera au rythme de Musiques Métisses, événement pionnier dans la défense des sonorités métissées, des voix engagées et des rythmes en mouvement. À une époque où l’uniformisation musicale menace l’inspiration, ce festival reste un lieu de rencontre, d’écoute et de réinvention.

Né en 1976, le Festival Musiques Métisses a vu passer les plus grandes figures des musiques africaines, créoles, caribéennes et sud-américaines : Manu Dibango, Rokia Traoré, Amadou & Mariam, Cesária Évora elle-même… C’est dire si la présence cette année du Cesária Évora Orchestra, hommage vibrant à la diva cap-verdienne disparue en 2011, prend une dimension particulière. Ce concert événement aura lieu le vendredi 6 juin à 21h, sur la grande scène.

Mais Musiques Métisses, ce n’est pas seulement des têtes d’affiche : c’est une philosophie. Celle de célébrer le croisement des cultures, d’ouvrir les oreilles et les imaginaires, de mêler les traditions aux innovations. On y vient autant pour danser que pour réfléchir, pour découvrir que pour retrouver.

Le point culminant de cette édition 2025 sera donc sans aucun doute la venue du Cesária Évora Orchestra, un collectif international composé d’anciens musiciens de la diva cap-verdienne, mais aussi de jeunes artistes influencés par son héritage. Ensemble, ils redonnent vie aux mornas, coladeiras et autres rythmes chaloupés de l’archipel, dans des arrangements à la fois respectueux et modernes.

La chanteuse mozambicaine Elida Almeida, souvent comparée à Cesária pour la profondeur de sa voix et sa grâce scénique, prêtera sa voix à ce projet. C’est donc à la fois un hommage vivant, et une transmission, une manière de montrer que la saudade cap-verdienne continue de vibrer bien au-delà des frontières insulaires.

Mais le festival ne se limite pas à ce concert phare. La programmation 2025 se veut comme toujours ouverte et défricheuse, avec des artistes venus du Brésil, du Mali, d’Algérie, d’Haïti, ou encore de la diaspora urbaine européenne. Parmi les autres noms annoncés :

Bab L’Bluz (Maroc/France) et leur rock gnawa psychédélique.
Lass (Sénégal) pour un afro-pop électrisant.
Luciane Dom (Brésil), nouvelle voix de la samba-jazz.
Moonlight Benjamin (Haïti/France), puissante prêtresse du blues vaudou.

En parallèle, le festival propose lectures musicales, rencontres littéraires, projections documentaires, ainsi qu’un espace jeune public et un village associatif. Musiques Métisses, fidèle à son nom, défend depuis toujours une approche transversale des cultures, mêlant art, mémoire, engagement et plaisir collectif.

Situé dans le centre historique d’Angoulême, entre remparts, places arborées et vieux pavés, le site du festival est aussi ce qui fait sa singularité. L’ambiance y est familiale, festive, chaleureuse, loin des festivals gigantesques où l’on s’épuise à courir d’une scène à l’autre.

Tout est pensé pour l’accessibilité : pass à prix doux, concerts en plein air, restauration du monde, ateliers participatifs. Que vous soyez en solo, en famille, entre amis ou même de passage, le festival vous tend les bras.

Infos pratiques :

Dates : du jeudi 5 au samedi 7 juin 2025
Lieu : Angoulême, différents sites autour du centre-ville
Concert phare : Cesária Évora Orchestra – vendredi 6 juin à 21h
Tarifs : pass journée ou 3 jours à prix accessible (réductions pour jeunes et familles)
Billetterie en ligne : musiques-metisses.com
Accès facile depuis Paris (2h10 en train direct)

 

Jakkar à La Bellevilloise : l’afro-fusion en pleine ascension le jeudi 5 juin

Le groupe Jakkar, étoile montante de l’afro-fusion, investira La Bellevilloise le jeudi 5 juin à 20h. Porté par des musiciens cosmopolites, leur son mêle énergie live, racines africaines et rythmes globaux. Un concert à ne pas manquer.

 

Un nom à retenir, un son à vivre. Jakkar, qui signifie « se rencontrer » en wolof, est une confluence musicale, une passerelle entre les cultures africaines et les influences contemporaines du monde entier. Le 5 juin, à La Bellevilloise, le public parisien pourra découvrir en live ce projet incandescent qui mêle afrobeat, jazz, hip-hop, musique mandingue et électro, dans une fusion inventive et organique.

Depuis quelques années, la scène parisienne vit une véritable effervescence afro. De nombreux jeunes artistes, souvent issus de la diaspora ou en lien direct avec les musiques traditionnelles du continent, explorent de nouvelles formes, décloisonnent les genres, s’emparent de la scène avec une fraîcheur irrésistible. Jakkar fait clairement partie de cette génération nouvelle qui veut jouer sans frontières et parler à tous.

Le groupe, né à Paris mais composé de musiciens d’origines diverses (Sénégal, Bénin, Côte d’Ivoire, France), incarne cette hybridation féconde. Leur credo : faire danser, penser et faire vibrer.

Ce qui frappe dès les premières notes, c’est la cohérence sonore de Jakkar. Là où d’autres projets afro-fusion tombent parfois dans le patchwork ou le pastiche, Jakkar tisse une esthétique claire, dense, ancrée dans une rythmique africaine solide, portée par des percussions vivantes, des lignes de basse puissantes, des cuivres précis et une voix lead qui passe sans forcer du wolof à l’anglais, du chant au spoken word.

Leur musique ne cherche pas à « représenter » un continent : elle parle d’un monde connecté. Leurs textes abordent des thématiques très actuelles : migration, écologie, mémoire, identité, mais toujours avec une énergie positive, un souffle de fête qui transforme chaque concert en rituel joyeux.

C’est en concert que Jakkar prend toute sa dimension. Sur scène, les musiciens font preuve d’un engagement total. Les arrangements s’étirent, s’enflamment, la section rythmique entre en transe, les solos se libèrent. Le public est constamment sollicité, invité à participer, à répondre et à bouger.

Ce concert du 5 juin à La Bellevilloise, l’une des scènes les plus vivantes de l’Est parisien, s’annonce comme un moment de communion musicale. Dans cette salle qui a vu défiler les plus belles voix alternatives du monde, Jakkar viendra affirmer sa place dans la nouvelle cartographie des musiques afro-urbaines.

Jakkar n’a pas encore sorti d’album complet, mais leurs EPs, singles et live sessions circulent déjà avec succès sur les plateformes. Ils ont été repérés dans plusieurs festivals (Afropunk, Paris Jazz Roots), et leur nom circule de plus en plus chez les programmateurs curieux.

Cette soirée du 5 juin est donc aussi un moment charnière dans leur trajectoire : un passage de témoin entre la scène émergente et le grand public. Il y aura de nouveaux titres, des invités surprises, des hommages à Fela, à Cheikh Lô, mais aussi des improvisations nourries de trap, de funk, de dub.

Infos pratiques :

  • Date : jeudi 5 juin 2025
  • Heure : 20h
  • Lieu : La Bellevilloise, 19-21 rue Boyer, Paris 20ᵉ (Halle aux Oliviers)
  • Tarif : gratuit (consommation ou dîner sur place possibles)
  • Réservation conseillée sur com

Jakkar, c’est l’Afrique urbaine, ouverte, métissée, dansante. C’est une musique qui fait le lien entre les racines et le futur, entre le tambour et la machine. Ce 5 juin, venez les découvrir avant qu’ils ne remplissent les grandes scènes.

 Ada Omo Daddy, une comédie dramatique nigériane à voir sur Netflix

Avec Ada Omo Daddy, le cinéma nigérian livre une fresque familiale sensible et rythmée, entre humour, émotions et révélations. Porté par un casting prestigieux, ce film est un joli succès de Nollywood récemment disponible sur Netflix.

La scène s’ouvre sur un mariage en préparation, entre tradition, pression sociale et tensions silencieuses. Mais très vite, l’intrigue bascule, les sourires forcés, les regards évités et les gestes retenus dessinent un tableau plus complexe qu’il n’y paraît. Bienvenue dans Ada Omo Daddy, une comédie dramatique nigériane qui explore les coulisses d’une famille en apparence unie, mais minée par les secrets, les blessures anciennes et les amours contrariés.

Sorti en salle au Nigeria fin 2023 et désormais disponible sur Netflix, le film a conquis un large public, aussi bien au Nigeria que dans la diaspora. À la croisée du drame social, de la comédie romantique et du portrait de famille, Ada Omo Daddy brille par la justesse de ses dialogues, la force de ses interprètes et la finesse de son observation des rapports humains.

Réalisé par Biodun Stephen, l’un des noms les plus respectés du cinéma nigérian contemporain, Ada Omo Daddy s’inscrit dans la tradition des films de Nollywood qui mêlent divertissement populaire et regard critique sur la société. Le récit suit Ada, une jeune femme brillante et déterminée, sur le point de se marier. Mais le jour de la célébration, une vérité longtemps enfouie remonte à la surface et fait voler en éclats les certitudes de chacun.

L’intrigue, construite autour d’un secret de paternité et des non-dits intergénérationnels, s’articule en plusieurs strates. La tension dramatique monte progressivement, mais toujours contrebalancée par des scènes cocasses, des dialogues savoureux et une galerie de personnages hauts en couleur. Les questions abordées : l’identité, la loyauté, le pardon, la pression familiale, les rôles genrés dans les sociétés africaines contemporaines.

Le film repose aussi sur une distribution exceptionnelle, réunissant des figures emblématiques de Nollywood et des jeunes talents prometteurs. Omowunmi Dada incarne Ada avec intensité et subtilité. Son jeu oscille entre colère rentrée, fragilité, humour et force intérieure.

À ses côtés, on retrouve notamment :

Tayo Faniran, dans le rôle du fiancé tiraillé entre deux mondes.

Norbert Young et Carol King, dans des rôles parentaux complexes et touchants.
Seyi Awolowo, Deyemi Okanlawon, Bimbo Akintola : chacun apporte relief et nuance à cette fresque chorale.

L’alchimie entre les acteurs fonctionne parfaitement, et certaines scènes de confrontation ou de confession sont d’une rare intensité, portées par une direction d’acteurs précise et des dialogues bien écrits.

Visuellement, Ada Omo Daddy se distingue par une mise en scène sobre mais soignée. La photographie capte les couleurs chaudes des intérieurs nigérians, les tissus chatoyants des cérémonies, les silences lourds des repas en famille. Le montage fluide donne du rythme à l’ensemble, alternant flashbacks, scènes dialoguées et séquences musicales.

La musique, essentielle dans le cinéma nigérian, accompagne les émotions sans les surligner. On y entend des morceaux de soul afro, de highlife contemporain, mais aussi quelques touches d’électro-pop urbaine, qui ancrent le film dans une modernité culturelle vivante.

Ada Omo Daddy s’inscrit dans une dynamique plus large : celle d’un renouveau de Nollywood, qui affirme de plus en plus son ambition artistique tout en conservant une accessibilité grand public. Le succès du film sur Netflix témoigne d’un intérêt croissant pour les récits africains authentiques, portés par des voix locales et racontés avec nuance.

Avec ce film, Biodun Stephen confirme son talent pour raconter l’intime, l’indicible, le familial, toujours avec une touche d’humour et une grande humanité.