Des masques carnavalesques en Guadeloupe à l’art africain exposé en France et en Allemagne, en passant par Joshua Ddy en concert à Abidjan et Pascal Konan à Johannesburg, cette semaine met en lumière la richesse culturelle du continent. Entre expositions, performances musicales et explorations visuelles, l’Afrique et sa diaspora s’imposent sur la scène artistique internationale.
« Masques et héritages aux racines du carnaval » s’expose à Beauport, Guadeloupe
L’exposition « Masques et héritages aux racines du carnaval » , présentée à Beauport en Guadeloupe du 20 février au 9 mars 2025, explore l’influence des masques africains sur la culture carnavalesque antillaise. Une immersion dans les racines profondes d’une tradition où se mêlent mémoire, résistance et célébration.
Les masques racontent des histoires. Ils dissimulent autant qu’ils révèlent, incarnent des esprits, des figures ancestrales, des mythes fondateurs. En Afrique, ils sont au cœur des rituels sociaux, spirituels et politiques, éléments clés des cérémonies initiatiques ou funéraires, messagers entre le monde des vivants et celui des ancêtres. De l’autre côté de l’Atlantique, dans les îles des Antilles, le carnaval a su absorber ces traditions, les transformer, leur donner une expression nouvelle. C’est ce dialogue entre les continents, entre mémoire et réinvention, que met en lumière l’exposition Masques et héritages aux racines du carnaval, organisée à Beauport, un site patrimonial majeur de la Guadeloupe.
Le carnaval des Antilles, et plus particulièrement celui de Guadeloupe, est une explosion de couleurs, de sons et de mouvements, où chaque élément a une signification. Parmi eux, le masque occupe une place essentielle. Héritage direct des traditions africaines, il a évolué pour refléter les réalités locales, les luttes et les aspirations d’un peuple marqué par l’histoire de l’esclavage et de la colonisation. En parcourant cette exposition, le visiteur découvre des pièces rares, des objets de culte et des masques de diverses origines, certains ayant traversé les siècles, d’autres ayant été réinterprétés au fil du temps.
En Guadeloupe, les Mass, figures emblématiques du carnaval, rappellent directement les pratiques africaines. Le Mass a lan-mò (masque de la mort), enveloppé de noir et de blanc, incarne l’au-delà et les esprits des défunts, tandis que le Mass a konn (masque à cornes), avec son apparence effrayante, évoque la révolte et le défi. D’autres personnages masqués, tels que les Mariyàn Lapo fig (femmes en robe de feuilles de bananier séchées), rappellent des figures d’insoumission, transformant le carnaval en un espace de contestation sociale et de revendication identitaire. L’exposition met en regard ces figures locales avec leurs ancêtres africains, illustrant comment ces formes d’expression ont traversé les océans, se sont adaptées et ont survécu à l’oppression.
L’histoire des masques carnavalesques est aussi celle d’une réappropriation. Durant la période coloniale, les esclaves étaient privés de leurs rites et de leurs traditions. Pourtant, malgré les interdictions, la mémoire a persisté, se nichant dans les interstices du quotidien, dans la danse, dans le chant, dans l’improvisation. Le carnaval est ainsi devenu un espace de liberté, un théâtre où l’on pouvait inverser les rôles, défier l’autorité, exprimer ce qui était autrement réprimé. Les masques ont alors pris une nouvelle fonction : non plus seulement rituels, mais aussi politiques et identitaires.
L’exposition « Masques et héritages aux racines du carnaval » offre une plongée dans cet héritage métissé. À travers une collection impressionnante de masques venus d’Afrique et des Antilles, elle met en lumière les correspondances entre ces univers, soulignant comment les formes, les couleurs, les matières et les fonctions se répondent à travers le temps et l’espace. Des installations multimédias permettent d’observer ces masques en action, au sein des parades carnavalesques ou lors de cérémonies traditionnelles, renforçant l’impact visuel et émotionnel du parcours.
L’exposition ne se limite pas à un regard sur le passé. Elle interroge aussi les expressions contemporaines du masque dans les cultures caribéennes. Aujourd’hui encore, des artisans perpétuent ces traditions, créant des œuvres qui mêlent techniques ancestrales et sensibilités modernes. Le masque devient alors un symbole vivant, en perpétuelle transformation.
« Faya Concert » : Joshua Ddy enflamme Abidjan le 2 mars !
Le « Faya Concert » s’annonce comme l’un des événements musicaux majeurs de l’année à Abidjan. Prévu le 2 mars 2025 au Palais de la Culture, ce spectacle porté par Joshua Ddy promet une ambiance explosive. Les billets sont disponibles dès 5 000 F CFA.
Abidjan s’apprête à vibrer au rythme du « Faya Concert », un événement musical qui fait déjà parler de lui bien avant son lancement. Prévu pour le dimanche 2 mars 2025, ce concert mettra en vedette l’artiste Joshua Ddy, un nom incontournable de la scène musicale urbaine en Afrique de l’Ouest. L’événement se tiendra dans la salle Anoumabo du Palais de la Culture, un lieu qui a accueilli les plus grands noms de la musique africaine. Avec des billets accessibles dès 5 000 F CFA, ce concert veut réunir un large public, des amateurs de musique aux passionnés de performances scéniques intenses.
Joshua Ddy s’est forgé une réputation grâce à son énergie débordante et sa capacité à captiver le public dès les premières notes. Son style unique, mélange de sonorités afrobeat, coupé-décalé et hip-hop, lui a permis de conquérir une audience fidèle qui ne cesse de grandir. À chaque apparition, il réussit à électriser la foule avec des performances qui allient puissance vocale, danse et interaction avec son public. Le « Faya Concert » s’annonce donc comme un moment fort où la communion entre l’artiste et ses fans sera au cœur du spectacle.
L’équipe de production a prévu une mise en scène spectaculaire, avec des jeux de lumière impressionnants et un son calibré pour une immersion totale. L’objectif est clair : offrir un show à la hauteur des attentes et faire du « Faya Concert » un rendez-vous incontournable du calendrier musical ivoirien. Joshua Ddy a d’ailleurs laissé entendre que plusieurs surprises seraient au programme, notamment des collaborations avec d’autres artistes de renom. Cette annonce suscite déjà une vive excitation chez ses fans, qui espèrent voir défiler sur scène des invités prestigieux du monde du coupé-décalé et de l’afrobeat.
Le choix du Palais de la Culture pour accueillir cet événement n’est pas anodin. Situé à Treichville, ce lieu est une référence en matière de spectacles en Côte d’Ivoire. Sa salle Anoumabo, dotée d’une acoustique remarquable et d’une capacité d’accueil idéale, garantit une expérience immersive pour les spectateurs. L’organisation du « Faya Concert » mise sur cette infrastructure pour sublimer la prestation de Joshua Ddy et offrir un cadre à la hauteur de l’événement.
Côté billetterie, les organisateurs ont opté pour une grille tarifaire accessible à tous. Les tickets standard sont proposés à 5 000 F CFA, permettant ainsi au plus grand nombre de participer. Pour ceux qui souhaitent une expérience premium, des options VIP à 10 000 F CFA et VVIP à 20 000 F CFA sont disponibles, offrant des places privilégiées avec des avantages exclusifs. L’achat des billets peut se faire via des plateformes en ligne comme Tikerama et My Place Events, ou directement dans des points de vente partenaires à Abidjan. Cette facilité d’accès vise à encourager un maximum de spectateurs à venir vivre cette expérience unique.
L’attente autour du « Faya Concert » témoigne de l’engouement que suscite Joshua Ddy sur la scène musicale actuelle. À travers ses morceaux entraînants et ses performances électrisantes, il a su s’imposer comme une figure montante du paysage musical africain. Son dernier single, qui cartonne actuellement sur les plateformes de streaming, est une preuve supplémentaire de son ascension fulgurante. Son public, composé en grande partie de jeunes passionnés de musique urbaine, attend avec impatience de le voir enflammer la scène du Palais de la Culture.
Pour ne rien manquer de cet événement, il est conseillé de réserver ses places dès maintenant, car la demande s’annonce forte.
« African Workplaces » à Aubervilliers : regards photographiques sur le travail africain
L’exposition « African Workplaces », présentée à l’Humathèque Condorcet d’Aubervilliers du 23 janvier au 8 mars 2025, explore les réalités du travail en Afrique à travers des photographies. Neuf chercheurs et artistes offrent une immersion visuelle dans un monde en constante transformation.
L’Afrique est un continent aux multiples facettes, où le travail prend des formes aussi diverses que les cultures qui l’animent. L’exposition « African Workplaces », installée à l’Humathèque Condorcet d’Aubervilliers, propose une plongée inédite dans ces réalités à travers l’objectif de neuf photographes et chercheurs. Cette initiative interdisciplinaire, portée par l’Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (IRIS), offre une lecture saisissante du monde du travail en Afrique de l’Est, s’intéressant aux dynamiques sociales, aux transformations économiques et aux conditions de vie des travailleurs.
Le travail en Afrique est une réalité mouvante, marquée par l’informalité, l’adaptation et l’ingéniosité. De Nairobi à Bujumbura, en passant par Moroni, cette exposition capte la diversité des activités qui font vivre des millions de personnes. Les petits métiers urbains, souvent perçus comme précaires, sont ici présentés sous un jour nouveau : réparateurs de téléphones, vendeurs ambulants, artisans de rue, autant de figures emblématiques de l’économie africaine, où le travail rime avec résilience et débrouillardise.
Les photographies exposées ne se contentent pas d’illustrer des scènes de labeur, elles racontent des histoires. Celles de femmes et d’hommes qui, chaque jour, façonnent les villes et les campagnes, dans un environnement économique en mutation. L’exposition met ainsi en lumière le rôle des plantations agricoles, où le travail manuel reste essentiel, mais aussi celui des nouvelles industries qui émergent sur le continent. Derrière chaque image se cache un récit, parfois dur, souvent inspirant, où la dignité des travailleurs se lit dans chaque regard, chaque geste, chaque posture.
L’un des aspects les plus marquants de l’exposition est sa capacité à déconstruire les clichés sur le travail africain. Loin d’une vision misérabiliste ou exotique, les photographies exposées révèlent une économie dynamique et en perpétuelle transformation. L’industrialisation, bien que contrastée selon les pays, y est abordée à travers des clichés d’usines, de ports en pleine effervescence, de chantiers où s’érigent les infrastructures du futur. Ce dialogue entre tradition et modernité est au cœur de « African Workplaces », où chaque image témoigne d’un continent en mouvement.
L’initiative de cette exposition repose sur un travail collaboratif entre chercheurs en sciences sociales et artistes visuels. Parmi eux, des photographes originaires du Burundi, du Kenya et des Comores, qui apportent un regard local, intime, sur les réalités qu’ils documentent. Le choix de cette approche permet d’échapper à une vision purement extérieure et académique du sujet, offrant ainsi une expérience plus authentique et immersive aux visiteurs.
Les espaces de travail africains, tels qu’ils sont représentés dans l’exposition, sont aussi des lieux de sociabilité et d’échanges. Dans l’économie informelle, la frontière entre travail et vie privée est souvent poreuse. Les marchés sont des espaces où se nouent des relations, où le commerce devient un lieu de dialogue, de négociation, mais aussi de solidarité. Cette dimension humaine du travail, souvent absente des discours économiques classiques, est ici restituée avec force.
L’entrée libre de l’exposition permet à un large public d’accéder à ces récits visuels et de questionner sa propre perception du travail en Afrique. Pour les passionnés de photographie, c’est aussi une occasion de découvrir des approches artistiques diverses, oscillant entre documentaire et art visuel. Certains clichés captent l’instant, figent une scène de vie dans toute sa spontanéité, tandis que d’autres s’inscrivent dans une démarche plus conceptuelle, où la composition et la lumière donnent une dimension esthétique aux images.
Derrière les photographies de « African Workplaces », il y a des visages, des voix, des trajectoires singulières. Des hommes et des femmes qui, au-delà des statistiques et des analyses économiques, incarnent la réalité quotidienne du labeur sur le continent africain.
Pascal Konan dévoile « Unfinished Symphony » à Johannesburg
L’exposition « Unfinished Symphony » de l’artiste ivoirien Pascal Konan, présentée à la Melrose Gallery de Johannesburg du 8 février au 9 mars 2025, explore la résilience et la transformation à travers des œuvres uniques mêlant denim, eau de javel, encre et peinture acrylique.
L’art de Pascal Konan est une ode à la mémoire, à la transformation et à la continuité. Dans son exposition « Unfinished Symphony », présentée à la Melrose Gallery de Johannesburg, il invite les visiteurs à plonger dans un univers où les textures et les couleurs racontent l’histoire des hommes, des villes et des âmes en perpétuelle mutation. Né en 1979 à Abidjan, en Côte d’Ivoire, l’artiste s’est imposé comme une figure incontournable de la scène artistique contemporaine africaine. Diplômé de l’École Nationale des Beaux-Arts d’Abidjan, où il enseigne aujourd’hui la peinture, il puise son inspiration dans les réalités sociales et urbaines de son pays natal, transformant ses souvenirs d’enfance et ses observations quotidiennes en œuvres vibrantes et engagées.
Dans « Unfinished Symphony », Konan s’empare d’un matériau inattendu, le denim. Ce textile, universel et symbolique, devient le support de son exploration plastique. Travaillé à l’aide d’eau de javel, de peinture acrylique et d’encre de Chine, il se métamorphose en un terrain d’expression où les nuances, les contrastes et les textures reflètent la diversité et la complexité du monde du travail, des migrations et des trajectoires humaines. La technique de décoloration qu’il emploie avec minutie donne naissance à une palette chromatique allant du bleu profond au blanc lumineux, en passant par une infinité de teintes intermédiaires, créant ainsi une profondeur saisissante.
L’artiste ne se limite pas à une approche esthétique. Son travail est empreint d’une réflexion sur la condition humaine, l’identité et la mémoire collective. Il met en scène des corps en mouvement, parfois fragmentés, capturant l’énergie de la danse contemporaine et l’élégance des figures classiques inspirées de l’iconographie de la Renaissance. Ces silhouettes évoluent dans un espace texturé et tactile, où chaque pli du denim, chaque trace de peinture raconte une histoire. La chorégraphie visuelle ainsi créée oscille entre le sacré et le profane, le tangible et l’intangible, traduisant une quête spirituelle omniprésente dans l’œuvre de Konan.
Pour Konan, chaque œuvre est un fragment d’une narration plus vaste, un dialogue entre le passé et l’avenir, entre les souvenirs et les projections.
L’exposition est également marquée par l’influence de la musique dans le travail de l’artiste. Le rythme, la répétition et l’improvisation propres aux compositions symphoniques se retrouvent dans la manière dont il agence les formes, les couleurs et les matières.
La commissaire de l’exposition, Mpumi Mayisa, souligne l’importance des questionnements soulevés par « Unfinished Symphony ». À travers ses œuvres, Pascal Konan prolonge une réflexion existentielle inspirée des grandes interrogations formulées par Paul Gauguin : D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? Ces questions, profondément ancrées dans l’histoire de l’humanité, trouvent un écho particulier dans le contexte contemporain, où les notions d’identité, d’appartenance et de résilience sont plus que jamais au cœur des débats.
L’approche curatoriale de Mayisa met en avant la dimension immersive et introspective du travail de Konan. Chaque œuvre est pensée comme une invitation à la contemplation, un espace où le spectateur est amené à projeter ses propres émotions, souvenirs et interrogations. L’exposition ne cherche pas à donner des réponses définitives, mais plutôt à ouvrir des pistes de réflexion, à susciter des dialogues et des connexions entre les visiteurs et les œuvres.
Ouverte au public jusqu’au 9 mars 2025 à la Melrose Gallery de Johannesburg, cette exposition est une opportunité rare de découvrir l’univers d’un artiste dont la sensibilité et la maîtrise technique font de lui l’un des créateurs les plus prometteurs de sa génération. Une symphonie visuelle et émotionnelle à ne pas manquer.
« African Heritage » : l’art africain à La Chapelle-Saint-Luc
La Chapelle-Saint-Luc accueille une exposition plongeant au cœur de l’art africain. À travers la collection de Loïs Akere Geh, fruit de cinquante ans de passion, le public découvre toute la richesse et la signification profonde du patrimoine artistique africain.
Des masques aux regards énigmatiques et des statues séculaires aux postures majestueuses accueillent le visiteur dès l’entrée de l’Espace Didier Bienaimé. L’exposition « African Heritage », organisée du 25 février au 28 mars 2025 à l’Espace Didier Bienaimé de La Chapelle-Saint-Luc, offre une immersion rare dans l’âme d’un continent aux traditions millénaires. Ici, l’art africain se dévoile dans toute sa force symbolique et sa beauté brute, invitant à un voyage sensoriel et spirituel hors du commun.
Loin d’être de simples objets esthétiques, les œuvres exposées racontent chacune une histoire. Depuis l’Antiquité jusqu’aux créations plus récentes, l’art africain traduit les croyances, les rites et la vie quotidienne de peuples entiers. Un masque tribal, par exemple, n’est pas un simple objet décoratif : il incarne l’esprit d’un ancêtre ou d’une divinité, utilisé lors de cérémonies pour communiquer avec l’invisible. De même, une statuette finement sculptée peut symboliser la fertilité, la sagesse ou la mémoire d’un aïeul, transmettant des valeurs de génération en génération. Au fil du temps, ces pièces ont fasciné le monde occidental, inspirant des artistes majeurs du XXe siècle tels que Picasso ou Matisse.
La diversité des œuvres présentées reflète l’immensité et la richesse culturelle de l’Afrique. On y découvre des masques sculptés aux motifs géométriques, des statues représentant des figures royales ou des esprits protecteurs, ainsi que des objets du quotidien rehaussés d’une touche artistique – instruments de musique traditionnels, textiles colorés ou bijoux d’ornement. Des styles épurés de l’Afrique de l’Ouest aux formes majestueuses d’Afrique centrale, chaque région apporte sa touche singulière et aucune pièce ne ressemble à une autre. Cette diversité témoigne de l’incroyable créativité des artisans africains et de la variété des matériaux et techniques employés, du bois d’ébène aux perles, de la terre cuite aux métaux précieux.
Au cœur de cette collection exceptionnelle se trouve l’histoire d’une passion transmise de père en fille. Loïs Akere Geh présente ici le fruit de cinquante années de découvertes entamées par son père dans les années 1970. Au gré de leurs pérégrinations à travers l’Afrique subsaharienne, ils ont patiemment sélectionné et conservé ces trésors, mus par le respect des cultures rencontrées et l’admiration pour le génie artistique local. Chaque acquisition témoigne d’une rencontre mémorable : tel masque confié par un chef de village en Côte d’Ivoire, telle sculpture dénichée sur un marché au Mali. Pour Loïs Akere Geh, chaque objet est chargé de souvenirs et de significations qu’elle se fait désormais un devoir de partager avec le public.
En ouvrant gratuitement les portes de sa collection privée, elle souhaite avant tout transmettre un héritage culturel et sensibiliser à l’importance de préserver ces œuvres. L’exposition souligne autant la valeur artistique de ces pièces que leur rôle de gardiennes de la mémoire et de l’identité des peuples africains. À une époque où nombre d’œuvres d’art africaines sont dispersées à travers le monde, parfois oubliées dans des réserves de musées, cette initiative locale rappelle l’urgence de redécouvrir et de valoriser ce patrimoine. L’événement offre ainsi aux visiteurs de tous âges une occasion unique de s’émerveiller, de comprendre et de respecter une culture riche souvent méconnue.
À l’issue de ce voyage initiatique, le visiteur ressort de l’Espace Didier Bienaimé le regard brillant, enrichi d’une nouvelle perspective sur l’art et l’histoire. En rapprochant les cultures et les époques, l’exposition devient un pont entre les continents. Elle rappelle que l’art africain fait partie intégrante du patrimoine mondial. En invitant le grand public à en saisir toute la portée, « African Heritage » contribue à la valorisation du patrimoine artistique africain et au dialogue interculturel.
« Only When I’m Dreaming » : l’Afro-surréalisme de Megan Gabrielle Harris débarque en France
Pour sa première exposition solo à Paris, l’artiste afro-surrealiste Megan Gabrielle Harris dévoile à Artcurial une série d’acryliques inédites. « Only When I’m Dreaming » explore un univers onirique où féminité noire et paysages contemplatifs s’entrelacent dans une douce échappée.
À travers des paysages empreints de quiétude et des figures féminines plongées dans la contemplation, Megan Gabrielle Harris construit une œuvre où le rêve et la réalité se confondent. L’exposition « Only When I’m Dreaming », présentée du 28 février au 12 mars 2025 à Artcurial Paris, en partenariat avec la Gallery OOA, marque la première présentation solo de l’artiste américaine dans la capitale française. Harris y dévoile une série d’acryliques inédites, spécialement créées pour l’occasion.
Née en 1990 à Sacramento, Megan Gabrielle Harris s’est imposée sur la scène artistique en développant une esthétique qui mêle l’afro-suréalisme à une forme de méditation picturale. Ses œuvres, baignées de teintes feutrées et d’atmosphères évanescentes, évoquent une forme d’évasion où le corps et l’esprit se laissent porter par un rythme ralenti, loin des turbulences du monde extérieur. Cette approche picturale, qui s’inspire autant du symbolisme que des esthétiques contemporaines, trouve un écho particulier dans sa représentation de la féminité noire.
Loin d’un réalisme brut, les figures peintes par Harris semblent suspendues dans un espace intemporel, absorbées dans un état de rêverie qui confère à ses toiles une dimension introspective. L’artiste explore la lenteur comme un acte de résistance, une manière d’opposer aux injonctions de productivité et d’urgence un espace où le temps s’étire, où l’intimité et la douceur deviennent des valeurs centrales. Cette approche fait écho aux réflexions actuelles sur le bien-être et la nécessité de réinvestir des temporalités plus humaines.
Les toiles présentées à Artcurial confirment cette quête d’harmonie. À travers une palette où dominent les tons chauds et terreux, Harris construit des paysages qui rappellent aussi bien les songes que les souvenirs d’enfance, des lieux où la nature devient refuge, où les corps flottent dans une sérénité absolue. Les éléments végétaux, souvent présents, renforcent cette connexion avec un imaginaire organique et protecteur.
L’afro-suréalisme, courant auquel l’artiste est souvent rattachée, s’inscrit dans une tradition où le rêve et la symbolique occupent une place prépondérante. En inscrivant ses figures dans des mondes empreints de spiritualité et de douceur, Harris s’inscrit dans une filiation qui inclut des artistes tels que Kara Walker ou Harmonia Rosales, tout en développant une approche singulière, marquée par une quête d’apaisement. Ses personnages, souvent solitaires, incarnent un rapport au monde profondément intériorisé, un dialogue silencieux entre l’individu et l’infini.
« Only When I’m Dreaming » invite ainsi les visiteurs à un voyage intérieur, une suspension du temps où la contemplation devient une expérience en soi. Cette première exposition parisienne offre une occasion rare de découvrir une œuvre qui, tout en étant ancrée dans les réalités contemporaines, propose une échappée vers un ailleurs intime et universel.
« The True Size of Africa » en Allemagne : une relecture décoloniale de l’histoire
L’exposition « The True Size of Africa », visible à Völklinger Hütte jusqu’au 31 mars 2025, déconstruit les stéréotypes coloniaux et célèbre la richesse culturelle du continent. Un dialogue entre mémoire, art contemporain et histoire industrielle européenne.
L’Afrique a longtemps été réduite à des clichés issus d’une vision occidentale marquée par l’héritage colonial. L’exposition “The True Size of Africa”, présentée jusqu’au 31 mars 2025 au Patrimoine Mondial Völklinger Hütte en Allemagne, propose une relecture engagée de l’histoire et de l’art africains. À travers un parcours mêlant œuvres contemporaines, sculptures, installations vidéo et objets historiques, elle vise à rétablir une image fidèle du continent, loin des représentations figées imposées par le regard européen.
L’ouverture de cette exposition coïncide avec les 140 ans de la Conférence de Berlin (1884-1885), un événement marquant où l’Afrique fut divisée entre puissances coloniales sans aucune participation africaine. Ce contexte historique donne toute sa portée à une initiative qui entend renverser les perspectives et replacer les voix africaines au cœur du récit. En investissant un site industriel européen emblématique, l’exposition établit un contraste saisissant entre la modernité industrielle et la richesse artistique africaine, soulignant ainsi l’impact du colonialisme sur les échanges culturels et économiques entre les continents.
L’un des points forts de l’exposition réside dans sa polyphonie artistique. Les œuvres contemporaines côtoient des objets historiques, dans un dialogue entre passé et présent. Parmi les artistes exposés, John Akomfrah propose une installation vidéo interrogeant les notions de mémoire et d’héritage colonial. D’autres installations explorent la question de la diaspora africaine et du déplacement des identités, mettant en lumière la résilience des peuples et la vitalité des cultures africaines.
Au cœur de l’exposition, le “Museum of Memorability” offre une réflexion sur l’histoire coloniale européenne et ses conséquences sur l’Afrique. Cette section met en évidence les processus d’effacement et de reconstruction mémorielle qui ont marqué les relations entre l’Europe et l’Afrique. Elle souligne également l’apport des artistes africains contemporains dans la relecture de cette histoire, proposant une vision décolonisée qui redonne sa place aux récits longtemps marginalisés.
L’expérience immersive proposée par “The True Size of Africa” s’étend à plusieurs espaces du site, utilisant l’architecture industrielle de Völklinger Hütte pour accentuer la confrontation entre héritage colonial et créativité africaine. Cette mise en scène audacieuse rappelle que l’art peut être un outil puissant de réappropriation, capable de redessiner les imaginaires et de donner une voix aux oubliés de l’histoire.
Loin d’une simple rétrospective, cette exposition invite à une véritable prise de conscience, interrogeant les liens entre mémoire et création artistique.