De Paris à Cachan, de Milan à Miami, la scène africaine et afro-diasporique rayonne cette semaine sur quatre continents. Concerts, festivals, expos et DJ sets font vibrer les musiques, les luttes et les récits afro, dans une effervescence artistique ouverte sur le monde.
Mamadou Bah & Welo Welo : une transe ouest-africaine au cœur de Paris le 13 juin
Le 13 juin, le café-concert Les Disquaires (Paris 11ᵉ) accueille le duo Mamadou Bah & Welo Welo pour une soirée unique aux sonorités afrobeat et ouest-africaines. Un moment d’intimité rythmée et d’émotion pure autour de la flûte peule et des percussions.
C’est dans l’écrin feutré du café-concert Les Disquaires, niché rue Jean-Pierre Timbaud dans le 11ᵉ arrondissement de Paris, que le duo Mamadou Bah & Welo Welo se produira le vendredi 13 juin à 20h. Un rendez-vous musical placé sous le signe du partage, du groove et d’un enracinement profond dans les traditions sonores d’Afrique de l’Ouest. Loin des grands festivals impersonnels, cette soirée se veut à taille humaine, immersive, avec une promesse claire : faire vibrer les corps et éveiller les mémoires par la musique.
Mamadou Bah est originaire de Guinée-Conakry. Multi-instrumentiste et compositeur, il a fait de la flûte peule — aussi appelée tambin — son instrument de prédilection. Instrument pastoral, spirituel, souvent joué par les bergers pour apaiser les troupeaux, le tambin transporte celui qui l’écoute dans un monde de calme et de profondeur. Mais entre les mains de Mamadou Bah, cette flûte ne se limite pas à la tradition : elle devient vecteur de fusion, canal entre les mondes. À ses côtés, Welo Welo est plus qu’un accompagnateur. Percussionniste, chanteur et performer, il donne à l’ensemble une pulsation contemporaine, enracinée dans le highlife, l’afrobeat et le groove urbain. Ensemble, ils tissent une matière musicale mouvante, hypnotique, où les riffs de flûte se fondent dans les textures percussives et les appels de voix.
Le projet qu’ils portent repose sur une double ambition : honorer la mémoire musicale des anciens tout en la projetant dans l’ici et maintenant. Mamadou Bah ne s’en cache pas : pour lui, chaque note jouée est une conversation avec les ancêtres. Le choix du lieu n’est pas anodin. Les Disquaires est un lieu de référence pour la scène afro-parisienne. Connu pour son acoustique chaleureuse, son bar accueillant et son ambiance éclectique, il offre un cadre idéal pour ce genre de performance : ni trop formel, ni trop désinvolte. On vient y écouter de la musique sérieusement, mais sans se prendre au sérieux.
L’ode à Sékou Touré

Le 13 juin, le public pourra découvrir un répertoire mêlant compositions originales et emprunts au patrimoine mandingue. On y retrouvera des morceaux comme « Sékou », ode à Sékou Touré et à l’indépendance guinéenne, mais aussi des improvisations qui laissent place à l’inattendu. L’une des particularités du duo est d’ailleurs de ne jamais rejouer deux fois un morceau de la même manière. Chaque performance est une réinvention, un dialogue en direct entre les musiciens et leur audience.
Mais la force de cette proposition réside aussi dans son aspect immersif. Mamadou Bah aime parler au public, raconter les origines de ses morceaux, expliquer les rythmes, inviter à taper dans les mains, à répondre aux chants. La musique devient alors un espace de rencontre, où les barrières tombent. Ce n’est pas un concert à écouter passivement, mais une expérience à vivre.
Au-delà de la musique, cette soirée est aussi une opportunité de découvrir des pratiques culturelles encore trop peu représentées sur les scènes européennes. Le tambin, par exemple, est un instrument millénaire dont le timbre envoûtant, comparable à un souffle ancestral, mérite d’être redécouvert. Les rythmiques proposées, entre polyrythmie et groove lancinant, traduisent une manière d’habiter le temps et l’espace qui échappe aux standards occidentaux. En cela, le duo Mamadou Bah & Welo Welo rappelle que la scène musicale parisienne ne se limite pas à l’électro ou à la chanson, mais qu’elle est aussi traversée par des voix africaines puissantes, créatives et profondément contemporaines.
La date du 13 juin marque aussi un tournant pour les deux artistes, qui entament une tournée estivale dans plusieurs villes d’Europe, de Marseille à Berlin, en passant par Bruxelles et Barcelone. Ce concert aux Disquaires fera donc office de lancement. Un moment charnière, attendu autant par les musiciens que par un public déjà conquis lors de leurs précédentes apparitions. La salle est petite, l’atmosphère intime : les places risquent de partir vite.
Pour celles et ceux qui cherchent une alternative aux grosses machines estivales, une soirée comme celle-ci est un véritable bijou. L’occasion de rencontrer deux artistes authentiques, généreux, portés par un souffle qui allie enracinement et ouverture. À une époque où la diversité culturelle est parfois réduite à un slogan, Mamadou Bah & Welo Welo incarnent une autre voie : celle de la transmission sincère, vivante, par le corps, la voix, et la vibration commune.
Informations pratiques :
Lieu : Les Disquaires, 64 rue Jean-Pierre Timbaud, 75011 Paris
Date et heure : Vendredi 13 juin 2025, de 20h à 23h
Accès : Métro Oberkampf (ligne 5 ou 9) ou Parmentier (ligne 3)
Tarifs : 5 € en prévente, 8 € sur place
Billetterie : shotgun.live/events
Jah Fakoly embrase Renens (Suisse) et Vains (Normandie) les 13 et 20 juin
En plein cœur de juin, le militant reggae-malienne Tiken Jah Fakoly investit deux festivals en Europe : gratuit à Renens le 13 juin, puis acoustique à Vains le 20. Deux soirées où la musique devient combat et communion citoyenne.
Le 13 juin à Renens, en Suisse, marque la première escale de Tiken Jah Fakoly dans le cadre du festival FESTIMIXX. Ce festival emblématique de musique du monde organise chaque année des concerts gratuits, et cette 9e édition ne fait pas exception. Fakoly, figure marquante du reggae africain, ouvre la soirée à 20h et présente ses plus grands succès tels que Plus rien ne m’étonne, Africain à Paris ou Ouvrez les frontières. Entouré d’un collectif de musiciens internationaux, il offre une performance mêlant rage, espoir et quête de justice. L’événement attire un public international, sensibilisé depuis longtemps à son message panafricain et engagé.
Quelques jours plus tard, c’est sur la côte normande, à Vains, que le reggae engagé de Fakoly résonnera de nouveau, le 20 juin à 20h. Intégré au Green River Valley Festival, cet événement associatif et solidaire se déroule à la Ferme des Cara-Meuh. En format plus intime, Fakoly livrera un set acoustique au cœur d’un line-up diversifié comprenant Flavia Coelho, Hilight Tribe, L’Entourloop, Youthie et Fox in Dub. Cette soirée s’inscrit dans une démarche écologique et citoyenne : le festival valorise les artistes solidaires, sensibilise à la protection de l’environnement et propose une programmation cohérente avec ces valeurs.
Ces deux concerts réunissent deux histoires, deux paysages, deux publics, mais une même quête : faire résonner le message de Fakoly – « réveiller les consciences » – à travers des rythmes et des textes porteurs de liberté. En extérieur à Renens, la scène festive permet un contact direct avec la foule, enthousiaste et fidèle. À Vains, l’aspect acoustique renforce l’intimité et la puissance du verbe, dans un cadre champêtre, chaleureux, propice à la réflexion collective.
L’impact du chanteur ivoirien ne se limite pas à la musique. Depuis les années 1980, Fakoly a porté ses albums comme Françafrique, qui lui a valu le disque d’or et une Victoire de la Musique en 2003, ou Racines, hommage au reggae mondial, outre-Atlantique et africanisé. Il incarne un message panafricain prônant justice, éducation, souveraineté, et un soutien aux jeunes générations. Ses chansons sont des outils pour dénoncer l’obscurantisme, les inégalités, les dettes extérieures ou les violences faites aux populations. Il se définit lui-même comme une voix militante qui use de la musique comme forme de résistance culturelle et politique.
Les festivals FESTIMIXX et Green River Valley partagent cette même vision : ils offrent des espaces pluriels où musique, écologie, solidarité et rencontre s’entrelacent. À Renens, c’est un hymne à la diversité musicale et culturelle ; à Vains, c’est une invitation à reconnecter l’art au territoire, aux initiatives citoyennes.
Ces deux rendez-vous permettent de redécouvrir Fakoly, loin des studios et des grandes scènes. Ils offrent au public européen l’occasion rare d’entendre ses versions live, alternant puissance vocale, paroles incisives et arrangements reggae acoustiques ou collectifs internationaux. L’essence du reggae se ressent : danse, voix, méditation, prise de conscience, un cocktail résolument citoyen.
Informations pratiques :
Date & lieu :
• Vendredi 13 juin 2025, 20h – Festival FESTIMIXX, Renens (Suisse) – concert gratuit
• Vendredi 20 juin 2025, 20h – Green River Valley Festival, Ferme des Cara Meuh, Vains (Manche, France) – Tiken Jah Fakoly (acoustique), Flavia Coelho, L’Entourloop…
Accès :
• Renens : entrée libre, plein air.
• Vains : billetterie via Weezevent, prix 35 €, gratuit pour les moins de 10 ans.
Billetterie :
• Renens : accès gratuit, réservation non obligatoire.
• Vains : billets sur Green River Valley Festival via Weezevent.
Rema enflamme Milan le 14 juin avec sa tournée mondiale HEIS au club Fabrique
Samedi 14 juin à Milan, le prodige nigérian de l’afro-pop Rema pose ses valises au club Fabrique dans le cadre de la tournée européenne HEIS World Tour. Une date unique en Italie, synonyme d’énergie irrésistible et de show visuellement étourdissant.
Le club Fabrique à Milan s’apprête à vivre une soirée électrisante ce 14 juin 2025, lorsque Rema, star montante de l’afro-pop nigérian, investira la scène. Véritable phénomène international depuis son tube « Iron Man » (2019) et sa résonnance mondiale via « Calm Down », Rema explore un univers musical qu’il qualifie aujourd’hui de Afrorave, fusion novatrice mêlant afrobeat, trap et sonorités globales. Programmé aux alentours de 21h30, l’artiste donnera une performance inédite en Italie, dans l’esprit explosif et sensitif qui fait sa marque de fabrique, chaque concert étant unique et profondément ancré dans son dernier album HEIS (2024), Grammy-nommé.
Rema n’est pas qu’un interprète, c’est un créateur de tendances. À 25 ans seulement, Divine Ikubor a signé son premier hit avec « Dumebi » en 2019, puis a collaboré avec Selena Gomez sur « Calm Down », numéro 3 du Billboard Hot 100, et cumulant plus d’un milliard de streams. Son univers musical résulte d’une quête d’identité moderne, ancrée dans la tradition nigériane, mais ouverte sur des influences du monde entier, du hip-hop à l’electro. En concert, il impose un show chorégraphié, dansant, festif. Rema chante, rappe, interagit, et transforme la piste en une communion vibrante.
La date milanaise s’inscrit dans sa tournée Heis World Tour, lancée en avril 2025 avec des étapes en Amérique du Nord, en Europe et en Asie. Après Berlin, Londres, ce sera au tour de Milan d’accueillir cette énergie nouvelle. Lors du passage à Fabrique, Rema proposera un set centré sur les morceaux de HEIS — « Benin Boys », « OZEBA », « Hehehe » – tout en n’omettant pas ses hits internationaux comme « Calm Down ». Ce concert correspond à la seule date milanaise de la tournée, ce qui en fait un rendez-vous quasi inédit pour les fans transalpins.
Du côté du lieu, le Fabrique est reconnu pour son exigence technique : sonorisation puissante, plancher dansant, ambiance nocturne urbaine. La jauge de quelques milliers de personnes offre à la fois le format « arena » et le sentiment d’intimité grâce à un public galvanisé. L’annonce sur les réseaux – Instagram, Facebook – évoque un événement « plus gros concert Afrobeat en Italie ». La mise en scène inclut visuels immersifs, écrans LED, jeux de lumière sophistiqués, pour un rendu sensoriel complet.
Le public attendu à Milan est représentatif d’une jeunesse connectée, mobile et mixte. De Rome à Paris, en passant par Cordoue et Toulouse, les aficionados de la musique africaine contemporaine seront présents. Rema attire une fanbase cosmopolite, des adeptes de festival aux adeptes de clubs. Le public italien connaît bien les sonorités afro, mais peu ont eu l’opportunité d’assister à un concert aussi centré sur l’authenticité et l’innovation. Cela pourrait être l’une des soirées afro-pop incontournables de l’année.
Autre spécificité : l’organisation du concert respecte une approche inclusive ; aucune contrainte vestimentaire, billetterie transparente, revente encadrée (60,5 € prix de départ). L’accès est prévu à partir de 18 ans, avec un contrôle d’identité, ce qui favorise une ambiance adulte et bienveillante.
À noter que si le concert de Milan est maintenu et très attendu, deux autres dates européennes de la tournée HEIS ont été récemment annulées : celle prévue à Copenhague le 18 juin, ainsi que le concert d’Amsterdam le 20 juin. Les organisateurs ont invoqué des raisons de santé. Un remboursement automatique est en cours pour les spectateurs ayant réservé leurs billets. Aucun report n’a été annoncé pour l’instant. Les fans restent en alerte sur les réseaux officiels de l’artiste pour toute mise à jour.
Informations pratiques :
Date : samedi 14 juin 2025
Heure : début du concert à 21h30 (ouverture des portes 20h30)
Lieu : Fabrique, Via Gaudenzio Fantoli 9, 20138 Milano, Italie
Accès : métro ligne 2 (station Piola) ou ligne 3 (station Sondrio), bus urbains disponibles
Tarifs : à partir de 60,50 € en prévente, jusqu’à 95 € selon emplacement
Billetterie : via DICE, Bandsintown, JamBase – événement « Rema – Fabrique Milano 14 June 2025 »
Records Party : la fièvre afrobeat enflamme Paris le 18 juin
Le mercredi 18 juin à Paris, le label Boukan Records organise une soirée bouillante dédiée à l’afrobeat, la trap et le baile funk. Un DJ set enflammé, une ambiance urbaine sans compromis, et une scène émergente prête à tout faire trembler.
Mercredi 18 juin à 20h, Paris vibrera sous les basses telluriques d’une nuit musicale pas comme les autres. Portée par le label Boukan Records, la Boukan Records Party s’annonce comme l’une des soirées les plus électriques de ce début d’été. Au programme : un DJ set croisé, nerveux, impitoyablement dansant, où l’afrobeat, la trap et le baile funk se rencontrent, s’affrontent et fusionnent dans une intensité rare. Cette soirée est conçue pour les corps en mouvement, les esprits libres et les noctambules qui n’ont pas peur de transpirer. Un événement à la croisée des cultures, de l’underground parisien et de la scène globale afro-urbaine.
Boukan Records n’en est pas à son coup d’essai. Depuis sa création en 2018, ce label indépendant fondé par une génération afro-descendante militante a su se faire un nom dans les sphères alternatives parisiennes. Engagé, transversal, résolument tourné vers l’expérimentation musicale, il revendique une programmation qui bouscule les formats et donne voix aux marges. À travers ses événements, ses compilations et ses résidences artistiques, Boukan agit comme un foyer sonore, un espace d’amplification pour les musiques issues des diasporas africaines, afro-caribéennes et afro-brésiliennes.
Un warm-up afrobeat
La soirée du 18 juin s’inscrit dans cette démarche d’hybridation radicale. Le line-up, encore gardé partiellement secret au moment de l’annonce, promet une montée progressive en intensité. La soirée débutera par un warm-up afrobeat, ce style né dans les années 1970 au Nigeria avec Fela Kuti, mais désormais réinventé par les jeunes DJs entre Accra, Londres et Paris. Rythmes syncopés, lignes de basse groovy et samples électrisants viendront doucement installer une ambiance moite et dansante. Très vite, la trap prendra le relais. Venue du Sud des États-Unis, la trap est aujourd’hui une grammaire universelle pour une jeunesse mondialisée : lente, puissante, saturée d’énergie noire. Enfin, le baile funk, ce genre né dans les favelas de Rio, surgira comme un orage tropical. Ses beats saccadés, ses ruptures de tempo et son énergie brute mettront littéralement le feu à la piste.
Le lieu, tenu volontairement secret jusqu’à quelques jours avant l’événement, est à l’image du projet : central, mais confidentiel. Situé entre le 10e et le 11e arrondissement, à proximité d’Oberkampf ou Parmentier, l’espace choisi est reconnu pour son acoustique brute, son plafond bas et ses lumières minimales. On y vient pour la musique, pas pour l’apparence. Pas de carré VIP, pas de service en bouteille. Ici, l’expérience est collective. On entre ensemble, on danse ensemble, on ressort ensemble.
Le public attendu est fidèle aux précédentes éditions : jeune, métissé, radicalement urbain. Un public qui écoute Burna Boy, Megan Thee Stallion et MC Bin Laden, mais aussi les pépites méconnues de la sono mondiale. Une communauté fluide, mobile, qui passe de l’underground au mainstream sans jamais se trahir. Les précédentes Boukan Parties ont fait salle comble. Celle-ci ne devrait pas faire exception.
Pour celles et ceux qui cherchent une alternative aux grands clubs génériques ou aux soirées sponsorisées, la Boukan Records Party offre un souffle différent. Ici, pas de dress code, pas d’étiquette. Juste de la musique, du rythme et une envie partagée de faire danser la ville autrement.
Informations pratiques :
Date : mercredi 18 juin 2025
Heure : ouverture des portes à 20h, fermeture vers 23h30
Lieu : dans Paris intra-muros (adresse communiquée par email aux détenteurs de billets 48 h avant)
Accès : à proximité des stations Oberkampf, Parmentier ou République (lignes 3, 5, 9, 11)
Tarifs : 12 € en prévente, 15 € sur place (selon disponibilité)
Billetterie : sur Shotgun et via les réseaux sociaux de Boukan Records
Deux regards, un héritage : Chicago et Miami célèbrent le cinéma afro-descendant
Du 11 au 15 juin, les festivals ADIFF à Chicago et ABFF à Miami donnent à voir les récits pluriels de la diaspora africaine et afro-américaine. Deux événements phares qui mettent en lumière les résistances, la mémoire et la créativité du cinéma noir contemporain.
Dans l’Amérique post-George Floyd, où les récits afro-descendants cherchent toujours à s’imposer dans les grands circuits culturels, deux festivals emblématiques offrent une réponse artistique cinglante et nuancée à l’effacement historique. Du 13 au 15 juin à Chicago, le 22ᵉ African Diaspora International Film Festival (ADIFF) revient dans les murs du FACETS Film Forum avec une sélection exigeante de douze films issus des quatre coins du monde noir.
En parallèle, le American Black Film Festival (ABFF) anime la ville de Miami du 11 au 15 juin, avec une programmation éclectique allant de l’afro-caribéen à l’africain, en passant par les grandes voix du cinéma afro-américain. Deux villes, deux dynamiques, mais une même volonté : affirmer des identités filmées, multiples et affranchies.
À Chicago, ADIFF n’en est pas à sa première édition, et pour cause : depuis 1993, le festival se donne pour mission de faire rayonner les productions ignorées par Hollywood. Sa programmation 2025 confirme cet engagement. Parmi les œuvres projetées, plusieurs documentaires africains abordent les questions de la mémoire coloniale, des migrations, de la résistance féminine ou encore du lien à la terre. Une fiction éthiopienne primée à Durban, un documentaire ougandais sur la danse comme outil de réconciliation, et une animation sud-africaine sont autant de témoignages de la vitalité du continent, dans ses formes les plus diverses. L’intention est claire : donner voix à ceux qu’on écoute trop peu, et permettre au public américain de se connecter à des réalités diasporiques par l’émotion, l’image et la narration.
Le lieu choisi, FACETS Film Forum, est à la hauteur de cette ambition : indépendant, engagé et ancré dans le tissu culturel local. Avec ses salles de taille humaine et son accueil communautaire, il offre un écrin idéal à une cinéphilie engagée. Le tarif est volontairement accessible (13 $ la séance, 10 $ en tarif réduit, 65 $ le pass intégral) pour élargir le spectre des spectateurs, au-delà des seuls initiés. Ce n’est pas un festival d’élite, mais un lieu de rencontre. De nombreux cinéastes sont attendus pour des débats après les projections, dans un esprit d’échange et de transmission.
À Miami, la résonance est différente, mais complémentaire. Le ABFF est l’un des plus grands festivals de cinéma afro-américain aux États-Unis. Fondé en 1997, il attire chaque année des milliers de professionnels, stars et passionnés. Sa force réside dans la pluralité de ses sections : fictions, séries télévisées, web-séries, courts métrages, masterclasses, panels, tout y passe. Mais cette année, l’événement s’ouvre plus largement à l’Afrique avec un focus très attendu intitulé « South African Stories », qui aura lieu le samedi 14 juin à 17h au Miami Beach Convention Center. Au programme : cinq courts métrages sud-africains, sélectionnés pour leur qualité formelle autant que pour leur engagement sociopolitique. La séance, suivie d’un débat avec certains réalisateurs, promet d’être l’un des moments forts du festival.
Le ABFF ne s’arrête pas aux salles obscures. En plus de ses projections physiques, il proposera, du 16 au 24 juin, un volet en ligne pour les spectateurs qui ne peuvent se déplacer. Une manière d’amplifier sa portée et de rendre ces œuvres accessibles bien au-delà des murs de Miami. Le festival devient alors un média en soi, vecteur de contenus, mais aussi de conscience.
Chicago et Miami, l’une tournée vers les œuvres documentaires et indépendantes, l’autre vers l’actualité du divertissement afro-américain, composent ainsi une cartographie temporaire de l’art afrodescendant en 2025.
Informations pratiques :22ᵉ ADIFF Chicago
Dates : 13–15 juin 2025
Lieu : FACETS Film Forum, 1517 W. Fullerton Ave, Chicago, IL 60614
Tarifs : 13 $ / séance, 10 $ tarif réduit, pass complet : 65 $
Programmation détaillée : nyadiff.org
American Black Film Festival – Miami
Dates : 11–15 juin 2025 (physique), 16–24 juin (en ligne)
Séance spéciale « South African Stories » : 14 juin à 17h
Lieu : Miami Beach Convention Center, 1901 Convention Center Dr, Miami Beach, FL 33139
Site officiel : abff.com
Billetterie : pass journaliers et forfaits via le site officiel.
Les Amazones d’Afrique investissent le parc Raspail le 20 juin
Le vendredi 20 juin, le supergroupe malien Les Amazones d’Afrique se produit gratuitement dans le parc Raspail à Cachan. Une soirée exigeante et engagée, mêlant musiques panafricaines contemporaines et message féministe, pour célébrer la fête de la musique autrement.
Le vendredi 20 juin, à l’occasion de la Fête de la Musique, le parc Raspail à Cachan se transformera en scène vivante pour accueillir Les Amazones d’Afrique, collectif musical féminin devenu emblème d’une Afrique en mouvement. Formé en 2015 à Bamako par des artistes comme Mamani Keïta, Oumou Sangaré, Mariam Doumbia et Angélique Kidjo, ce « supergroupe » incarne la rencontre de l’héritage mandingue et d’un engagement social militant. Les voix puissantes de ces chanteuses, accompagnées de musiciennes et musiciens d’Afrique et de la diaspora, mêlent rythmes traditionnels, grooves contemporains, électro et messages pour l’égalité des genres, la lutte contre les violences faites aux femmes, et la reconstruction de la kora féminine, longtemps interdite aux femmes.
Cette production, nommée Musow Dance (2024), succède à Amazones Power (2020) et République Amazone (2017), tous deux salués par la critique et programmés sur les scènes mondiales (Glastonbury, WOMAD, Later… with Jools Holland). Le concert de Cachan s’inscrit dans une tournée estivale européenne, qui fait escale en France notamment après des passages à Lyon et Pantin, attestant de l’ancrage fort de la musique africaine contemporaine dans l’espace public et festif français.
Le choix du parc Raspail pour cette performance gratuite traduit une volonté d’accessibilité et d’ancrage local. La municipalité de Cachan met à disposition un espace verdoyant, fermé au public depuis la veille pour être préparé, et rouvert à partir de 19h30. La soirée propose une ambiance familiale à l’entrée libre, accessible à tous, avec buvettes et restauration simples sur place, valorisant ainsi l’esprit collectif et populaire de cet événement.
Musicalement, Les Amazones d’Afrique offrent un concert dense (19h30–23h) mêlant chants polyphoniques, percussion, électro et performances scéniques soucieuses de l’émotion. Les messages véhiculés par leurs textes — sur l’autonomie, le droit à la parole et au corps conscient — résonneront dans ce cadre convivial. La mise en scène prévoit un équilibre entre temps de performance et moments d’écoute, où la foule pourra se rapprocher des artistes, partager les rythmes ou simplement témoigner de la force de la voix collective.
Au-delà de la musique, ce concert représente un acte politique et social : dimanche 20 juin, les Amazones invitent à la réflexion autant qu’à la célébration. La fête de la musique devient un vecteur de sens, où la culture publique s’avère être un temps de conscience citoyenne.
Le public que l’on attend est varié : jeunes Prix surfaces, mélomanes de l’Afrique, familles, curieux de culture alternative. Il viendra écouter un concert de résonance panafricaine, sous les arbres du parc, dans des conditions estivales agréables. Chaque concert des Amazones est unique : les artistes naviguent entre les obligations militantes, l’énergie collective, l’interaction avec le public, créant une transe partagée parfois nouvelle pour le spectateur hexagonal.
Informations pratiques :
Date : vendredi 20 juin 2025
Heure : de 19h30 à 23h00
Lieu : parc Raspail, 94230 Cachan (Val de Marne)
Accès : entrée libre, sans inscription, parc ouvert exceptionnellement au public à partir de 19h30
Le peintre camerounais Jean David Nkot à Paris : les corps en résistance
Jusqu’au 21 juin, la Galerie Afikaris expose « Théâtre des corps – Drame de la matière », une plongée dense et politique dans l’univers du peintre camerounais Jean David Nkot. Une confrontation visuelle entre texture, douleur, chair et géopolitique.
Dans le bouillonnement artistique du 10ᵉ arrondissement parisien, une exposition capte le regard et bouleverse les sens : Théâtre des corps – Drame de la matière de Jean David Nkot, à la Galerie Afikaris, se déploie comme un manifeste pictural. L’artiste camerounais y interroge le corps contemporain dans ce qu’il a de plus fragile et de plus politique. Avec ses toiles aux dimensions imposantes, saturées de matière et de cartographies invisibles, Nkot fait de l’espace d’exposition un lieu de résistance.
Le corps humain est ici à la fois sujet et territoire. Le spectateur est happé par ces silhouettes puissamment incarnées, souvent isolées, presque anatomiques, et pourtant toujours en tension avec un contexte plus vaste, souvent géographique, parfois historique. Peintes avec minutie, elles semblent émerger d’un sol en décomposition ou d’un paysage bombardé de coordonnées géographiques, de données économiques, ou d’extraits de rapports sur l’exploitation des ressources minières africaines. Car Nkot, comme à son habitude, tisse son art autour d’une documentation rigoureuse. Ses œuvres intègrent des éléments textuels, des chiffres, des réseaux, évoquant les flux extractifs contemporains, ceux du coltan, du cobalt, du cuivre, et leur impact sur les vies humaines.
Mais ici, l’approche est encore plus introspective. Le titre même, « Théâtre des corps », annonce l’ambition : non seulement représenter les corps, mais les mettre en scène, en crise, en douleur, parfois en effondrement. Ce théâtre n’est pas celui du spectaculaire, mais celui du vécu, de l’incarné. Il s’agit du corps noir, du corps ouvrier, du corps déplacé, du corps-marchandise. Les textures épaisses, presque sculptées, trahissent cette lourdeur existentielle. L’usage du rouge, du noir et des ocres accentue le caractère dramatique de ces incarnations.
Jean David Nkot est aujourd’hui une figure essentielle de la nouvelle peinture africaine. Formé à l’Institut des Beaux-Arts de Foumban puis à Douala, son travail a depuis traversé les continents, salué pour son acuité politique et sa maîtrise plastique. À la Galerie Afikaris, il déploie toute sa maturité esthétique. Chaque œuvre est une enquête. Chaque toile exige du temps. Le spectateur est invité à ne pas regarder, mais à lire, à déchiffrer, à se confronter à une mémoire cartographiée sur la peau même des personnages.
Drame de la matière, drame du monde
Au-delà de la figuration, l’artiste travaille la superposition : de couches de peinture, de matières, mais aussi de significations. Les corps ne sont jamais seuls. Ils sont traversés par les lignes du capitalisme global, de l’extraction, de la migration, de l’effondrement. Ils sont à la fois blessés et debout. Ce drame de la matière est donc aussi un drame du monde
La Galerie Afikaris, installée rue de Paradis, confirme avec cette exposition son rôle pionnier dans la reconnaissance de la scène contemporaine africaine. Depuis sa création, l’espace défend un art qui ne sépare jamais esthétique et engagement. Avec « Théâtre des corps », elle offre une immersion rare dans une œuvre qui pense l’Afrique à hauteur d’hommes et de blessures. On y entre pour voir des tableaux, on en sort avec une conscience aiguë de ce que l’image peut porter d’histoire et d’espérance.
Les amateurs d’art, les curieux, les passionnés de questions postcoloniales ou géopolitiques y trouveront un espace de réflexion, mais aussi d’émotion brute. Car malgré la gravité des sujets, le travail de Nkot n’est jamais désespéré. Il est habité par une tension vitale, une lumière qui affleure, une volonté de raconter, encore et toujours, l’humain dans ce qu’il a de plus vrai.
Informations pratiques :
Exposition : Théâtre des corps – Drame de la matière
Artiste : Jean David Nkot
Dates : jusqu’au 21 juin 2025
Lieu : Galerie Afikaris – Espace Annie Kadji
Adresse : 17 rue de Paradis, 75010 Paris
Horaires : du mardi au samedi, 11h–19h
Entrée libre
Plus d’infos : www.afikaris.com