Dans la première guerre d’Algérie, une histoire de conquête et de résistance, 1830-1852, l’histoire Alain Ruscio revient sur la conquête de l’Algérie où les Français se heurtèrent à une résistance qu’ils n’avaient pas imaginé
Une synthèse unique sur la conquête de l’Algérie, prélude de cent trente-deux années de colonisation. Une première guerre d’Algérie qui revient progressivement dans l’actualité, alors que les relations franco- algériennes restent marquées par des conflits mémoriels et que divers mouvements tentent d’exhumer les racines anciennes de la culture coloniale française.
L’expression « guerre d’Algérie » désigne aujourd’hui le conflit qui opposa les indépendantistes algériens et les partisans français du colonialisme entre 1954 et 1962. Mais cette guerre, que la société française mit des décennies à regarder comme telle, ne fut pas la première, rappelle l’historien Alain Ruscio. Dès 1830, Français et Algériens se sont affrontés au cours de ce qu’il faut bien appeler la première guerre d’Algérie.
Cette guerre a commencé le 14 juin 1830 à 4 heures du matin, lorsque le premier soldat français posa le pied sur la terre algérienne. Les conquérants furent d’emblée confrontés à une force de résistance qu’ils n’avaient pas imaginée, dont la figure emblématique fut l’émir Abd el- Kader. S’ensuivirent deux décennies d’affrontements d’une intensité et d’une violence extrêmes.
Massacrés, enfumés, décapités, déplacés.
Le maréchal Bugeaud et bien d’autres officiers appliquèrent et souvent amplifièrent sur le terrain la politique répressive décidée à Paris par François Guizot, Adolphe Thiers, Jean-de-Dieu Soult et tant d’autres dirigeants français. Par milliers, les Algériennes et les Algériens furent massacrés, enfumés, décapités, déplacés, humiliés. « L’armée, faite féroce par l’Algérie », écrivait Hugo en 1852. Pourtant, cette politique de terreur fut approuvée et même justifiée par de grands intellectuels de l’époque, comme Alexis de Tocqueville. D’autres, très minoritaires, dénoncèrent la conquête, au nom de critères plus pragmatiques que strictement humanitaires.
La conquête de l’Algérie constitue un moment décisif de l’émergence de l’esprit colonial – et racial – qui marqua la société française durant deux siècles, et produit encore bien des effets néfastes, comme le montre Alain Ruscio. Ce livre foisonnant propose une synthèse inédite de cette première guerre d’Algérie et renouvelle l’historiographie sur cet épisode déterminant.