La Nuit des Griots célèbre sa 10e édition à Marseille, du 23 au 27 avril 2025. Ce festival unique met à l’honneur l’art de la parole et de la transmission en Afrique de l’Ouest, entre contes, musiques et rencontres vibrantes.
C’est un souffle venu du Sahel qui traverse Marseille depuis dix ans. Du 23 au 27 avril 2025, la ville accueille la 10e édition de La Nuit des Griots, un festival devenu un rendez-vous incontournable pour tous les amoureux de la parole vive, de la musique enracinée et de la mémoire partagée. Dans une époque où la vitesse numérique tend à effacer les voix anciennes, La Nuit des Griots s’impose comme un espace de résistance douce, un hommage vibrant aux maîtres de la tradition orale d’Afrique de l’Ouest. D’année en année, ce festival a su tisser un lien rare entre générations, continents et sensibilités artistiques.
Les griots, ces poètes, chanteurs, musiciens et conteurs, sont bien plus que des artistes : ils sont les gardiens de la mémoire collective, les transmetteurs de savoirs, les médiateurs sociaux, politiques et spirituels. À la fois chroniqueurs, historiens et musiciens, ils incarnent une fonction essentielle dans les sociétés mandingues, wolof ou peules. Leur parole n’est pas une simple performance, mais une mémoire vivante, nourrie d’oralité, de souffle, de rythme et de filiation. À travers eux, les histoires se transmettent, les lignées se racontent, les conflits se dénouent parfois. Ce sont eux, et leur art pluriel, que le festival met en lumière, en sons et en émotions.
Pour cette 10e édition, les organisateurs ont vu grand, tout en restant fidèles à l’esprit d’origine : créer un espace d’écoute et de partage. Le programme rassemble une quinzaine d’artistes venus du Mali, du Sénégal, de Guinée, de Côte d’Ivoire, mais aussi de France. Parmi eux, la présence exceptionnelle du maître kora Abdoulaye Sissoko, du conteur ivoirien Kouamé Dramane, ou encore de la griotte Aminata Diabaté, dont la voix grave résonne comme une incantation. Le festival investit plusieurs lieux de la ville, des scènes musicales aux bibliothèques, en passant par des écoles et centres sociaux, dans une volonté affirmée de toucher un public le plus large possible, bien au-delà des seuls amateurs de musiques africaines.
Des ateliers de transmission y sont proposés, mêlant apprentissage de la kora, initiation à l’art du conte ou encore chant polyphonique wolof. Pour les enfants comme pour les adultes, c’est l’occasion rare de découvrir ces traditions dans leur profondeur, loin des clichés. Les moments de fusion sont aussi au cœur de cette édition anniversaire : on y croisera des dialogues entre rappeurs marseillais et joueurs de balafon, entre DJ électro et griots mandingues.
Derrière ce projet, on retrouve l’association Sonorités Nomades, qui depuis dix ans défend avec passion les arts oraux. Portée par une petite équipe de passionnés, soutenue par des partenaires publics et privés, l’association a su faire de cette initiative locale un événement d’envergure internationale. Cette reconnaissance ne change rien à l’intimité de l’expérience proposée : écouter un conte au coin d’une place, vibrer au son du ngoni dans une cour d’école, ou entendre une bénédiction chantée dans la langue des ancêtres.
Alors que cette 10e édition s’ouvre, elle apparaît comme une promesse renouvelée : celle de continuer à faire vivre ces traditions millénaires.
Que l’on vienne pour la musique, pour les contes ou pour le plaisir de se laisser emporter par une voix, La Nuit des Griots offre à chacun un morceau d’humanité tissé dans les mots, les chants, et les gestes transmis de génération en génération.