Le 17 mai 2025, l’Atelier Marcel Hastir à Bruxelles accueille le VAYU Quartet pour un concert-lecture autour de Fragments d’une genèse oubliée de Laâbi. Une soirée entre musique, poésie et mémoire, dans une veine afro-jazzy raffinée et engagée.
C’est une date à marquer d’une pierre blanche pour les amateurs de poésie, de jazz et de culture africaine. Le 17 mai 2025 à 20h, l’Atelier Marcel Hastir à Bruxelles devient le théâtre d’une rencontre artistique rare, celle du VAYU Quartet avec le texte Fragments d’une genèse oubliée du poète marocain Abdellatif Laâbi. À travers une formule hybride de concert-lecture, le collectif belgo-africain tisse un dialogue entre musique vivante et parole poétique.
Le public est invité à écouter et à sentir. Le cadre intimiste de l’Atelier Marcel Hastir, lieu chargé d’histoire, fondé par l’artiste et résistant du même nom, offre un lieu idéal à cette performance politique, spirituelle et musicale. Loin du spectaculaire, le VAYU Quartet cherche la densité, la vibration et la nuance.
Composé d’un pianiste béninois, d’un saxophoniste sénégalais, d’une contrebassiste congolaise et d’un batteur belge passionné de rythmes afro-cubains, le VAYU Quartet s’est formé autour d’un désir commun : faire dialoguer les traditions musicales africaines et les écritures poétiques à travers une grammaire moderne. Leurs influences mêlent jazz modal, blues, musiques mandingues, slam, improvisation libre et textures harmoniques riches. Un métissage exigeant, mais jamais démonstratif.
Le texte choisi, Fragments d’une genèse oubliée, publié en 1999, constitue l’un des sommets poétiques d’Abdellatif Laâbi. Figure majeure de la littérature maghrébine et francophone, Laâbi y réinvente la création du monde du point de vue des exclus et des oubliés. Traversé par les mémoires coloniales, ce poème est, un chant de rébellion.
Sur scène, les mots sont portés par la comédienne et slameuse Sarah T., dont la voix oscille entre souffle et incantation. Ses phrases se glissent dans les interstices du quartet, s’élèvent, retombent, se suspendent. Le piano martèle, le saxophone ondule, la contrebasse gronde, la batterie pulse comme un cœur battant. Le texte devient musique, la musique devient texte. L’Afrique poétique rencontre l’Afrique sonore.
Cette soirée s’inscrit dans les célébrations culturelles de la Journée mondiale de l’Afrique, célébrée le 25 mai. Mais elle en propose une lecture différente, plus méditative.
En mettant en musique Fragments d’une genèse oubliée, le VAYU Quartet rend hommage à une parole trop souvent marginalisée ; celle des artistes africains qui refusent d’être réduits à l’exotisme. Ils disent l’histoire autrement, ils la chantent. Et ce soir du 17 mai, à Bruxelles, dans ce lieu discret au cœur de l’Europe, leur voix, fera battre un autre rythme du monde.