Sur fond de cyber-escroquerie, Bad Influencer, série sud-africaine inédite, investit Netflix le 31 octobre. Thriller social rythmé et satire de l’influence, la fiction ausculte le vertige numérique et la précarité de la réputation dans l’Afrique urbaine d’aujourd’hui.
À l’approche d’Halloween, Le Cap prête ses contrastes et ses lumières à une série où l’ombre de la célébrité virtuelle plane sur chaque image. « Bad Influencer », première création de la réalisatrice Mandisa Ndlovu pour Netflix, brouille d’emblée la frontière entre polar contemporain et chronique sociale, mêlant esthétique léchée et tension permanente. La ville, entre plages étincelantes et buildings acérés, imprime sa marque à une intrigue nerveuse : le quotidien de Nandi Mthembu, star montante des réseaux sociaux, bascule soudain lorsqu’une cyber-attaque lui vole ses comptes, détourne ses revenus et fait de son existence numérique un champ de ruines.
La mécanique de l’effondrement est implacable. Chacune de ses publications, auparavant soigneusement scénarisée, devient matière à soupçon. Accusée de fraude par sa propre communauté, Nandi ne peut compter que sur l’appui hésitant d’une hackeuse repentie et d’un détective à l’éthique mouvante. Dès lors, le récit emprunte les codes du thriller tout en installant un malaise contemporain : comment prouver son innocence dans un monde où la réputation s’effondre en un clic, et où le regard du public devient juge, jury et bourreau ?
https://youtu.be/fhqh073l48w?si=OoqWQfj-rKc4EgBl
L’emprise des apparences
La série s’attache à capter l’atmosphère des nuits du Cap, ses fêtes feutrées où tout se monnaye, ses cafés branchés et ses tours de verre, mais aussi ses marges, où la débrouille croise l’ambition. Mandisa Ndlovu, déjà remarquée pour son regard aigu sur la jeunesse sud-africaine, compose ici un portrait sans fard d’une société fracturée, où l’ascension fulgurante de quelques-uns masque des inégalités criantes. L’humour noir affleure dans les dialogues, tandis que la réalisation emprunte autant au polar qu’à la satire, sans jamais basculer dans la caricature. Certains épisodes s’inspirent directement de faits divers récents : fausses campagnes de charité, escroqueries virales, ou chute brutale d’influenceurs autrefois adulés.
Au cœur du casting, la diversité générationnelle et l’ancrage local s’affirment. Jo-Anne Reyneke, Cindy Mahlangu, Hamilton Dlamini, Thapelo Mokoena, Lerato Nxumalo, Aubrey Poo, Masasa Mbangeni, Zikhona Sodlaka, et Zozibini Tunzi, Miss Univers 2019, croisent des figures déjà familières du public sud-africain. Surtout, la présence de vraies influenceuses à l’écran – Mihlali Ndamase, Sarah Langa, Mohale Motaung – instille une dose d’ironie grinçante, en brouillant les frontières entre fiction et réalité, et en confrontant l’industrie de l’image à ses propres reflets.
La force de « Bad Influencer » réside dans sa capacité à conjuguer le suspense du polar à la réflexion sociale. Derrière l’intrigue se dessine une méditation sur la fragilité des réputations, la violence invisible du cyber-harcèlement, et l’impossible retour à l’anonymat à l’ère de la visibilité permanente. Chaque épisode dévoile un nouveau piège, une manipulation, un choix impossible ; la tension monte, portée par une écriture nerveuse, des rebondissements constants, mais aussi par une bande-son qui oscille entre électro urbaine et rythmes sud-africains. Les dialogues, incisifs, creusent la question : que reste-t-il quand la persona numérique s’effondre ?
La série s’adresse aussi bien aux amateurs de suspense qu’aux publics familiers des codes digitaux, offrant un miroir sans complaisance d’une société sud-africaine à la fois inventive, lucide, et traversée de ses propres contradictions. Sans jamais céder au moralisme, Bad Influencer observe, ausculte, et ironise sur une jeunesse qui jongle avec les dangers du buzz et les illusions de la réussite connectée.
Informations pratiques
Titre original : Bad Influencer
Origine : Afrique du Sud
Diffusion : à partir du 31 octobre 2025 sur Netflix
Saison 1 : 8 épisodes de 45 minutes
Langue : anglais (sous-titres français disponibles)
Genres : thriller, polar, satire sociale
Public : averti (cyber-violence, thématiques adultes)



























