Le rappeur français Werenoi, 31 ans, d’origine camerounaise, est décédé subitement d’un arrêt cardiaque alors qu’il s’apprêtait à monter sur scène. Figure montante du rap francophone, sa disparition brutale secoue le milieu musical et soulève des interrogations sur les pressions du métier.
Le rap français vient de perdre l’un de ses artistes les plus prometteurs. Werenoi, de son vrai nom Jérémy Bana Owana, est mort à 31 ans des suites d’un arrêt cardio-respiratoire survenu quelques heures avant un concert prévu à Paris. Alors que sa carrière connaissait une ascension fulgurante, sa disparition brutale plonge ses fans dans la stupeur et met en lumière la fragilité d’un milieu aussi exigeant que peu indulgent.
Une ascension fulgurante
Originaire de Montreuil, en Seine-Saint-Denis, Werenoi s’était imposé ces dernières années comme une figure montante du rap français. Son style mêlait une authenticité brute à une mélancolie chargée d’images de rue, d’errance et de résilience. Très influencé par la réalité des quartiers populaires, il s’était fait connaître avec des titres comme La League, Mistral ou encore Telegram, aux millions de vues sur YouTube.
Son premier album, Carré, paru en 2023, avait marqué un tournant dans sa carrière. Encensé par la critique et adopté par un public fidèle, il témoignait d’une maturité artistique rare, entre confession et déclaration de force. En 2024, il atteint un sommet ; numéro 1 des ventes d’albums en France, preuve de sa popularité grandissante et de l’impact de sa musique bien au-delà des cercles du rap.
En un temps record, Werenoi avait su fédérer autour de lui une génération en quête de repères, qui voyait dans ses textes un miroir brut de leur propre vécu.
Une mort brutale, un choc général
Le drame s’est produit dans la soirée du 16 mai 2025. Alors que l’artiste s’apprêtait à monter sur scène dans une salle parisienne, il a été victime d’un malaise soudain. Transporté d’urgence à l’hôpital après un arrêt cardio-respiratoire, il n’a pas pu être réanimé. La nouvelle de son décès a été confirmée quelques heures plus tard par son producteur Babs sur les réseaux sociaux : « Mon frère, mon ami, mon artiste… Repose en paix. On ne t’oubliera jamais. »
Ce choc a immédiatement suscité une vague d’émotion sur les réseaux sociaux. De nombreux artistes, dont SCH, Dinos, Gazo ou encore Ninho, ont salué la mémoire d’un « soldat du rap », rappelant la place singulière qu’occupait Werenoi dans le paysage musical français. Les hommages de fans se sont multipliés, mêlant tristesse, colère et incompréhension.
Le poids invisible de la pression
Au-delà de la perte humaine et artistique, la disparition de Werenoi soulève une question de fond, celle de la pression psychologique et physique que subissent de nombreux artistes dans l’industrie musicale. Enchaînement de concerts, exigences commerciales, sollicitations médiatiques, pression sur les chiffres… Le rythme imposé par le succès peut se révéler meurtrier pour des corps et des esprits déjà marqués par des parcours de vie souvent difficiles.
Certains témoignages font état d’un état de fatigue avancée chez le rappeur, quelques jours avant le drame. Rien n’a été officiellement confirmé quant à la cause exacte de la crise cardiaque, mais la possibilité d’un surmenage ne peut être exclue. Dans un secteur où l’image de virilité, de résistance et de contrôle est omniprésente, parler de fragilité reste encore un tabou.
Cette tragédie ravive des souvenirs douloureux, celle de Népal en 2019, de Moha La Squale hospitalisé en 2021, ou encore de nombreux artistes américains emportés prématurément, à l’instar de Juice WRLD ou Pop Smoke. La santé mentale et physique des artistes n’est plus un sujet secondaire : elle devient une urgence collective.
Voix rauque, écriture directe
Si Werenoi laisse derrière lui une discographie encore jeune, elle n’en reste pas moins marquante. Son écriture directe, sa voix rauque et son sens du storytelling l’avaient rapidement placé dans la catégorie des rappeurs à suivre. À travers ses morceaux, il racontait les parcours cabossés, les rêves de grandeur et les blessures silencieuses. Il chantait la rue sans folklore, avec lucidité et fidélité.
Au moment de sa mort, il travaillait sur un deuxième album annoncé comme plus introspectif, avec des collaborations inédites. Ce projet, s’il voit le jour, viendra compléter une œuvre qui, bien que brève, résonne déjà comme un témoignage générationnel.
Pour beaucoup, Werenoi n’était pas simplement un rappeur. Il incarnait une parole crue mais poétique, un regard sans complaisance sur les marges, un refus de l’aseptisation. Sa musique survivra, portée par une jeunesse qui s’y reconnaît.