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Vladimir Poutine, le carton jaune des candidats à la Présidentielle française

L’érosion dans les sondages des trois principaux concurrents d’Emmanuel Macron à la Présidentielle d’avril prochain, qu’il s’agisse de Marine Le Pen et d’Eric Zemmour à l’extrême droite et de Jean Luc Mélenchon à gauche, semble très largement due à leur proximité, voire leur complaisance, avec le président russe Vladimir Poutine

Le 1er mars à l’Assemblée Nationale française, Jean-Luc Mélenchon participe au débat suivant le discours de Jean Castex, Premier ministre, relatif à la décision de la Russie de faire la guerre à l’Ukraine

Même le traditionnel et fameux Salon de l’Agriculture qui se tient chaque année à Paris porte de Versailles a été parasité par le conflit en Ukraine qui fait exploser les prix des matières premières agricoles. Résultat, les Français bouffent de l’Ukraine matin, midi et soir. L’irruption de la politique étrangère dans la Présidentielle, une première depuis la guerre d’Algérie, bouleverse les règles du jeu et posse certains candidats à un soudain recadrage de leurs positions sur la Russie de Poutine. 

Dégâts collatéraux

Largement en tète, Emmanuel Macron est conforté dans son avance par un récent sondage publié le samedi 5 mars et passe la barre des 30 % d’intentions de vote, loin devant Marine Le Pen et Eric Zemmour. Les frères ennemis de la droite nationaliste se voient  attribuer respectivement 14,5% et 13% des électeurs, un tassement incontestable. La guerre en Ukraine avec son cortège de réfugiés, de bombardements, de menaces nucléaires et d’effroi, a pris à revers Le Pen et Zemmour. Lesquels défendaient jusqu’à présent les positions de Vladimir Poutine sur le dossier ukrainien. Pas un commentateur à Paris qui n’impute la stagnation de l’extrême droite dans les sondages à leur idolâtrie en faveur du Tsar russe.

Avec 12% des électeurs dans les plus récents sondages et une progression lente dans les votes, le candidat de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon, est parvenu à colmater les dégâts collatéraux de sa proximité avec la Russie. C’est que l’ancien sous ministre de Mitterrand s’essaie, entre l’impérialisme américain et l’impérialisme russe, à une des « synthèses molles » dont François Hollande avait le talent et que lui, Mélenchon, avait en horreur.

« Je ne suis pas du camp de Poutine. Je suis du coté de la France » Eric Zemmour

Zemmour droit dans ses bottes russes

Lors de son meeting à Toulon, ce dimanche, 6 mars Eric Zemmmour a mis quelques bémols à son soutien constant à Vladimir Poutine: « Je ne suis pas du camp de Poutine. Je suis du coté de la France ».

Cette prise de distance tardive ressemble fort à l’hommage du vice à la vertu. Eric Zemmour n’a jamais cessé de chanter les louanges de la Russie de Poutine en tordant la réalité historique, une seconde nature chez lui. Jugeons en par quelques citations choisies:  

-Le 25 février 2014 sur CNews: « L’Ukraine n’existe pas. Un pays de bric et de broc ».

-En septembre 2016, dans son livre « un quinquennat pour rien »: « Poutine est le dernier résistant à l’ouragan du politiquement correct, qui parti d’Amérique, détruit toutes les structures traditionnelles, famille, religion, patrie ».

-Le 18 septembre 2018 dans l’Opinon: »Je rèverais d’un Poutine français, mais il n’y en a pas ».

-Le 9 février 2022, sur Europe 1: « J’avoue que je ne crois pas à l’invasion de l’Ukraine, mais je n’y crois pas ».

Disons qu’Eric Zemmour appartient bien au camp de la France si elle est un clone de la Russie de Poutine.

« On juge Poutine avec nos normes qui sont des normes occidentales » Marine le Pen

Léger recentrage pour Marine le Pen

Marine le Pen avait été reçue par Vladimir Poutine lors de la campagne présidentielle de 2017. En 2014, le Rassemblement National qui ne trouvait aucun établissement ancaire en France avait eu recours à un prêt russe de neuf millions d’euros, qu’il est toujours en train de rembourser.

Aujourd’hui encore on ne peut certes pas classer Marine le Pen, même recentrée,  parme les ennemis les plus féroces de Vladimir Poutine. Interrogée pour savoir si, comme le Premier ministre britannique Boris Johnson, elle qualifierait Vladimir Poutine de « dictateur », elle a parlé de « régime autoritaire, historiquement », remarquant qu' »on juge avec nos normes qui sont des normes occidentales ».

Est-il un « tueur » comme l’a dit le président américain Joe Biden ? « Tous ces adjectifs ne régleront pas la situation. La Russie est une grande puissance, une grande puissance nucléaire, et elle est sur notre continent, c’est donc à nous de trouver les solutions pour vivre avec », a fait valoir Marine Le Pen.

Pour autant et face au déferlement des centaines de milliers de réfugiés qui émeuvent l’opinion publique française, la candidate d’extrème droite qui a toujours fait de la lutte contre l’immigration un de ses chevaux de bataille, a estimé qu’il faut « bien sûr » accueillir, « sous l’égide du Haut commissariat aux réfugiés » des Nations unies, les réfugiés ukrainiens qui souhaiteraient venir en France, car « il faut respecter la Convention de Genève ».

Jean Luc Melenchon l’équilibriste

À un peu plus d’un mois d’une présidentielle percutée par la guerre en Ukraine, la manifestation parisienne de soutien aux Ukrainiens, le samedi 5 mars,  a réuni, comme on s’y attendait, les candidats socialiste et écologiste à la Présidentielle, Anne Hidalgo et Yannnick Jadot. Plus surprenant, on découvrait ,derrière une banderole jaune et bleu proclamant leur « soutien à la résistance ukrainienne », le représentant de Jean Luc Mélenchon. Lequel est connu pour ses positions pro russes en Ukraine ou encore en Syrie, où le candidat des « Insoumis » avait mis sur le même plan les bombardements russes à Alep contre l’ensemble des opposants à Assad et les raids « nord-américains et français » ciblés contre les seuls djihadistes. 

Face aux scuds que lui lancent Hidalgo et de Jadot, Jean Luc Mélechon cherche à tout prix à susciter un vote utile à gauche en sa faveur. Ce qui vaut bien un sérieux virage sur l’aile. C’est ainsi que dans un meeting, ce dimanche 6 mars à Lyon, le candidat des « Insoumis », connu pour sa créativité conceptuelle, a mis en avant « son non alignement » dans le dossier ukrainien. Jean Luc Mélenchon a affirmé q’il pourrait même se retrouver aux cotés du chef de l’état, Emmanuel Macron, dans certains de ses efforts pour trouver une solution diplomatique.

L’Union sacrée? Pas vraiment, pas encore! Mais la fuite en avant de Vladimir Poutine est parvenue, par sa folie meurtrière, à redonner un peu de mesure au débat politique français.  

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