Acquitté par le tribunal correctionnel de Genève en mai 2023, le prédicateur a été condamné en appel à trois ans de prison, dont un an ferme. Les faits qui lui sont reprochés remontent à 2008.
Ian Hamel (à Genève)
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Pour la première fois depuis 2017, date de la première plainte pour viol en France, Tariq Ramadan est reconnu coupable. Pour la victime, appelée “Brigitte“, il s’agit d’un très long et très douloureux combat. Depuis le dépôt de sa plainte en 2018, elle n’a jamais cessé d’être insultée et menacée par des proches du prédicateur. Dans son livre « Devoir de vérité », paru le 11 septembre 2019, Tariq Ramadan n’hésite pas à écrire : « Dans l’entourage proche de Brigitte, on cite le motif premier de l’argent : des individus l’auraient poussée à agir ainsi contre une importante rétribution » (1).
Le petit-fils d’Hassan al-Banna, le fondateur des Frères musulmans en Égypte, n’a jamais changé de ligne de défense : il serait victime d’un effroyable complot. Depuis 2023, il accuse même les Émirats arabes unis d’avoir payé des femmes pour nuire à sa réputation. Dans son réquisitoire du 7 mars 2024 le parquet de la cour d’appel de Paris a déjà souligné qu’ « aucun élément ne vient corroborer la thèse du complot en permanence rappelée par Monsieur Ramadan ». Les magistrats suisses n’ont pas non plus retenu une quelconque conjuration. D’autant qu’à Genève, Tariq Ramadan fait aussi l’objet d’un rapport particulièrement accablant concernant son comportement lorsqu’il était professeur de français dans un collège, de 1984 à 2004.
L’étrange soutien de Dieudonné
En octobre 2008, “Brigitte“, convertie à l’islam, est une admiratrice du prédicateur. Celui-ci lui donne rendez-vous dans un hôtel. Il trouve un prétexte pour la faire venir dans sa chambre. La jeune femme va alors subir une « nuit d’horreur ». Tariq Ramadan ne se contente pas de la violer, il va la frapper, l’insulter à de multiples reprises. Un comportement tout à fait semblable à celui que décrivent ses autres accusatrices en France. En mai 2023, le tribunal correctionnel de Genève avait acquitté Tariq Ramadan. Pour l’occasion, l’ancien professeur à Oxford avait reçu le soutien inattendu de “l’humoriste“ Dieudonné Mbala N’Bala, qui, sans être témoin de rien, savait que Ramadan était innocent…
La chambre pénale d’appel et de révision de Genève « a retenu que plusieurs témoignages, certificats, notes médicales et avis d’experts privés concordent avec les faits dénoncés par la plaignante ». Condamné à trois ans de prison dont un an ferme (le procureur avait demandé trois ans dont dix-huit mois ferme), Tariq Ramadan devrait recourir au Tribunal fédéral, l’équivalent de la Cour de cassation. En France, accusé de trois viols, le prédicateur n’a toujours pas été jugé.
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