Souleymane Gbagbo Koné, le cyberactiviste ivoirien menacé d’expulsion de France

Souleymane Gbagbo Koné, le cyberactiviste ivoirien qui milite au Parti des peuples africains (PPA-CI) de Laurent Gbagbo a été renvoyé, mardi, au centre de rétention de Paris et risque d’être renvoyé en Côte d’Ivoire en raison d’une procédure d’Obligation de quitter le territoire français (OQTF) qui pèse sur lui. Au grand plaisir des militants du parti au pouvoir qui ne supportent pas ses prises de position contre le régime d’Abidjan.

Correspondance à Abidjan, Bati Abouè

Tout doucement et malgré la très forte mobilisation de la diaspora ivoirienne de Paris, Souleymane Gbagbo Koné est en train de vivre ses derniers jours en France. Renvoyé au centre de rétention alors que le juge des libertés avait accepté, le mardi 4 mars, de le laisser libre avec assignation à résidence, le temps pour lui de répondre à la convocation de régularisation prévue le 17 septembre prochain, tout s’est finalement précipité après l’appel du procureur de la République.

Souleymane Koné alias Gbagbo a donc dû d’abord retourner au centre de rétention pour quarante huit heures supplémentaires en attendant son procès devant la chambre d’appel de Paris. Puis, manque de chance, celle-ci ayant cassé la décision du juge des libertés et renvoyé l’ivoirien audit centre, il se retrouve en instance d’être extradé. Enfin, la Préfecture a désormais 26 jours en collaboration avec l’ambassade ivoirienne pour s’assurer de son retour en Côte d’Ivoire.

Influenceur et oppposant

Tout ceci n’aurait jamais été possible si l’ivoirien, militant du PPA-CI, n’était pas devenu, en arrivant en France, coutumier de vidéos très hostiles au pouvoir ivoirien. Sa dernière sortie consacrée à l’accueil mitigé d’Emmanuel Macron par Donald Trump aux Etats-Unis a fait plus de 1,3 million de vues sur ses différents réseaux sociaux. Son audience a dépassé les 500 000 abonnés.

Pourtant, très peu d’informations permettent de remonter le cours de sa vie. Ce que l’on sait en revanche, c’est que Souleymane Koné, alias Gbagbo, est un ressortissant du nord de la Côte d’Ivoire. Et comme la plupart des jeunes de cette contrée, il a d’abord milité au Rassemblement des républicains (RDR), le parti créé pour l’opposant Alassane Ouattara en 1994. Puis lorsque le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) est porté sur les fonts baptismaux, il y milite activement.

Sauf que Gbagbo Koné va être déçu. Sa situation sociale ne s’améliorant pas, il chosit de militer pour celui qu’il avait combattu, en l’occurrence Laurent Gbagbo, l’ancien président. D’ailleurs, signe de sa renaissance militante, il se fait désormais appeler Gbagbo qui sera son nom de cyberactiviste.

La protection de l’épouse de Gbagbo

Il y a pourtant sept ans, personne ne le connaissait. Souleymane Gbagbo Koné a en effet une trentaine d’années lorsqu’il décide de quitter la Côte d’Ivoire. Direction de la France où malgré une dangeruse traversée de l’Atlantique, il arrive en France sa jeune fiancée. Alors comme la plupart des réfugiés, le couple est receuilli dans un hôtel où il bénéficie du strict minimum.

Commence alors la vie de sans-papier. Souleymane Koné, lui, trouve rapidement sa voie dans l’activisme politique sur les réseaux sociaux. Ses amis qui l’ont précédé en France l’ont en effet convaincu que c’est le seul moyen de décrocher un statut de réfugié politique. Dès lors, Gbagbo Koné va corser ses critiques dirigées contre le pouvoir ivoirien.

L’activiste fit la rencontre de la nouvelle épouse de Laurent Gbagbo, Nadiany Gbagbo, grace à laquelle il endosse le costume d’homme politique, anime des meetings, joue aussi parfois au journaliste, sans tenir compte à quel point sa situation irrégulière au regard du droit français est précaire. Une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF) pesait sur lui. Le mercredi 26 février, sa vie bascule. Il est arrêté par des policiers encagoulés au bas de son immeuble à Villneuve-Saint-Georges. Ces derniers finissent par le maîtriser et l’amènent au commissariat du 12è arrondissement de Paris. Il passera sa première nuit au centre de rétention de Paris jusqu’à son procès. Puis, de nouveau après l’appel du procureur de la République.

La menace d’extradition

Grâce à ses avocats, l’influenceur espère encore convaincre les autorités françaises de ne pas l’extrader en Côte d’Ivoire. Les activistes proches du pouvoir ivoirien lui ont d’ailleurs promis de lui faire payer toutes « les insultes » proférées contre le président de la République ivoirien. 

Mais Souleymane Gbagbo Koné peut également demander à être renvoyé dans un autre pays que le sien. Et, pour l’heure, les pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) et particulièrement le Burkina Faso seraient prêt à l’accueillir. Une juste récompense? Souleymane Gbagbo Koné a toujours montré de la bienveillance pour les militaires au pouvoir dans ces pays du Sahel en pauvais termes avec Abidjan.