En confirmant, jeudi 4 janvier, la condamnation d’Ousmane Sonko à six mois de prison avec sursis pour diffamation à l’encontre du ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang, la Cour d’appel de Dakar pourrait mettre fin aux ambitions présidentielles de l’opposant sénégalais contraint, au moins sur le terrain judiciaire, de dire adieu au scrutin présidentiel du 20 février prochain.
Il faudrait un miracle! Ou une Révolution. Alors que le conseil constitutionnel sénégalais qui débute, ce vendredi, ses délibérations sur la validité des parrainages réunis par chaque candidat à l’élection présidentielle du 25 février prochain et prévoit d’analyser, ce même jour, ceux d’Ousmane Sonko, la Cour suprême de Dakar a fait tomber, jeudi 4 novembre, tout suspens autour de l’éligibilité de l’opposant. Sonko, 49 ans, avait été condamné, en mars 2023, à deux mois de prison avec sursis, ainsi qu’à une amande de 200 millions de FCFA pour avoir publiquement accusé le ministre du tourisme Mame Mbaye Niang d’avoir été épinglé dans un rapport de l’Inspection générale d’État pour des détournements présumés.
Cette condamnation avait suffi à mettre un terme aux ambitions présidentielles de M. Sonko, éreinté par une saga judiciaire qui avait débuté par son inculpation pour mauvaises mœurs, puis pour corruption de la jeunesse et atteinte à la sûreté de l’Etat et, enfin, pour vol de portable.
Les rues sénégalaises s’étaient alors embrasées pendant de longs mois, en déstabilisant le président sortant Macky Sall dont le silence a parfois laissé présager qu’il se représenterait, à renoncer officiellement à briguer un troisième mandat. Mais derrière, l’administration Sall avait largement instrumentalisé la justice contre M. Sonko, arrivé en troisième position, lors de la présidentielle de 2019 avant de devenir en l’espace de quelques années, la figure politique de la rupture d’avec la France.
Début décembre, le tribunal de grande instance avait pourtant rallumé l’espoir des partisans de Sonko autorisé à être sur les listes électorales. Mais les avocats de l’Etat avaient fait appel. Pour les contrer, les avocats d’Ousmane Sonko – 13 au total – ont demandé la Cour suprême de se dessaisir de l’affaire en faveur du Conseil constitutionnel et proposé une cassation de l’arrêt du 8 mai, en raison de nombreux vices de procédure, notamment une citation à comparaître que leur client n’aurait pas reçue. Mais la Cour d’appel ne les a pas suivis en dépit du fait que ces arguments ont été largement repris par l’avocat général qui s’est montré favorable à une cassation de la condamnation. « Je suis très déçu. Tout le monde a suivi les réquisitions du ministère public, et ces réquisitions tendaient à la cassation totale de tout l’arrêt pour des manquements graves à la loi », a regretté Me Ciré Clédor Ly, l’un des avocats de Sonko.
Cette dernière vis de la Cour d’appel jette un voile opaque sur les ambitions d’Ousmane Sonko, faute de temps. L’élection présidentielle est en effet prévue dans un mois et pour ne pas tout rater une coalition Diomaye qui porte la candidature de Bassirou Diomaye Diakhar Faye, un des proches d’Ousmane Sonko, a vu le jour. Depuis sa cellule, M. Sonko a validé cette candidature destinée à limiter les dégâts et à faire le deuil de la candidature du jeune chef historique du Pastef, les Patriotes.