Reza Pahlavi, le fils du Shah, appelle au soulèvement

Alors que l’Iran vacille sous les frappes israéliennes et les tensions internes, une voix oubliée s’élève avec force : celle de Reza Pahlavi. Le fils de l’ancien shah d’Iran appelle au soulèvement national. L’opposition exilée n’a jamais été aussi crédible.

Le 17 juin 2025, une vidéo est diffusée en direct sur plusieurs chaînes satellitaires, depuis Londres, Paris et Washington. On y voit Reza Pahlavi, en costume sobre, calme, déterminé. D’un ton clair, il lance cet appel : « Il suffit maintenant d’un soulèvement national pour mettre fin à ce cauchemar.»

Dans un contexte de guerre ouverte entre l’Iran et Israël, cette intervention surprend autant qu’elle frappe. Car pour la première fois depuis 45 ans, une figure monarchiste appelle à la chute du régime des mollahs non depuis l’exil symbolique, mais dans une optique de transition organisée.

Un appel structuré, inédit depuis 1979

Reza Pahlavi ne se contente pas de lancer un cri de ralliement. Il développe un plan :

  • Il appelle à des manifestations coordonnées à Chiraz, Tabriz, Bandar Abbas et Zahedan, quatre villes à haute charge symbolique.
  • Il invite les fonctionnaires, policiers et militaires à se désolidariser du régime.
  • Il affirme que « les groupes d’opposition ont préparé un plan de transition » pour les 100 premiers jours après la chute du régime.

Et surtout, il promet : « Il n’y aura pas de guerre civile. »

C’est la première fois que l’opposition monarchiste adopte un ton aussi opérationnel. Ce n’est plus une nostalgie. C’est une proposition politique active.

Un timing de crise, une occasion stratégique

Ce discours ne tombe pas dans le vide. Il survient dans un moment de fragilité extrême du pouvoir iranien :

  • Khamenei est peut-être désinformé, comme l’ont montré les incohérences de ses discours.
  • La hiérarchie militaire est décapitée.
  • Le réseau régional d’alliés (Hezbollah, milices chiites) est désorganisé.
  • La peur s’installe à Téhéran, où les sirènes d’alerte retentissent parfois plusieurs fois par jour.

En parallèle, le mécontentement populaire explose. Des coupures d’électricité prolongées, la fermeture d’écoles, la disparition d’essence et de médicaments. Et dans les grandes villes, la rumeur d’un changement de régime devient audible. C’est dans ce vide stratégique que s’engouffre la voix de Reza Pahlavi.

Le régime désorienté, la société sous tension

Depuis le début du conflit, les autorités iraniennes ont suspendu partiellement internet. L’application WhatsApp est dénoncée par le pouvoir comme « outil d’espionnage israélien », et plusieurs journaux indépendants ont été fermés.

Mais le régime peine à contrôler la rue. Des rassemblements spontanés ont été signalés à Ispahan et à Mashhad, réprimés dans le silence. Et surtout, plusieurs chaînes de télévision iraniennes ont été piratées.

Selon Iran International, seul le signal satellite a été affecté – un indice fort d’une opération extérieure coordonnée. Les messages diffusés appelaient à la révolte :
« Descendez dans la rue. Reprenez votre pays. »
Ce sabotage informationnel, couplé à l’appel de Pahlavi, forme une offensive psychologique inédite.

Même au sein de l’armée, des fissures apparaissent. Des officiers supérieurs, liés aux unités désormais décapitées, font part de leur mécontentement face au commandement central. Certains évoquent l’idée qu’une guerre mal préparée les a jetés dans l’abîme.

Des fuites sur les réseaux sociaux laissent entendre que des unités régionales refusent d’exécuter certaines mobilisations, notamment dans les zones kurdes et baloutches. Loin d’un soulèvement organisé, mais assez pour affaiblir le pilier de la répression.

 

Le facteur Reza Pahlavi : une légitimité ambivalente

Pendant des décennies, Reza Pahlavi a incarné une figure de l’exil nostalgique, davantage symbolique qu’opérationnelle. Mais en 2022, lors du mouvement « Femme, Vie, Liberté », sa posture a évolué. Il s’est présenté non comme roi, mais comme passeur de transition, plaidant pour une démocratie parlementaire.

Aujourd’hui, en 2025, il capitalise sur :

  • Le vide d’alternative crédible à l’intérieur du pays.
  • La défiance envers l’opposition islamiste en exil.
  • L’usure radicale du pouvoir clérical.

Dans plusieurs villes iraniennes, des slogans pro-Pahlavi réapparaissent sur les murs. À Zahedan, des vidéos montrent des jeunes brandissant son portrait. Le mouvement reste marginal, mais il gagne en visibilité.

 

Washington observe. Téhéran tremble.

Les États-Unis, eux, n’ont pas réagi officiellement. Mais selon Politico, plusieurs think tanks proches de l’administration Trump recommandent désormais d’« intégrer l’opposition monarchiste à toute hypothèse de transition ». Pour la première fois, le nom de Reza Pahlavi est évoqué dans des cercles de décision.

À Téhéran, en revanche, les officiels dénoncent une tentative de « restauration impérialiste ». Les Gardiens de la Révolution publient un communiqué alarmiste :
« Toute insurrection sera traitée comme une invasion. »

Mais l’usage du mot « insurrection » en dit long. Car il traduit une peur réelle.

 

Vers une opposition organisée ?

L’enjeu désormais est de savoir si cette effervescence peut se transformer en mouvement. Trois éléments pourraient faire basculer la situation :

  1. Un appel ouvert de l’intérieur (universitaires, artistes, religieux) à rejoindre le mouvement.
  2. Un appui discret de certaines branches de l’armée, notamment les forces régulières non idéologisées.
  3. Un soutien occidental coordonné, sans interférence brutale.

Pour l’instant, aucun de ces trois facteurs n’est atteint. Mais tous sont en gestation.

 

La monarchie, ou simplement la République post-islamique ?

Reza Pahlavi n’appelle pas à restaurer la monarchie absolue. Il évoque une République libre, où la mémoire de son père ne serait pas un modèle, mais un point de départ. Il dit vouloir « servir », non « régner ».

Ce discours fait mouche auprès d’une génération née après 1979, qui n’a connu que les mollahs. Pour eux, la monarchie n’est pas un souvenir : c’est une projection d’avenir plus que de passé.

Reza Pahlavi n’est pas encore un acteur déterminant. Mais il n’est plus un fantôme politique. Il est désormais une voix crédible, structurée, visible, capable d’incarner l’après.

Le fait qu’il parle aujourd’hui de logistique, de transition, de garanties pour les institutions — et non plus de vengeance ou de revanche — change tout.

Face à un régime en guerre, désorganisé et peut-être désinformé, l’alternative monarchiste n’est plus marginale. Elle entre dans le champ des possibles. Et dans un pays où le réel est devenu insupportable, le possible, parfois, devient réel.