Les noms de Rachida Dati, ministre démissionnaire de la Culture du gouvernement de Gabriel Attal, et de Manuel Valls, l’ancien Premier ministre socialiste de François Hollande qui a évolué très à droite sur l’échiquier politique, circulent ce mercredi pour prendre le poste de ministre des affaires étrangères dans le gouvernement de Michel Barnier.
Le Premier ministre est à la recherche de personnalités politiques pour constituer son gouvernement. Et d’après les informations de RTL, Les Républicains auraient communiqué une première liste de noms à Emmanuel Macron, ce mardi 17 septembre, dans laquelle figurerait ces quatre ministres sortants : Rachida Dati, Catherine Vautrin Sébastien Lecornu et Sarah El Hairy.
La nomination de Rachida Dati en 2007 au poste régalien au poste de ministre de la justice avait été une première dans l’histoire publique de cette génération issue de l’immigration qui s’est imposée à force de talent, de culot et d’énergie. Une formidable transgression. Porte parole de la campagne présidentielle de Sarkozy, cette avait montré sa capacité à jouer un mélange inimitable de tigresse des plateaux de télé et de Cendrillon des banlieues perdues.
Disons qu’en janvier 2024, sa capacité à mordre et aussi le soutien de Brigitte Macron ont valu à cette admiratrice de Michel Sardou cette nomination, à priori improbable, comme ministre de la Culture du gouvernement Attal. Si son nom est apparu en début de semaine pour une possible promotion aux fonctions de ministre des Affaires Étrangères du gouvernement Barnier, c’est en raison du lobbying qu’a fait Gabriel Attal en faveur d’une telle nomination. L’ambitieux ex chouchou d’Emmanuel Macron souhaiterait en effet que Rachida Dati, ainsi promue à un poste régalien, renonce à briguer la mairie de Paris et lui laisse le champ libre. Ce n’est un secret pour personne que Gabriel Attal rêve de devenir le maire de la capitale française.
Toujours un scud prêt
Rachida cibla, un soir, l’entourage du candidat Sarkozy: « Regardes-les, regardez les comme ils sont collés à lui. Tu tues ta mère pour être assis à coté de lui ». Emmanuel Macron et Michel Barnier sont prévenus. Rachida Dati qui joue toujours le coup d’après peut poignarder demain le Président de la République après l’avoir cajolé aujourd’hui. « Vous me faites penser à une gouttelette d’eau glissant sur une toile cirée qui poursuivait inexorablement son chemin sans se soucier de l’obstacle », écrivait le journaliste Gilles Gaetner dans un joli livre en forme de lettre ouverte.
Il faut une génération, disent les Anglais, pour devenir riche et trois générations pour pour devenir un gentleman. Chez Rachida Dati, le temps presse. La soif de reconnaissance l’emporte sur les codes imposés qu’elle connait parfaitement. Dans une étonnante schizophrénie, cette fille d’immigrés algérien et marocain se montre toujours prête à dénoncer l’immigration clandestine et le communautarisme des banlieues. Elle n’a pas hésité à faire adopter, place Vendôme, les lois les plus répressives que la République ait jamais connues en matière de peines planchers ou de rétention de sûreté. La surprise qu’on nous a promis pour cette rentrée, la voici: Rachida Dati, parfaitement en phase avec le nouveau centre de gravité réactionnaire de la Macronie, « rejoint » un camp qui est idéologiquement le sien depuis belle lurette.
Sous le « beurgeois », perce le lascar, formaté par l’école de la rue. À moins qu’il ne s’agisse du héros malicieux de la tradition méditerranéenne, ce malin qui parvient toujours, par l’usage de la ruse et l’intelligence des rapports de force, à parvenir à ses fins, comme Sindbad le marin, ou à retomber sur ses pieds, tel Ulysse. Un sens de la répartie aiguisé, un génie de la frime, le gout de la provocation, la duplicité affichée, un sourire aux lèvres et un certain mépris dans le regard: voici les qualités que possède Rachida Dati, dont le Président français pense pouvoir compter face à l’extrême droite et dont manque cruellement une classe politique atone.
Une parcours romanesque
Sans ouvrir vraiment les portes du pouvoir à la génération issue de l’immigration, Emmanuel Macron a toujours utiliser tous les talents de la République! Le soutien de l’Élysée à un Alexandre Benalla éruptif et sulfureux en avait étonné plus d’un. Le parcours actuel de Rachida Dati, revenue au centre du jeu politique, a montré à quel point ce bon élève qu’est Macron sait faire confiance aux cancres les plus doués de la classe.