Quelques 300 maliens tués à Moura: la Minusma aux abris

L’armée malienne se félicite d’avoir obtenu une victoire éclatante en « neutralisant » officiellement 203 djihadistes dans la commune de Moura au centre du pays, en fait au moins 300, dont de nombreux civils non engagés politiquement. .

Selon des sources de Mondafrique, il y aurait au moins le double de morts et les FAMA n’auraient fait aucune distinction entre civils et groupes armés. Libération confirme ce dernier point en rapportant dans son édition en ligne du 3 avril : «  Pendant cinq jours de blocus, jusqu’au jeudi 31 mars, le village de Moura a vécu une campagne de terreur. Les premiers témoignages des rescapés dénoncent des exactions répétées : arrestations, pillages, vols, viols et exécutions sommaires. »

Les troupes de la Minusma inertes

Alors que la base de mission des Nations unies au Mali (Minusma) de Mopti n’est distante que de 48 km de Mourra, les casques bleus ne sont pas intervenus. Ce n’est que le 2 avril, que l’organisation s’est exprimée sur son compte twitter : « La MINUSMA est informée des confrontations entre les FAMa et des groupes extrémistes à Mourrah, Cercle de Djénné. Elle est très préoccupée par les allégations de violences survenues contre des civils. Elle condamne toute violence contre les civils. »

La force de maintien de la paix poursuit dans une langue de bois peu glorieuse: « La Minusma est en concertation avec les autorités maliennes pour établir les faits et les circonstances et avoir une action permettant de répondre aux besoins immédiats, y compris sécuritaires, des communautés affectés. » Un peu court, pour une organisation dont la principale mission consiste à protéger les populations.

A la décharge de la Minusma, il semble que son travail soit rendu difficile par les autorités maliennes qui lui refusent l’accès et le survol de certains territoires. Cependant, cela ne justifie pas une telle inaction et un tel silence pendant toute la durée des massacres.  

 

 

 

 

Article précédentAprès la guerre d’Ukraine, la guerre du Gaz !
Article suivantUn documentaire France 3 sur Marseille, cité rebelle
Nicolas Beau
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)